Dans Libération, le maire écologiste propose de «raviver le génie français», en réunissant «l’arc humaniste» autour des grands combats progressistes. En se fendant d’une tribune aux accents si programmatiques pour 2022, notre Vert préféré serait-il en train de prendre l’ascendant sur Yannick Jadot? Analyse.
«Raviver le génie français» : le titre de la tribune d’Éric Piolle parue lundi 30 novembre dans Libération témoigne d’une grande ambition (présidentielle?). L’écologiste se pose en fédérateur. Il récuse les accusations d’Anne Hidalgo, qui avait critiqué le républicanisme douteux d’EELV.
Accueil des migrants et marches pour le climat
Tout au long de son texte, Éric Piolle dessine une chimérique union des forces progressistes. L’écologiste voit la renaissance de notre génie national « sur un navire humanitaire en Méditerranée » ou « avec ces millions de Français·e·s qui marchent, et qui votent, pour le climat ». Pour l’élu grenoblois, la crise identitaire nationale peut donc se résoudre dans l’accueil des migrants et les marches pour le climat. « Climat, justice sociale, démocratie, libertés publiques: l’ampleur des défis de l’époque appelle une nouvelle réconciliation », ajoute-t-il.
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Plus loin, il développe sa vision de la fraternité : « Nous continuons de nous battre pour la Fraternité, pour celles et ceux qui subissent chaque jour les violences, au premier rang desquelles les femmes, les précaires, les exilé·e·s, etc. Chacun, ici, peut prolonger la liste… » Au cas où la convergence des luttes trouve encore de nouveaux groupes opprimés, Piolle leur tend la main : « La fraternité à bâtir ne s’arrête plus à nos frontières nationales, ni même à celles de l’espèce: nous avons à bâtir la fraternité des vivants, de l’abeille à nos enfants. » Les petits animaux chers à Aymeric Caron, voilà des exclus de la fraternité auxquels on n’avait pas pensé en 1789 !
Tous ensemble tous ensemble hé !
Les ambitions présidentielles de l’écologiste sont de moins en moins voilées.
Éric Piolle assure dans la tribune qu’il contribuera au projet d’union de la gauche au niveau national, lui qui s’affichait aux côtés de Jean-Luc Mélenchon lors de l’université d’été de La France insoumise dans la Drôme cet été, avant de participer, quelques jours plus tard, à celle du PS.
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Le 25 novembre, l’Obs révélait qu’il avait créé une association de financement pour que ceux qui veulent pousser sa candidature puissent lui donner de l’argent. Jusqu’à récemment, le leadership vert semblait pourtant revenir à Yannick Jadot. Mais il est jugé trop modéré, trop centriste par nombre de militants et cadres du parti. Chez EELV, il semble qu’ils seront donc au moins trois prétendants sur la ligne de départ pour obtenir l’investiture du parti en septembre 2021: Sandrine Rousseau, Yannick Jadot et Éric Piolle.
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