A n’en pas douter, la bonne presse sentencieuse de gauche ne fait pas la grève! Selon les analyses faites par l’Obs des silences de Cnews, c’est une « évidence irréfragable, une incontestable vérité » : Zemmour est raciste.
Une nouvelle manipulation d’un journal progressiste apparaît au grand jour. Cela pourrait être seulement grotesque. Mais cela révèle surtout l’état d’une certaine presse qui n’est plus qu’agent de propagande ou procureur médiatique. Ce qui suit devrait pouvoir servir d’exemple parfait auprès de futurs étudiants en journalisme. Ou de contre-exemple. Selon qu’on aura décidé de former des policiers de la pensée ou de véritables et honnêtes journalistes.
L’article incriminé est paru dans le TéléObs du 13 décembre 2019 :
« C’est officiel, Eric Zemmour “n’aime pas les descendants d’esclaves” », est le titre alléchant dudit article, signé Fabrice Pliskin. Un peu plus loin : « On s’en doutait un peu, mais c’est maintenant officiel : Zemmour est raciste. »
Plume acide et torve
Comme l’a remarqué Eugénie Bastié, et comme on peut le constater en lisant attentivement cette courte et caractéristique charge anti-Zemmour, ce n’est pas Zemmour qui parle des descendants d’esclaves, mais Christine Kelly, journaliste de CNews, qui pense qu’elle fait partie des gens que n’aime pas Éric Zemmour parce que « femme, journaliste, protestante, investie dans les familles monoparentales, descendante d’esclaves et représentante du symbole de la colonisation française ».
A lire aussi: Les listes maniaques de « néo-réacs » amusent A. Finkielkraut
Ce qui devient immédiatement sous la plume acide et torve de notre journaliste : « Vous avez bien lu. Éric Zemmour « n’aime pas les descendants d’esclaves. » Que cette affirmation soit ici celle d’une journaliste de Cnews qui livre son « impression » sur ce qu’elle croit savoir de Zemmour, et non pas une phrase d’Éric Zemmour (ou une vérité avérée sur les sentiments de Zemmour à l’égard des descendants d’esclaves), n’émeut pas un seul instant Fabrice Pliskin qui a de la plus élémentaire déontologie journalistique une notion, semble-t-il, aussi floue qu’est sèche et définitive la conclusion qu’il impose : Eric Zemmour n’aime pas les descendants d’esclaves. Point. Puisqu’on vous dit que « c’est officiel ! »
Cas assez fortiche de manipulation ce titre « C’est officiel, Zemmour »n’aime pas les descendants d’esclaves » renvoie dans l’article à une phrase de Kelly « Je pense cocher toutes les cases que n’aime pas Zemmour,… descendante d’esclaves ». N’importe quoi @lobs tt n’est pas permis pic.twitter.com/nsDM9d4kNP
— Eugénie Bastié (@EugenieBastie) December 14, 2019
Mais le meilleur reste à venir.
Le langage du silence
Comme personne, ni Zemmour ni la chaîne qui l’emploie, n’a émis le désir de polémiquer avec le supplément télé de L’Obs, et que tout le monde s’est tenu silencieux, le journaliste visionnaire de l’hebdo en a tiré une vérité sans appel : « C’est désormais un fait, une évidence irréfragable, une incontestable vérité, que ni CNews ni l’intéressé n’ont jugé à propos de démentir. »
Et si CNews se tait c’est que CNews parle quand il ne dit rien. Heureusement, de la même manière qu’il y a un langage des signes, il y a un langage du silence que Monsieur Pliskin connait parfaitement : « Car le silence de CNews parle, écrit-il. Que dit-il ? »
A lire aussi: Le premier degré fait-il la loi en France?
Oui, que dit-il ? Tous ceux qui ne savent pas lire le langage du silence attendent impatiemment. Cette (courte) attente sera vite récompensée et Monsieur Pliskin nous traduit tout ça en deux coups de cuillère à pot. Traduction du silence par notre journaliste bilingue : « On est comme on est. Zemmour n’aime pas les descendants d’esclaves. Notre chroniqueur vedette est raciste ? Personne n’est parfait. Et si c’était ce qui faisait son charme ? […] Les descendants d’esclaves, comment vous dire ? Il ne les sent pas, ça le dérange, ça l’incommode, ça ne lui sied pas, ça l’offusque, ça lui gâche un peu le paysage. » C’est fou ce que le silence de Cnews peut être éloquent…
En conclusion de cette sinistre farce, suit une saillie pauvrette qui se veut drôle mais qui finit seulement de ridiculiser le journaliste qui sait la langue du silence et qui devrait s’en tenir à cette activité en la parlant (et en l’écrivant) plus souvent.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !