Interrogé sur Paris Première à ce sujet, l’intéressé n’a pas dit non
L’idée lancine et turlupine. Eric Zemmour candidat à la présidentielle. Oui ? Non ? Sur le plateau de Paris Première, l’insubmersible Alain Duhamel, invité du jour, lui pose une fois de plus la question : « Y’a des gens qui souhaiteraient ça, alors quant à lui, il va peut-être nous dire s’il le souhaite ou pas… » La réponse n’écarte pas la possibilité. Comme un aveu, mais pas tout à fait : « C’est pas ici et aujourd’hui que je vais le dire. »
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Il déroule son programme chaque jour à la télé
Aucun doute, il y pense. Le matin en se rasant, le midi en comptant les cheveux qui lui restent, le soir dans « Face à l’info » lorsqu’il présente son programme. Que sont des propositions concrètes sur l’immigration, l’Europe, l’emploi, l’Islam, la politique extérieure qu’il énonce chaque jour, sinon un programme ?
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Stratégie judicieuse dans le cas d’une candidature. En guise de programme-papier, un livre. Disons début 2022. Énorme succès de librairie. Une manière inédite et même révolutionnaire de prétendre à la fonction suprême. Donald Trump avait gagné grâce à Twitter, Zemmour peut l’emporter par le biais du média télé-internet, conjugué à un puissant ouvrage dans lequel il développerait sa vision pour la France. Après le « ni droite ni gauche » de Macron, le hors-sentiers battus, hors-parti, hors-politique politicienne d’un penseur indépendant. Le pied-de-nez monumental à l’ensemble de la classe politique. Un bras d’honneur adressé au jeu des alliances d’arrière-boutique, d’appartenance à tel ou tel clan. Perçu comme neuf par l’électorat. Providentiel. Ni ex-ministre, ni futur calculateur, Zemmour est encore moins issu d’on ne sait quel sérail. Et pour l’estocade finale à ceux qui doutaient encore: Emmanuel Macron pourrait être désintégré lors du débat du deuxième tour [Un article récent de Valeurs actuelles prétend démontrer qu’Eric Zemmour gagne tous ses débats NDLR].
Marine Le Pen en travers de sa route
À ce scénario idyllique s’oppose le nom fatal que tout un chacun a sur le bout de la langue : Marine Le Pen. MLP, trois lettres qui viennent obstruer la route menant vers une possible victoire du héros de « Face à l’info »… Un débat d’entre deux tours face à une chaise vide, la chaise l’emporte. Jolis barreaux, très beau dossier. Alain Duhamel exulte en direct de Conforama. Le meuble nous a sauvé du nazisme. Marine Le Pen, perdante (à coup sûr ?). Peut-être, mais elle est tenace.
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Anaïs Bouton, animatrice de l’émission Zemmour & Naulleau, relance Eric Zemmou sur Paris Première : « Ah vous ne dites pas non alors ? » Non, il ne dira pas non. Oui non plus. Peut-être ne le sait-il pas lui-même. Les Philippot, Onfray, Dupont-Aignan, Ménard, Poisson et consort suivront. Reste le caillou dans la chaussure : le partisan du Rassemblement National partagé entre la chèvre et le chou. Irréductible ou convertible à un autre scénario ? Évaluer cette donnée mystérieuse est la clé de l’énigme. De cette réflexion et ses conclusions pourraient bien dépendre la décision du gaillard.
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