Certains, comme Nicolas Hulot, croient encore que le foisonnement éolien en France et en Europe, associé au stockage d’énergie, permettra d’alimenter le pays en électricité à tout moment. Ces arguments relèvent d’une illusion soigneusement entretenue par des idéologues qui refusent de voir la simple réalité.
L’un des arguments important contre les éoliennes est leur intermittence : pas de vent (ou trop de vent) pas d’électricité… sauf que les besoins, eux, ne connaissent pas de répit et donc il faut des centrales à fuel, charbon ou uranium pour servir de « back-up » et assurer l’alimentation continue du réseau ! Pour répondre à cette objection sérieuse les pro-éoliennes ont une réponse : le foisonnement ! Hubert Flocard, de l’association Sauvons le Climat, définit le foisonnement comme l’idée selon laquelle « la contribution éolienne erratique d’une région donnée se trouverait le plus souvent compensée par celle tout aussi erratique d’une autre région, mais variant plus ou moins en sens inverse donnant ainsi à la somme des productions un comportement plus régulier que celui de chaque région ». Malheureusement cette théorie est fausse, le foisonnement est une erreur. Pour résumer cette théorie, il y’aurait toujours du vent quelque part, compensant les zones où il en est momentanément absent. C’est non seulement faux mais, même si c’était le cas, l’absence de capacité de stockage viable à l’échelle d’un pays interdirait tout de même le déploiement massif d’énergies renouvelables fondées sur cette idée préconçue.
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En France, le réseau électrique alimenté par les énergies renouvelables connaît en effet de grandes disparités. La puissance minimale injectée sur le réseau descend parfois jusqu’à 4 % de sa puissance totale nominale. Et ce, sur des périodes variant de quelques jours à quelques heures. Les pénuries adviennent généralement lors d’épisodes de grands froids, ou de canicules, lorsque les besoins en énergie sont les plus importants. La productivité moyenne, aussi appelée facteur de charge, n’a ainsi été que de 22 % en moyenne en 2019. Une réalité liée aux variations rapides constatées en France malgré les trois régimes de vents dont le pays est supposé bénéficier. Globalement, quand il n’y a pas de vent, il n’y en a nulle part. Et inversement. Mais il faut plus que ça pour décourager les amis du Vent ! Si en France ça ne souffle pas, allons chercher le vent ailleurs en Europe ! Pas si simple…
Interconnexions
Certes, les réseaux électriques européens sont interconnectés pour satisfaire aux besoins des populations, un maillage permettant d’aller chercher les productions d’électricité là où elles sont disponibles, en fonction de l’oscillation des demandes ou des défaillances locales de production. Et, afin d’envisager un mix énergétique reposant principalement sur des énergies renouvelables, des experts ont tenté d’établir un calendrier prévisionnel de la production électrique (vent et soleil) en fonction de la météo. Leurs conclusions s’accordent : les sources d’énergie renouvelable (dont le vent) sont incertaines et il est donc impossible de s’appuyer sur elles même sur une base hebdomadaire, mensuelle ou saisonnière et à l’échelle du continent. Autrement dit, il arrive – et trop souvent – que sur toute l’Europe les conditions ne permettent pas de produire suffisamment d’énergie pour répondre aux besoins au bon moment et au bon endroit.
Pour prendre un cas concret, en 2018 la puissance du parc éolien et photovoltaïque installé en Allemagne était de 100 gigawatts. Le 24 juillet de cette année vers 5 heures du matin, la demande en électricité était de 54 gigawatts, presque deux fois moins que la capacité de production. Pourtant en ce moment précis, même avec une demande très faible, le parc allemand n’a pu fournir que 2,6% de la demande. Ainsi l’obligation de réguler précisément la production d’électricité pour l’accorder à une consommation instantanée variable est impérative (sans coupures) nécessite des réseaux européens interconnectés et la mise en place de centrales de secours (à gaz, pétrole ou charbon) fonctionnant à temps partiel, donc mal rentabilisées et impliquant une production encore plus coûteuse et plus polluante.
N’écoutons pas les affairistes du vent
Le « foisonnement » est donc du vent. De plus, en hiver comme en été, les périodes où les besoins sont les plus importants sont généralement anticycloniques rendant l’éolien inefficace pendant de longues durées, allant jusqu’à deux semaines. Et en mer ce n’est pas mieux.
Retrouvez notre dossier sur les paysages et les éoliennes dans Causeur #76, Paysages: arrêtez le massacre!
Malgré les déclarations dithyrambiques des promoteurs, la production de l’éolien marin (avec un coût de production au moins double) n’est pas plus régulière et une analyse de 17 mois de production du parc offshore écossais Robin Rigg le montre clairement.
Le foisonnement de la production d’électricité éolienne en France et en Europe est, et restera, un mythe entretenu par les thuriféraires des énergies renouvelables « coûte que coûte » et propagé par les affairistes du vent. L’apport du solaire en hiver est, lui aussi, limité, surtout la nuit… Si l’on s’interdit le charbon, le fuel et le gaz pour diminuer les émissions de CO2 préconisées par l’Europe, alors comment assurer la fiabilité du réseau ? Le stockage rétorquent les apôtres du renouvelable ! Il suffirait de stocker les surproductions du renouvelable pour les utiliser lorsqu’il n’y a pas de vent et/ou de soleil. Excellente idée… sauf que personne n’a les moyens techniques et économiques de stocker massivement de l’énergie, même sous forme d’hydrogène. Certes, on sait stocker de l’électricité (batteries, hydrogène, méthanation, barrages etc.), mais pour le faire en quantités à l’échelle des besoins d’un pays comme la France, ils s’avèrent tous aussi dérisoires que ruineux !
Bref, les annonces d’un possible stockage d’électricité à l’échelle d’un pays sont des leurres destinés à faire croire que les productions erratiques de l’éolien et du photovoltaïque peuvent être lissées et maîtrisées pour favoriser leur coûteux développement subventionné par l’argent public. Sans nucléaire, hydrocarbures ou charbon pour produire massivement une électricité pilotable et sans stockage massif pour absorber et restituer les productions erratiques du vent et du soleil, aucune politique énergétique ne sera crédible. C’est malheureusement aussi simple !
>>> Pour en savoir plus : une version plus détaillée, agrémentée de graphiques et d’études a été publié sur le site Le Monde de l’Énergie <<<
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