Une seule question agite la gauche depuis quelques jours: une main aux fesses est-elle une «agression sexuelle»?
La lutte contre les « violences sexistes et sexuelles » (VSS est le nouvel acronyme à la mode à noter dans vos carnets, NDLR) est une lutte de tous les instants. En France, il ne se passe plus une semaine sans que des affaires sordides ne soient relatées dans les journaux, toujours plus friands de faits croustillants impliquant des personnalités politiques ou médiatiques. Dans certains partis, et dans certaines grandes entreprises, des instances spécifiques luttant contre ce nouveau fléau se mettent en place. Cela fait la joie de femmes politiques comme Sandrine Rousseau, et les affaires de chefs d’entreprises comme Caroline de Haas. La déconstruction des violences machistes, c’est une vaste co-construction.
Les VSS vont des accusations de viol les plus choquantes aux histoires de fesses très diverses qui prêtent plutôt à sourire, en passant par la drague lourde qui se voit menacée de disparition. Mais, quand il s’agit d’accuser un homme de pouvoir qui vient d’obtenir une promotion (souvent blanc, et de plus de 50 ans), tout est peu ou prou mis sur le même plan. Et nos néoféministes d’entonner leur habituel refrain, « Je te crois », en toutes circonstances. Quoiqu’au sein de LFI, nous allons le voir, l’indignation soit en réalité variable…
Ces jours-ci, c’est Eric Coquerel qui se retrouve ainsi dans la tourmente post-metoo
Le député de Saint-Ouen n’aura pas pu profiter de sa nomination surprise à la présidence de la commission des Finances de l’Assemblée nationale bien longtemps! Après des jours de rumeurs, dans un article de Mediapart publié samedi, Eric Coquerel se voit accusé de s’être livré, lui aussi, à ces fameuses « violences sexistes et sexuelles ». Une militante et ancienne figure des gilets jaunes, Sophie Tisser, libère sa parole et l’accuse de gestes déplacés dans les médias qui veulent bien lui offrir une tribune. Quel est ce nouveau scandale sexuel? Lors d’une soirée de l’université d’été 2014 du Front de gauche, alors qu’elle était invitée pour porter la parole des intermittents du spectacle en lutte, Madame Tissier raconte qu’Eric Coquerel n’arrêtait pas de « la faire danser » et de la « prendre par la taille ». Pire, le député mélenchoniste aurait eu « la main baladeuse toute la soirée » avec elle, et aurait ensuite envoyé des SMS à la militante l’invitant à passer la nuit avec lui. Extrêmement choquant ! Quoique quand on danse le rock, cela fasse peut-être partie des risques de l’exercice… Et, à moins de faire de la drague lourde un crime, si les faits dénoncés par Mme Tissier s’arrêtent là, il n’y a rien de vraiment répréhensible. Ajoutons que les femmes ne sont pas de petits oiseaux, et que sur une piste de danse, il est toujours possible de faire un peu de place autour de soi, et de donner un bon coup de genou bien placé aux fâcheux qui s’approchent de trop près.
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Dimanche, cette femme en détresse s’est décidée à déposer un signalement devant l’obscur comité spécial de la LFI, comme tous les médias de grands chemins semblaient l’y inviter. Pourtant, le mode opératoire farcesque de ce groupe mystérieux composé de militantes se proposant de recueillir la parole avait été très critiqué, lorsqu’il avait fait parler de lui pour l’affaire Taha Bouhafs, en mai.
Pendant ce temps, sur BFMTV, M. Coquerel était contraint de se justifier devant les journalistes. Il a dénoncé une « rumeur qui court depuis des années », et indiqué que les propos de son accusatrice étaient « contradictoires dans le temps ». Il n’y a pas de plainte, « tout cela va faire pschit » se rassurait-il alors. Sur les réseaux sociaux, Madame Tissier a précisé qu’elle faisait appel à l’instance du parti « afin d’entériner [son] témoignage attestant des comportements inacceptables d’Eric Coquerel ». Elle a avancé que ce qu’elle avait enduré était, selon elle, « une forme d’agression qui doit être dénoncée, car cela entre dans le continuum des violences envers les femmes. » Lundi, la militante a finalement déposé une plainte, alors que M. Coquerel se réservait de son côté la possibilité de la poursuivre en diffamation.
Embarras à l’extrême gauche
Dans une tribune au Journal du Dimanche, le député a d’ailleurs tendu le bâton pour se faire battre. Il a expliqué que son comportement avait pu être problématique par le passé (il est de la génération de la « libération sexuelle », où le désir était invité à s’exprimer sans entraves, un phénomène passé de mode dans la nouvelle génération, plus puritaine). Comme l’analyse Elisabeth Lévy, il reconnaissait dans son texte ne pas être immunisé contre la domination masculine et, sur un ton qui rappelait les autocritiques des communistes accusés de déviance, remerciait ses camarades femmes qui lui avaient fait comprendre «qu’on ne pouvait plus avoir les mêmes rapports avec les femmes, de séduction ou simplement relationnel, quand on était un homme de pouvoir de 50 ans, même dans le cadre d’échanges consentis et voulus respectueux». Un monde où la séduction sera suspecte, voilà à quoi ressemblera l’avenir radieux, précise notre directrice de la rédaction, dans une de ses chroniques, sur Sud Radio.
Et sans vouloir être désagréable, ajoutons que pendant tout ce temps, les finances des Français, qui s’en préoccupe ? Coquerel pourra-t-il s’atteler à la tâche ? On en doute. Doit-il démissionner ?
L’hypocrisie des néoféministes de gauche
Il convient par ailleurs de noter que des militantes à la pointe du combat néoféministe, comme Sandrine Rousseau, peuvent pratiquer une indignation à géométrie variable. Ainsi, on a pu observer ces jours-ci la députée de Paris réclamer le départ de Damien Abad et de Chrysoula Zacharopoulou du gouvernement, et exonérer fort curieusement Eric Coquerel de son habituel courroux. Il est alors difficile de ne pas voir dans ce deux poids deux mesures une récupération de ces récits scabreux à visée politicienne et partisane. « Nos organisations politiques sont sexistes. Notre responsabilité est collective pour que cela change » se justifiait dimanche soir l’écoféministe, donnant l’impression de vouloir noyer le poisson. De son côté, le grand chef, Jean-Luc Mélenchon, n’a pas lâché son camarade Coquerel, et est carrément parti dans un de ces délires conspi qui viennent le tourmenter de temps à autre ces derniers mois. Il a dénoncé cet illégitime et très médiatique « barouf » (ça, d’accord), et y a vu un « objectif » caché : la « revanche du RN » pour la présidence de la commission des Finances ! (Bah voyons, comme dirait l’autre). « Des médias organisent un défilé d’accusateurs qui ont en point commun leur activisme depuis des années contre LFI » a écrit notre médaillé de bronze de la dernière présidentielle. Enfin, dans la foulée, le lider maximo de Marseille, éternel persécuté, s’est décommandé de BFMTV. Na !
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Manque de pot, la militante intersectionnelle, Rokhaya Diallo, pas franchement réputée proche du RN, contredit sa thèse. Fort fâcheusement, elle avait indiqué, dès le 30 juin, ne pas comprendre la nomination de M. Coquerel à la commission des Finances, étant donné des échos dont on lui avait fait part. « En cohérence avec mes convictions féministes, il me semble incohérent qu’un parti promouvant des valeurs d’égalité choisisse (…) une personne faisant l’objet de telles accusations » affirmait alors la chroniqueuse antiraciste, sur RTL. En outre, elle a, depuis, promis d’autres témoignages contre Coquerel…
Comme le disait l’écrivain Michel Houellebecq devant l’Action Française vendredi, « la gauche se sent mourir, donc elle en devient méchante ». Comme Saturne, voilà que la révolution néoféministe dévore maintenant ses propres enfants! Pauvre Coquerel: on passe sa vie à lutter pour plus de justice sociale et contre la stigmatisation des musulmans de Seine Saint-Denis, et voyez comment on vous remercie! C’est à vous dégouter la jeunesse de s’investir en politique! Doit-il pour autant démissionner, comme nous nous demandions plus haut? Tant qu’il n’est pas condamné par la justice républicaine, mais inquiété par des militantes ou des médias complaisants, sûrement pas!
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