Accueil Édition Abonné Décembre 2019 Normale sup : le bazar intersectionnel

Normale sup : le bazar intersectionnel

Le début de la fin pour cette institution


Normale sup : le bazar intersectionnel
L'Ecole normale supérieure. (c) Hannah Assouline

L’Ecole normale supérieure de la rue d’Ulm encourage les provocations gauchistes. Avec un mélange de sottise potache et d’esprit sérieux, la droite et la police y sont conspuées et les élèves sommés de participer aux activités queer, féministes ou écolos.



En 1895, pour le centenaire de l’École normale supérieure de la rue d’Ulm, son directeur, Georges Perrot, demandait aux élèves « d’entretenir cette flamme subtile et vivace, l’esprit même de l’École, qui s’est transmise jusqu’ici, comme le flambeau dont parle le poète, de génération en génération ». « Les destinées de l’École, écrivait-il, ne seraient compromises que le jour où les intelligences s’y endormiraient, où s’y éteindrait l’ardeur de la sainte curiosité, où, par l’effet de je ne sais quelle anémie que nous n’avons aucune raison de prévoir, la vie s’en retirerait. “Vous êtes le sel de la terre”, pouvons-nous dire, pour parler la langue de l’Évangile, à nos élèves d’aujourd’hui, de demain et d’après-demain ; “mais si le sel perd sa saveur, qui la lui rendra ?” »

La « flamme » brille-t-elle encore ? Une simple visite dans la salle Raymond-Aron de l’école permet d’en douter. Celui qui s’attend à se trouver dans un haut-lieu de la République, où furent formés la plupart des meilleurs esprits du pays pendant deux siècles, a de quoi être ébranlé : « Je pense, donc je casse », proclame un tag infect. « Nik la BAC et les connards de droite », répond l’autre. On se demande qui sont ces vandales qui ont osé piétiner, souiller, dégrader le bien commun. Ont-ils été identifiés ? Appréhendés ? Si ce sont des élèves, ont-ils été sanctionnés ?

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Ces questions n’ont probablement pas effleuré la direction et les professeurs. La barbarie fait partie du paysage, tout simplement.

Ainsi, entre deux cours, on peut croiser dans les couloirs de l’école des jeunes gens pieds nus et en pyjama, arborant une belle barbe calquée ostentatoirement sur celle de Marx. On peut s’inscrire aux soirées pour ainsi dire quotidiennes et aux multiples activités comme initiation à la tecktonik, aquaponey, bataille de polochons, etc., dont les horaires sont placardés dans chaque couloir. Si l’on loge à l’internat, on peut discuter avec ceux qui ont repeint le réfrigérateur de la cuisine commune aux couleurs d’Extinction Rébellion, et qui vous souhaiteront bonne chance dans votre « cassage de CRS » du lendemain. Peut-être vous invitera-t-on aux seules réunions partisanes qui semblent pouvoir – et peut-être devoir – exister en ces lieux : de « gauche », bien sûr ! Vous entendrez parler du collectif FRAAP (Féministes pour une réflexion et une action anti-patriarcales) qui semble obnubilé par le « consentement éclairé et enthousiaste » en matière de relations humaines, sexuelles ou non (dont on bassine la nouvelle recrue dès le jour de la rentrée), ou encore des membres de l’« Hômonerie », organisateurs zélés d’événements queer en tous genres (« Pro queer stination ») chapeautés par une administration plus que souriante. On le sent bien, aucune remarque ou objection ne saurait être tolérée au sujet de ces orientations : il faut raser les murs. Et cette ambiance qui conjugue la sottise potache et l’esprit de sérieux progressiste se reflète, d’une manière ou d’une autre, dans les cours, comme si l’école entière était habitée par cet « esprit ».

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Décembre 2019 - Causeur #74

Article extrait du Magazine Causeur




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