Accueil Édition Abonné «La politique est l’ennemie du peuple»

«La politique est l’ennemie du peuple»

Grand entretien avec Eric Zemmour (1/2)


«La politique est l’ennemie du peuple»
Éric Zemmour © InitialesCK/Eléonore Lhéritier/Reconquête

Pour le président de Reconquête, la stratégie de dédiabolisation poursuivie par le RN revient à se soumettre à la gauche. L’urgence, c’est de mener le combat identitaire car « la France est assiégée par une civilisation étrangère » qui a notamment ravivé l’antisémitisme. Pour lui, la politique est une affaire trop belle et trop grande pour être confiée à des politiciens obsédés par les sondages.


On l’avait vu, au lendemain des européennes, passablement abattu par les trahisons. On le retrouve souriant, reposé, gourmand de rencontres et d’idées nouvelles. Après une dizaine de jours en Californie, où le gotha conservateur américain avait invité Sarah Knafo, son lieutenant et sa compagne, à une session de formation, j’ai rejoint le patron de Reconquête en Camargue, une région où il compte de fidèles partisans devenus de bons amis. Deux heures de natation par jour, des livres en pagaille, la presse dégustée dans la solitude matinale face aux vignes, la famille et les copains : alors que la dernière séquence a largement confirmé son diagnostic, il est prêt à en découdre, plus que jamais convaincu que la France est en danger. Il lui reste à prouver qu’il est celui qui peut la sauver. À supposer qu’elle veuille être sauvée •

Causeur. Avez-vous été touché par la grâce olympique ?

Éric Zemmour. Depuis mon enfance, j’aime le sport – je le regarde et je le pratique. Depuis 1968, je n’ai jamais raté les JO, ni la Coupe du monde de football. Je pourrais vous parler pendant des heures des JO de Mexico en 1968 avec la victoire de Colette Besson ! Je ne suis pas de ces gens qui méprisent « le pain et les jeux » qu’on donnerait « au peuple ». Comme tous les gens du peuple, je suis heureux quand les Français gagnent. Et cette année, j’ai été servi ! Léon Marchand nous a tous enchantés. Je suis très chauvin en sport, je n’en ai pas honte.

Vous êtes chauvin en tout !

Pas faux ! Le sport, c’est aussi le patriotisme. Quand on dit que le sport, c’est uniquement « le vivre-ensemble, la convivialité, la sororité », on dénature complètement les valeurs du sport. Le sport, c’est l’effort, la méritocratie, la sélection, la compétition. Le sport, ce sont des valeurs de droite. Pour être jockey, il faut être petit et léger. Il y a ceux qui arrivent les premiers et qu’on respecte, et ceux qui arrivent en dernier et qu’on plaint. Tout le contraire de l’école d’aujourd’hui ! On accepte que les qualités des hommes et des femmes soient différentes ; ils ne combattent pas ensemble. On est content quand son compatriote gagne. Tout ce que la gauche et l’époque détestent !

Peut-on se contenter de crier « Vive la France ! » uniquement dans les stades ?

Et pourquoi les peuples européens ne manifestent-ils leur patriotisme que dans les stades ? Car, c’est désormais le seul endroit où les élites le tolèrent. Prenez l’Allemagne. Après 1945, le patriotisme allemand est devenu suspect, alors le football fut son seul refuge. Aujourd’hui, nous sommes tous Allemands. Tous les peuples européens ont été mis au pain sec et à l’eau patriotiques.

La « communion », célébrée jusqu’à l’écœurement par les commentateurs, n’est-elle pas factice ?

Bien sûr. C’est


Article réservé aux abonnés
Pour lire la suite de cet article et accéder à l'intégralité de nos contenus
Formule numérique dès 3,80€
Déjà abonné(e)  ? Identifiez-vous

Septembre 2024 - Causeur #126

Article extrait du Magazine Causeur




Article précédent Il faut savoir terminer une trêve
Article suivant Twitter/X: l’ignominie au quotidien
Fondatrice et directrice de la rédaction de Causeur. Journaliste, elle est chroniqueuse sur CNews, Sud Radio... Auparavant, Elisabeth Lévy a notamment collaboré à Marianne, au Figaro Magazine, à France Culture et aux émissions de télévision de Franz-Olivier Giesbert (France 2). Elle est l’auteur de plusieurs essais, dont le dernier "Les rien-pensants" (Cerf), est sorti en 2017.

RÉAGISSEZ À CET ARTICLE

Pour laisser un commentaire sur un article, nous vous invitons à créer un compte Disqus ci-dessous (bouton S'identifier) ou à vous connecter avec votre compte existant.
Une tenue correcte est exigée. Soyez courtois et évitez le hors sujet.
Notre charte de modération