On en a parlé. De Zemmour, de son Suicide français et des commentaires des commentaires qu’ils suscitent. Le journaliste du Figaro a accordé un entretien de neuf pages à Causeur. L’occasion de mettre sur la table tous nos différends, sans lyncher ni injurier personne. Sur le tapis, Elisabeth Lévy étale les nuances et francs désaccords qui nous opposent à Eric Zemmour. Comme le répète notre directrice de la rédaction, « nous avons tous été consternés par le court chapitre du Suicide français consacré à Vichy (…) même s’il n’affiche aucune sympathie pour Vichy, contrairement à ce qui est ânonné de toutes parts, Zemmour offre à ses ennemis un alibi en or pour évacuer les vérités embarrassantes qu’il agite sous leur nez » Plutôt que de nous boucher les narines, nous avons choisi la confrontation des idées, regrettant que « le vacarme causé par ces quelques pages a permis d’étouffer toutes les autres. » Quoi de mieux en effet qu’une polémique sur Vichy pour escamoter toutes les questions gênantes que pose ce trublion ? Immigration massive, démantèlement des protections sociales, perte de souveraineté du politique, les sujets d’inquiétude communs à Causeur et Zemmour ne manquent pas. Mais, ainsi que l’exprime la cheffe, « si nous partageons en partie sa nostalgie de la France d’avant, nous refusons son tout-ou-rien, qui consiste à jeter tous les bébés du Progrès avec l’eau du bain néo-progressiste. »
Le paradoxe de l’affaire Zemmour, si l’on peut nommer ainsi le gouffre béant qui sépare les éditorialistes de gauche des centaines de milliers de lecteurs d’un ouvrage supposément « raciste », « pétainiste », « facho », sinon « néo-nazi », c’est que ce condamné d’office trouve des alliés inattendus. Michel Onfray nous a confié partager une bonne partie du diagnostic zemmourien sur l’islam, le libéralisme et « l’état de décomposition du microcosme intellectuel parisien » sans épouser son conservatisme moral. Au réac qui entend abattre l’héritage de 68, le libertaire Onfray répond qu’il faut en cultiver les fruits anarchistes.
Egalement soucieux de séparer le bon grain de l’ivraie zemmourienne, Alain Finkielkraut dit toute sa peine de voir le roman national ébréché par le règne de l’individu-roi et le culte de la diversité. Mais il n’épargne pas Zemmour sur l’épineuse question de Vichy et le droit des femmes, que l’académicien défend mordicus. « Eric, laisse tomber les filles », conseille d’ailleurs Cyril Bennasar à notre invité du jour, qui met sa sagacité au service d’un modèle patriarcal suranné. Or, la libération sexuelle, ça a du bon aussi pour les hommes, dixit Cyril !
L’autre événement de ce numéro, c’est le retour de Basile de Koch, éprouvé par son « déménagement pour tous » mais toujours vaillant. Son expulsion éminemment politique de l’appartement qu’il occupait lui vaut la solidarité d’Elisabeth Lévy, ulcérée par la vindicte qu’exerce la mairie de Paris contre le couple Barjot-Koch. En exclusivité, vous pourrez admirer photos du déménagement et vous régaler de la chronique désopilante du président à vie de Jalons.
Moins poilant quoique assez piquant, notre dossier politique s’ouvre à Hayange, en pleine fête du cochon orchestrée par le maire frontiste Fabien Engelmann. Cette « reconquista par le cochon », qu’Antoine Menusier décrit méthodiquement, faits des mécontents au sein même du Front national, où les désaccords idéologiques sont légion. Si vous ne me croyez pas, lisez les témoignages que j’ai recueillis auprès des cadres du Front, tous unis derrière Marine Le Pen avec leurs idiosyncrasies respectives : libéraux, gaullistes, identitaires, au FN le repas se commande à la carte ! S’il est un mets que les lepénistes mangent tout cru, il s’appelle UMPS… Une hydre dont Patrick Devedjian nie l’existence dans nos pages, bien qu’il se félicite du grand consensus économique régnant de Valls à Juppé, comme dans toutes les démocraties d’Occident. Hélas, trois fois hélas, réplique en écho Maxime Tandonnet, l’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy en matière d’immigration. Droite et gauche se sont lamentablement vautrées dans le laisser-faire laisser-aller, raconte l’ex-homme du Président, fin observateur des rouages de l’Etat.
Dans ce numéro tout nouveau tout beau, à la maquette inédite signée Aymeric Dutheil, nous n’avons pas lésiné sur la substantifique moelle. Nos cent pages de moelle journalistique s’achèvent sur un dossier Sade autour de l’exposition que le musée d’Orsay consacre au divin marquis, sous la conduite éclairée d’Annie Le Brun. Allez zou, filez lire Causeur dans le boudoir !
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