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Un oiseau? Un avion? Non, c’est…!

Éric Justin Léon Zemmour enfin candidat à la préZidentielle


Un oiseau? Un avion? Non, c’est…!
© Soleil

Sans grande surprise, Eric Zemmour vient de signaler à ses soutiens sur les réseaux sociaux qu’il était candidat à la présidentielle, dans une vidéo anxiogène. Celui qui est maintenant officiellement en campagne espère se relancer. 


Âgé de 63 ans, fils d’une mère au foyer et d’un père ambulancier, Éric Justin Léon Zemmour est né à Montreuil (93) le 31 août 1958. Diplômé de Sciences-po, il échoue deux fois au concours d’entrée à l’ENA – à cause de l’anglais, dit-il. Après avoir passé six mois dans une agence de publicité, où il est chargé de concevoir des slogans, il embrasse une carrière de journaliste politique dans la presse écrite, au Quotidien de Paris de 1986 à 1994, puis au Figaro à partir de 1996 jusqu’en 2009, moment où – déjà – il en est évincé. Son grand-père ne parlait pas le français. Ses parents, qui avaient le culte du travail, le poussaient à être premier de la classe, ils lui ont transmis un engouement pour la langue française, la littérature et les grands hommes. 

« Mes ancêtres ont été colonisés par la France et je la bénis, car elle m’a apporté les écoles et Baudelaire » déclare-t-il en 2010.

Sa popularité débute lors de ses participations à des débats télévisés comme « Ça se dispute » sur I-Télé (ancien nom de CNews) entre 2003 et 2014. Mais le grand public apprend vraiment à le connaître dans « On n’est pas couché » à partir de 2006 sur France 2, où il partage la vedette avec Éric Naulleau. En 2011, Laurent Ruquier remercie ses chroniqueurs, les deux compères continuent leur débat hebdomadaire sur Paris Première. Ruquier indique depuis regretter avoir offert à Zemmour pareille exposition. Mais entre temps, Éric Zemmour est également devenu chroniqueur à la radio sur RTL, de 2010 à 2016. C’est là aussi un succès, mais on lui y sert la même soupe à la grimace… et il finit également par être évincé de l’antenne !

Un désespéré combattif

S’il est qualifié de « polémiste d’extrême droite » par ses nombreux opposants, il s’identifie comme gaullo-bonapartiste, et apprend vite à se moquer des critiques quand il voit le succès en librairie de ses livres – citons Le Premier Sexe (2006), le roman Petit Frère (publié en 2008), Mélancolie française (2010), Destin français (2018) et surtout Le Suicide français (2014) écoulé à un demi million d’exemplaires. « Zemmour » vient d’un mot berbère qui désigne un type d’olivier. Lui qui assure être profondément un homme de paix pourrait bien voir dans cet arbre le symbole de la paix… mais uniquement dans le sens de la formule latine « Si vis pacem, para bellum ». Dans son entretien estival donné à la chaîne YouTube Livre noir, il affirmait qu’ « on n’aura pas la paix si on se soumet ». Ceux qui suivent Zemmour fidèlement l’apprécient pour cette sorte d’énergie joyeuse qu’il conserve même quand il tient les propos les plus inquiétants ou alarmants sur l’avenir de la France. 

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Il se décrit comme un « désespéré combattif », reprenant à son compte une formule de Bernanos qui considérait que « la plus haute forme de l’espérance est le désespoir surmonté ». Décrit par ses admirateurs comme visionnaire et charismatique, Eric Zemmour semble toutefois devoir s’attirer toujours d’avantage d’ennemis à mesure qu’il s’engage plus loin dans l’arène politique (voir plus bas). 

Il s’est longtemps cru de gauche

Depuis 2019, il est le chroniqueur principal de “Face à l’info” sur CNews, dont l’audimat à 19 heures a été multiplié par 10 depuis son arrivée. Il a été contraint par le CSA à quitter l’antenne en septembre. Qu’à cela ne tienne, en quelque sorte le “mal” est fait : de nombreux jeunes, très actifs sur internet – où il est devenu un phénomène – le surnomment « le Z » depuis début 2021 et militent pour que le journaliste conservateur se porte candidat aux élections. Quand il fait des sorties en public, comme lors de la manifestation en soutien aux policiers du 19 mai à Paris, il est carrément acclamé comme une rock star et ovationné par la foule et les forces de l’ordre. 

Affiche géante à l’effigie d’Éric Zemmour sur un échafaudage du cours Mirabeau à Aix-en-Provence, avril 2021 © DR

Si Zemmour est aujourd’hui une personnalité très appréciée par la frange la plus à droite de l’électorat français, ses idées politiques actuelles sont le fruit d’un cheminement : « Je me croyais de gauche. J’ai voté pour Mitterrand en 1981 et en 1988. Et puis, j’ai rompu avec la gauche depuis l’histoire du voile islamique au collège de Creil. » Selon lui, la politique doit s’attacher à prévoir le tragique de l’avenir, pour tenter de l’éviter. Il reprend régulièrement à son compte une formule de Bainville, historien qu’il a beaucoup lu et qui en son temps n’avait pas osé franchir le Rubicon de l’engagement politique : « Pourquoi si bien prévoir et pouvoir si médiocrement ? J’ai toujours eu le tort de ne pas viser assez haut, excès de fausse modestie, fausse fierté, méfiance exagérée de soi-même, sentiment d’impuissance ». Eric Zemmour décide aujourd’hui de ne plus rester un simple spectateur et commentateur de la vie politique française. 

Pas fémininement correct!

Très décrié lors de la parution de son livre sur le féminisme Le Premier Sexe, Éric Zemmour est souvent qualifié de sexiste par ses détracteurs. Ses propos sur les femmes suscitent l’indignation de certains. Estimant que les grands génies dans l’histoire sont des hommes, que les femmes créent moins et transgressent moins que leurs compagnons, il attribue une forme d’intelligence différente selon les sexes. Alors qu’elle l’interroge en 2013 sur l’augmentation de la présence des femmes en politique, il confirme cette vision traditionnelle à Ruth Elkrief: « Les femmes n’incarnent pas le pouvoir. Le masculin est lié au pouvoir, il peut y avoir des femmes qui exercent un pouvoir […] Les valeurs féminines sont incompatibles avec l’incarnation du pouvoir ». Des propos qui créent l’émoi parce qu’ils sont en profond décalage dans une période qui est obnubilée par les inégalités et les violences faites aux femmes, et où les théories liées à la fluidité des “genres” rencontrent un vif succès dans la jeunesse. Mais ceci n’est que menu fretin à côté de plusieurs de ses déclarations que ses adversaires qualifient de xénophobes ou d’”islamophobes”, et qui lui ont parfois valu des condamnations judiciaires. 

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Depuis octobre 2020, Eric Zemmour est placé sous protection policière, car il est régulièrement menacé. Mais si ses opposants les plus virulents se recrutent dans la mouvance antifa ou sont à aller chercher chez les jeunes de banlieue mal assimilés, il s’est également attiré les foudres de certains dans la sphère politico-médiatique, comme Rachida Dati, Bernard-Henri Lévy, Hapsatou Sy, Christine Angot, Jean-Christophe Lagarde ou Youssoupha… Jacques Attali ira jusqu’à dire de lui perfidement sur BFMTV qu’un « un juif antisémite, ça fait plaisir aux antisémites » en octobre 2014.

Après l’ivresse du « pour voir », il se porte candidat

Qu’importe ! pour Eric Zemmour, la France est un pays catholique de racines gréco-latines. Il veut être le candidat qui incarne la continuité historique. Et il y a fort à parier que c’est ainsi qu’il se présentera dimanche au Zénith de Paris devant ses partisans. Pour y parvenir, Zemmour défend l’assimilation totale des étrangers qui arrivent en France. Ces derniers doivent, selon lui, carrément réserver leur prénom d’origine à la sphère privée : « C’est comme moi, je m’appelle Éric, Justin, Léon. Mais, à la synagogue, je m’appelle Moïse… » 

Mais pour pouvoir se présenter sereinement devant les électeurs le 10 avril prochain, il lui reste encore à trouver 500 parrainages, conquérir le vote populaire, engranger des soutiens ou démontrer qu’il a quelque chose à dire en dehors des questions identitaires. Il devrait aborder ces points face à Gilles Bouleau, dont il est l’invité à 20 heures sur TF1. Le système politico-médiatique semble bien avoir égaré son bloc de kryptonite.

Dessin de Marsault publié dans le numéro 95 de « Causeur »



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