Le président élu prétend se battre pour ses concitoyens appauvris par vingt ans de mondialisation. Sauf que, pendant tout ce temps, Biden a été au service des banques qui ont contribué à cet appauvrissement. Un sacré conflit d’intérêts.
Selon toute probabilité, le 20 janvier prochain en fin d’après-midi, Joe Biden deviendra POTUS, le président des États-Unis. Il doit d’abord ses victoires électorales – les primaires démocrates d’abord, la présidentielle ensuite – à la pandémie du Covid-19 et à la perception qu’ont une majorité d’Américains de sa gestion par Donald Trump. Pour le reste, le bilan du 45e président a été très peu débattu pendant la campagne. Si l’ensemble de ses décisions économiques, politiques et diplomatiques peuvent être aussi bien défendues que critiquées, deux éléments me semblent déterminants.
Joe Biden ou la mise à mort des classes moyennes
Le premier est son rapport à la vérité qui demeure pour moi rédhibitoire. Certes, au cœur de la politique, il y a le secret, qui a le mensonge pour garde du corps. Difficile donc de reprocher à Donald Trump d’avoir menti beaucoup et souvent. Lyndon Johnson et Richard Nixon, pour ne prendre que ces deux exemples récents, n’étaient pas connus à Washington comme des adeptes acharnés de la vérité. Le problème avec Trump est qu’il a anéanti, ou laissé anéantir, l’idée même de vérité. Même s’il n’est pas QAnon, QAnon c’est lui[tooltips content= »QAnon est une théorie du complot qui se propage aux États-Unis depuis fin 2017. Ses adeptes croient qu’une cabale de pédophiles adorateurs de Satan tient le vrai pouvoir à Washington. Cet « État profond » aurait conspiré contre le président américain Donald Trump, seul capable de lui résister et de l’éliminer. »](1)[/tooltips]. Trump a vidé les signifiants de leur sens pour les transformer en pures armes rhétoriques dénuées de rapport avec un signifié quelconque. Or, sans la possibilité d’une vérité, l’idée même de politique n’a pas de sens. Rien que pour cela, sa défaite me paraît être une bonne chose.
Pour autant, et c’est le deuxième point, Trump a eu l’immense mérite de mettre au cœur du débat – grossièrement, de manière chaotique et souvent contre-productive – la plus grande question de notre temps : quel avenir proposer aux classes moyennes écrasées par la mondialisation ? Après des décennies de stagnation salariale et de précarisation, les petits-enfants des GI’s subissent un processus brutal et sans issue de paupérisation dont personne ne sait comment les sortir. Aux États-Unis, la perte de pouvoir d’achat a longtemps été camouflée par un système de crédit à la consommation
