S’il n’est pas encore candidat, il est déjà en campagne. Va-t-il peser électoralement ? Idéologiquement, c’est fait. A défaut d’un futur président, les Français ont-ils choisi un nouveau maître d’école ?
Je le crois sincère, même quand il a tort. Je le crois aussi trop artiste dans son portrait d’une France qui n’existe qu’en songe. C’est le malheur de son pays qu’il veut peindre, mais il ne fait que prédire ce qui a déjà eu lieu. Et il se contente jusqu’ici de s’affliger devant ce qui s’annonce. Le passé est sa seule utopie.
Quand on a une vocation de prophète, on doit savoir nommer les choses, et il faut faire peur. Zemmour y excelle. Tour à tour jovial et renfrogné, fier de sa suprématie, il ne se démonte pas, il impose sa subjectivité et son tempo, il se barbouille le visage d’un petit rire sacripant ; et il oppose à la sottise de ses adversaires ses propres outrances.
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Un homme sensible ? Son éviction de CNews l’a surpris et blessé plus qu’il ne le soupçonnait. Avec une tête philosophique embrumée par la rage, hissé sur son trépied comme la Pythie, Zemmour a été souverain dans cet exercice qui consiste à hurler : « Au feu ! » Quitte à simplifier.
Une sincérité acérée
D’où vient sa force de persuasion ? Las des incantations fourbues des politiques de tous bords, il dit ce qu’il pense, il pense ce qu’il dit, et il rugit quand ils bêlent. Déplaire, c’est déjà convaincre… À rebours d’un Péguy, d’un Mauriac, il peine à concilier l’excès et la nuance. Zemmour est avant tout
