Les discours d’Eric Zemmour, Zineb el Rhazoui et Alain Finkielkraut subissent les attaques virulentes d’une nouvelle inquisition.
J’apprécie la corrida. C’est un art que je ne saurais comparer qu’à l’opéra. Les deux ont, pour moi, le magique pouvoir de nous offrir des émotions inoubliables, parfois sublimes. Mais cette passion, seuls les aficionados peuvent la comprendre. Et je respecte la position des « anti-corrida ». D’autant que je suis persuadé que les vrais « anti-corridas » ont l’intelligence de respecter les aficionados.
Zemmour, Zineb, Finkie entrent dans l’arène
Mais il est une opposition beaucoup plus radicale et violente à ce rituel, et qui appartient d’évidence à l’envahissante famille du « politiquement correct ». C’est la même idéologie qui, à mon sens, pousse à l’interdiction d’antenne d’un polémiste aussi nécessaire qu’Eric Zemmour.
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La corrida c’est mal parce qu’on ose mettre à mort un animal. Ce qui se passe dans les abattoirs ne gêne personne dans la mesure où cela se passe silencieusement, et que nul n’a besoin de l’assumer vraiment pour se taper un bon beefsteak. Mais que la bête et l’homme s’affrontent, et que le sacrifice soit assumé en un rituel public, mystérieux et solennel… quelle horreur !
Eric Zemmour se fait charger
Zemmour (qu’il me pardonne ce rapprochement) c’est comme la corrida. Il dit des choses qui ne se disent pas même si beaucoup les pensent, il pose des questions que l’on ne doit poser que dans le secret des conversations familiales, il ose avoir des opinions tranchées, et il les assume sans honte. Personne n’est obligé de partager ses positions, sa vision du monde et de l’histoire. Mais que serait le débat public sans des polémistes aussi remuants ? Réjouissons-nous plutôt qu’il existe encore des gens pour avoir son courage. Ceux qu’effarouche la mort du taureau comme ceux qui se pâment d’indignation au moindre propos du journaliste ne sont obligés ni d’assister à la première ni d’écouter le second.
Les indignés permanents sont toujours sur le qui-vive. Zineb el Rhazoui, autre héroïne contemporaine, ose dire que la police agressée dans une embuscade, un guet apens, devrait tirer à balles réelles. Scandale dans Landerneau, et même les animateurs télé les plus ouverts habituellement, comme Pascal Praud, se sont sentis obligés d’exprimer immédiatement une indignation morale. N’a-t-elle pas le droit de le penser, et d’exprimer une opinion qui, somme toute, semble tout à fait défendable eu égard à la situation ? Insultes, menaces de mort, appel au CSA… tout s’est mis en branle comme à chaque fois que quelqu’un ose transgresser les nouveaux codes imposés par le nouveau terrorisme intellectuel.
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Dernier exemple en date et qui cette fois-ci est vraiment le comble de la bêtise doublée de l’intolérance: l’indignation suscitée par les propos de Finkielkraut sur le viol. Il n’est que de se reporter à la séquence pour voir combien ses soi-disant appels au viol n’en sont absolument pas, et qu’on est juste dans un vif échange d’arguments basé sur une démonstration par l’absurde. Mais voilà que les « réseaux sociaux » grondent, que des députés LFI saisissent la justice… Tant d’aveuglement interroge, tant de rage inquisitoriale inquiète. Après l’ère du marxisme triomphant des années 50 à 80 qui jetait une chape de plomb sur tout ce qui osait penser hors de sa doxa, dans quelle nouvelle ère sommes-nous entrés ? L’ère d’une inquisition permanente menée par des gens incultes, sans mémoire et sans esprit, qui livrent des combats sans fin contre les moulins à vent de leurs obsessions purificatrices.
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Les marxistes au moins était d’un bon niveau culturel et intellectuel, même si l’histoire à montré qu’ils s’aveuglaient. Aujourd’hui n’importe quel indigné se prend pour un révolutionnaire. Plus besoin d’élaborer des concepts, de construire une dialectique ni de posséder des outils d’analyse. Quelques idées basiques suffisent à faire tourner la machine à brailler et à broyer : antiracisme, anticapitalisme pour les nuls, sans-frontièrisme, dévotion devant les pauvres, les sans-papiers ou les banlieues. Et si d’aventure on ose contester le bien fondé d’une position « gilet jaune » (ou une autre vache sacrée du même genre) c’est du mépris « de classe » bien sûr. On garde tout de même une petite teinture marxiste, qui en dit long.
Terrorisme intellectuel
Outre que toute position contestant la doxa suscite désormais très vite des menaces de mort, l’accusation la plus vicieuse parce que la plus déconcertante est bien celle du mépris.
Plutôt que d’argumenter en raison, on bascule tout de suite dans une position morale (et le mépris est en effet chose condamnable moralement). C’est ainsi que l’on pratiquait sous l’inquisition médiévale, sous la terreur du tribunal révolutionnaire, comme sous tous les régimes communistes !
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Il ne faut pas discuter une opinion contraire car c’est un obstacle à la glorieuse marche vers les lendemains qui chantent. Il faut éliminer celui qui la porte. L’argument du mépris de classe, c’est la même chose, il rend impossible toute discussion, voire il paralyse toute réflexion contradictoire.
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