Malgré sa gestion économique calamiteuse, Recep Tayyip Erdogan a été réélu à la tête de la Turquie. En faisant de l’islam le pilier fondamental de l’identité nationale, il a permis à l’opinion populaire d’exprimer sa détestation des élites, celles qui ont incarné la modernité laïque et occidentale du XXᵉ siècle.
Bonne ou mauvaise, les résultats du premier tour des élections présidentielles et législatives en Turquie, le 14 mai, sont une véritable surprise. L’AKP, parti islamo-nationaliste au pouvoir depuis 2002, a remporté la majorité au Parlement et le président sortant et homme fort du pays depuis le début du siècle, Recep Tayyip Erdogan, donné perdant par les sondages, n’a manqué que de peu le seuil de 50 % qui lui aurait évité le deuxième tour du 28 mai. Pourtant Erdogan, qui a remporté le deuxième tour, n’a jamais abordé un scrutin national avec autant de handicaps supposés. L’économie, son principal atout depuis vingt ans, va mal et les remèdes appliqués ne semblent pas avoir les effets espérés. Le séisme qui a frappé l’est du pays il y a trois mois a suscité une vague de colère sans précèdent, visant souvent Erdogan personnellement et directement. Enfin, le « raïs » lui-même semble fatigué et a même fait un malaise en plein entretien télévisé.
Pourtant, ces critiques et ces colères semblent
