Eric Zemmour a raison de déclarer incompatibles l’islam et les valeurs françaises. Enfermée dans le déni, la meute de ses censeurs ne lui pardonne pas son courage, son érudition et sa lucidité. Mais ce brillant esprit s’égare lorsqu’il nie l’existence de musulmans français prêts au sacrifice suprême pour leur nouvelle patrie. Un patriote français peut s’appeler Mamadou, Zyed ou Rachida.
J’exprime ma solidarité totale et sans arrière-pensée avec Zemmour. Je le soutiens car la liberté d’expression est une condition essentielle de la démocratie. Je le soutiens car il cultive une érudition vive et subtile.
Ses détracteurs ont-ils lu le Coran ?
Je le soutiens car il a lu le Coran alors que ses détracteurs se contentent de parcourir des éléments de langage qu’on échange par SMS comme des contrebandiers écoulent de l’alcool frelaté ou des marchandises volées. Je le soutiens car il incarne la tradition française du pamphlet. Je le soutiens car il a compris que la violence est la matière première de la politique, que l’on ne garde pas le pouvoir en pratiquant le yoga ou en lisant Ghandi. Je soutiens Zemmour parce que je hais le lynchage qui est le crime des lâches et de ceux qui ne se battent pas à la loyale. Je soutiens Zemmour car l’ennemi de mon ennemi est mon ami : je n’ai aucune tendresse pour les islamistes, les prochains maîtres du monde arabe et les prochains co-propriétaires des territoires perdus de la République. Je ne veux pas être de la génération qui aura capitulé devant les « féministes islamistes » et les « djihadistes repentis ».
Quelques contre-sens historiques
Je soutiens Zemmour parce qu’il est Maghrébin comme moi. Il vient d’Algérie et moi du Maroc. Dans ma famille, on m’a appris à aimer les juifs séfarades, des sujets fidèles du Sultan tout comme mes aïeux. On m’a appris à respecter leur souffrance, eux qui ont subi ratonnades et vexations à chaque disette ou révolution. On m’a appris à les aimer, en dépit du conflit israélo-palestinien, car ils n’ont jamais tourné le dos au Maroc.
Alors soutenir ne signifier pas signer un chèque en blanc. Lorsque Zemmour place Islam, nazisme et communisme dans la même phrase, il commet une grande maladresse. La religion des magnifiques Mamelouks d’Egypte et des rois de Perse n’a rien à voir avec des totalitarismes qui ont stérilisé les arts et la culture et rendu les hommes malheureux.
L’Islam a détruit le communisme partout où il l’a trouvé sur son chemin, de la Turquie à l’Egypte nassérienne en passant par le Maghreb. Il aurait détruit le nazisme s’il avait été amené à cohabiter avec lui.
La religion musulmane relève véritablement du miracle. Comment expliquer autrement que des bédouins d’Arabie aient pu diffuser une doctrine qui a convaincu 1,5 milliards d’êtres humains ? Comment admettre autrement que la prière du vendredi est donnée en langue arabe de Dakar à Jakarta alors que 80 ou 90% des musulmans ne parlent pas l’Arabe ? Jamais le Coran n’a été traduit en wolof ou en swahili pour convertir qui que ce soit. Il faut croire au miracle, en effet, devant la transformation radicale d’un peul ou d’un malais qui se défait de pans entiers de son identité pour embrasser l’Islam.
La France est un acte de foi
Mais l’Islam n’a rien de commun avec la France. Ce sont deux forces antagonistes et incompatibles. Deux civilisations qui ne peuvent se mélanger. Ce que l’on donne à l’un, il faut tout de suite l’enlever à l’autre. L’Islam ne reconnaît pas l’Egalité (ni entre hommes et femmes, ni entre musulmans et non-musulmans), il n’admet pas la Liberté et il limite la Fraternité aux seuls membres de la religion islamique. Moi, en tant que musulman fervent, je suis obligé de renoncer à plusieurs obligations de ma religion par loyauté pour la France. La vraie France, celle des valeurs et du savoir-vivre, et non cet hôtel ou ce hall d’aéroport que fréquentent nos élites progressistes. La vraie France leur échappe depuis longtemps, elle s’est enfouie dans leur inconscient comme un mauvais souvenir que l’on refoule. Moi, je la cultive dans mes rêves et mes moment éveillés comme une promesse que Dieu réserve aux bienheureux. C’est comme ça, la France est un acte de foi et les croyances d’un croyant ne se discutent pas.
La meute des lyncheurs
Tel est précisément le péché capital commis par Zemmour. Il ose se moquer du progressisme, la nouvelle religion de la bourgeoisie. Cette doctrine, taillée sur mesure pour les managers, n’a rien d’aristocratique : les nobles d’antan levaient le glaive pour défendre Dieu et leurs fiefs, nos maîtres actuels se cachent dans le bunker de l’Elysée en attendant que les CRS fassent le boulot. Ils délèguent la répression aux GAFA à qui ils enjoignent de censurer la pensée de droite partout où elle se trouve.
Ceux qui lynchent Zemmour ne lui pardonnent pas sa lucidité quant à leur doctrine de pacotille. Ils le pourchassent avec entrain car il est une cible facile qui ne mord pas et ne distribue pas les coups de couteau. Zemmour n’a rien d’un gladiateur romain ni d’un parachutiste factieux. A l’inverse, les islamistes font peur. Et nos procureurs médiatiques sont terrorisés à l’idée de les énerver. L’effet Charlie est passé par là et personne n’a envie d’une nouvelle expédition punitive.
Une bombe à retardement
Qu’a-t-il compris ? Que la France n’a strictement rien à gagner d’une trop grande exposition à l’Islam. Que des tensions et de la discorde. Or, les nations aspirent à la concorde civile pour faire front uni face aux menaces extérieures et poursuivre ensemble le bien commun (la prospérité par exemple). Alors que la Chine s’impose comme la puissance de demain, alors que les Etats-Unis ne veulent plus entendre parler de partenariat transatlantique, la France va devoir réserver toute son attention à la gestion de la question musulmane. Elle va se déchirer en interne au lieu de se préparer, en douceur, au défi chinois et américain. Quelle est donc cette question musulmane ? Elle est simple et sa compréhension est à la portée de tous : combien de temps l’Islam va-t-il accepter de vivre comprimé et limité sur le sol français ? Encore cinq ans ou dix ans, à mon avis. L’Islam est un être vivant qui a un contact avec le divin, il n’a pas vocation à accepter la laïcité et le climat général de permissivité qui contredisent ce pour quoi il est venu au monde. La mission de l’Islam est de « libérer » les hommes des lois écrites par d’autres hommes pour qu’ils puissent se soumettre à l’unique loi acceptable : celle de Dieu. L’Islam se veut une libération et non une oppression. D’où peut-être son immense succès chez les peuples opprimés. Personnellement, je vois l’Islam comme une part inaliénable de mon identité mais je mets de côté son message messianique et sa portée politique. Ma loyauté s’exerce à l’endroit de la civilisation française qui inspire mes valeurs et mon mode de vie ; elle s’exerce aussi envers le Maroc qui m’a donné mes racines et qui habite mon cœur où que je sois dans le monde. Mais qui suis-je moi, simple mortel, pour m’opposer à un dessein qui relève du divin ?
Debout les Français de branche !
C’est cela qui fait peur à Zemmour. C’est cette tragédie annoncée qu’il veut éviter. Ces morts et ces larmes. Lui, le Français de branche, fils d’immigrés, se met en danger pour garder intact son objet de désir : la nation française. Malheureusement, les élites n’ont aucune relation passionnelle avec la France. Elles lui préfèrent la Californie (la start-up nation) et le Qatar (la terre du vivre-ensemble où une microminorité de riches est servie par une cohorte de migrants corvéables à merci).
Zemmour a peur et ce sentiment tétanise et réduit son champ de vision. Il ne voit pas qu’il y a des musulmans français prêts au sacrifice suprême pour leur nouvelle patrie. Qu’il y a du courage, de la testostérone et de la grandeur chez des Mamadou, des Zyed et des Rachida.
Le moment venu, ces Français de branche sortiront du lot et se mettront au service de la France. En attendant, « le pacte germano-soviétique » a le champ libre : les islamistes d’un côté et les progressistes de l’autre étouffent toute velléité de défense de la France. L’anaconda a deux couleurs : le vert et le rose. C’est un monstre.
Mon père, le Maroc et moi: Une chronique contemporaine
Price: 18,00 €
13 used & new available from 18,00 €
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !