Le refus de l’immigration de masse et de l’islamisation qui en découle est le pilier central du discours d’Éric Zemmour. Selon lui, l’arrêt des flux migratoires est une première étape nécessaire pour refranciser la France. Et il y a urgence : nous sommes déjà en guerre civile. S’estimant soutenu par une majorité de Français, « peuple éminemment politique », il table sur l’union des classes populaires et de la bourgeoisie pour rallier les patriotes à sa cause.
Causeur. Les études montrent qu’une majorité des musulmans français – 70 %, soit plusieurs millions – sont en voie, sinon d’assimilation, d’intégration. Votre discours ne risque-t-il pas de les braquer inutilement ? Ne faut-il pas, au contraire, en faire vos alliés ?
Éric Zemmour. Il y a une distinction que je refuse de faire, celle entre islam et islamisme, car cette distinction vise à nous faire croire qu’il existe un islam modéré, un Coran modéré : c’est faux. L’islam est à la fois une religion, un rapport de l’homme à Dieu, mais également un code, la charia, une nation, la Umma el-Islam, ou communauté des croyants, et une civilisation. L’islam est donc un système complet qui entend dicter la vie de ses fidèles. Cependant, je fais la différence entre l’islam et les musulmans qui, en tant qu’individus, ne sont pas obligés de respecter à la lettre une conception totalitaire de l’islam. Je refuse l’islamisation de la France mais je ne combats pas les musulmans en tant qu’individus. Jadis, on combattait le communisme en tant qu’idéologie tout en acceptant les communistes partout dans la société. Finalement, ce que je dis aux musulmans n’est pas différent de la fameuse phrase de Clermont-Tonnerre au sujet des juifs : il faut tout donner aux musulmans en tant qu’individus, rien en tant que nation.
Vous leur demandez de christianiser l’islam…
Je leur dis qu’ils peuvent continuer de respecter l’islam comme religion, mais je leur demande de renoncer à former une nation ou à imposer un code en France. Si on veut aller vite, on peut appeler cela « christianiser l’islam », car le christianisme est une rupture historique qui fait de la foi, de la transcendance privée, le critère essentiel de la religion, alors que les autres religions sont avant tout un corpus de normes sociales. D’ailleurs, selon cette définition, il existe des musulmans qui christianisent la pratique de l’islam. Sont-ils aussi nombreux qu’on le dit ? Je ne sais pas. Les études sont contradictoires. L’étude de l’Institut Montaigne par exemple montre qu’une majorité de jeunes Français musulmans place la charia au-dessus des lois de la République, ce qui est inquiétant…
Au-delà des musulmans, la machine assimilationniste n’assimile plus grand-monde…
Elle avait relativement bien assimilé les générations précédentes, notamment les vagues qui venaient d’Europe. Mais « l’islam change la donne », pour reprendre une expression de Michèle Tribalat. Avec l’arrivée d’immigrés musulmans qui sont beaucoup plus éloignés de notre culture que pouvaient l’être les Italiens ou les Espagnols, la machine assimilationniste s’enraye. Aujourd’hui des enclaves étrangères où ne règnent ni la loi ni les mœurs françaises se sont multipliées dans notre pays, comme le dépeint le film Bac Nord. Ces fameux « territoires perdus de la République » sont devenus, en vingt ans, des « territoires conquis » de l’islam, colonisés par une civilisation étrangère.
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Les musulmans doivent choisir entre ces deux modèles. Leurs parents, leurs grands-parents, ou eux-mêmes, ont fui les terres islamiques notamment parce qu’ils n’en pouvaient plus des effets les plus néfastes de cette civilisation, je ne comprendrais pas qu’ils veuillent la réinventer ici ! Et pourtant, c’est ce qui se passe. L’État doit mettre les musulmans devant leurs responsabilités et je ne préjuge pas de leur réponse. Il faut retrouver les critères et les contraintes de l’assimilation d’avant. Ceux qui choisiront l’assimilation à la française seront les bienvenus et nos compatriotes. Finalement, je tends la main aux musulmans.
Vous parlez de l’islam comme d’une réalité ontologique, voire
