Bruno Retailleau à l’Intérieur et Gérald Darmanin à la Justice constituent un parfait duo régalien, capable de mettre fin à l’opposition stérile qui existe trop souvent entre ces deux ministères. C’est une chance à la fois pour les forces de l’ordre et pour les magistrats.
La composition du gouvernement de François Bayrou a suscité des critiques parfois virulentes, dont la mauvaise foi et le parti pris ont fait douter plus que jamais de l’honnêteté politique. On a tout à fait le droit de ne pas l’estimer conforme à ses désirs mais on ne peut nier, qu’on apprécie ou non l’ensemble des ministres, qu’il a de la tenue, de la qualité, de la cohérence.
Pour qui souhaite sincèrement la réussite de François Bayrou, dans l’intérêt de la France, il suffit de se demander quel ministre nous manque dans ce gouvernement. Pour ma part je ne regrette que l’absence de Xavier Bertrand qui aurait dû accepter, selon moi, le ministère de l’Agriculture que le Premier ministre lui avait proposé. Il y a des susceptibilités et des polémiques qui ne me semblent pas accordées à la gravité de la situation ni acceptables au regard des personnalités concernées.
Je le dis d’autant plus volontiers que la particularité essentielle, le caractère profondément novateur de cette structure de gouvernement, est la constitution d’un couple régalien authentique. Il est composé d’un remarquable ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau – appréciation que valide une majorité de Français, ce que Jean-Jacques Urvoas évoquant « les têtes d’affiche » de ce gouvernement a paru oublier (Le Monde) – et d’un garde des Sceaux, Gérald Darmanin qui, pour avoir été en charge de la place Beauvau, est parfaitement légitime place Vendôme.
Depuis des lustres, je pourfends cette volonté de faire croire à une obligatoire et nécessaire distance entre ces ministres, leurs administrations et les mondes dont ils ont la charge. Je n’ai jamais compris pourquoi la France se devait d’abriter, par respect d’une symbolique plus que du réalisme, deux ministères aux buts communs mais contraints de s’afficher méfiants l’un de l’autre.
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Contrairement à ce que j’ai entendu d’Évelyne Sire-Marin, le 26 décembre, dans les Vraies Voix à Sud Radio, le ministère de la Justice n’a pas vocation à être un contre-pouvoir mais, pour la première fois, il sera une part fondamentale d’un espace intellectuel, politique et régalien dont l’esprit sera également celui du ministère de l’Intérieur.
Cette opposition stérile qui n’a cessé, comme dans un jeu de rôle, de confronter des postures ministérielles vouées paraît-il à être structurellement antagonistes, va s’interrompre. Au lieu d’avoir un affrontement, des philosophies diverses et contrastées, la France bénéficiera d’un couple déterminé à mener une action à l’unisson, pour la sécurité comme pour la justice pénale.
Il n’est pas absurde d’espérer de cette entente unique un remède à la relation souvent médiocre entre la police et la magistrature. Les deux ministres sont très au fait de ces dissensions délétères au point d’avoir pu entraver l’efficacité du combat contre la délinquance et la criminalité.
J’aime que Gérald Darmanin ait affirmé vouloir concrétiser la feuille de route du peuple français, ce qui en effet constitue une manière lucide d’appréhender le futur de ses efforts ministériels.
Le nouveau garde des Sceaux est totalement adapté à la fonction qui lui a été confiée. Il ne déteste pas les magistrats, dont il administrera l’univers en cherchant à répondre à leurs attentes tant matérielles qu’humaines. Il n’aura pas pour impératif de se lancer dans un « Grand soir » à la fois utopique et inutile mais de veiller avec un pragmatisme intelligent, volontariste et réactif – c’est la marque de Gérald Darmanin -, à pallier les dysfonctionnements immédiats, à réparer les manques et les pénuries trop criants, à se pencher sur l’univers carcéral pour faciliter l’exécution des courtes peines et pour résoudre le scandale de certaines prisons surpeuplées, tant pour remettre de l’ordre dans les établissements pénitentiaires que pour les « nettoyer » en se souciant au premier chef de la sécurité des surveillants, mise en péril par la violence des détenus faisant la loi, par les instructions criminelles émanant des caïds et par les trafics de toutes sortes. Avec les portables omniprésents.
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En résumé, Gérald Darmanin veut des opérations « place nette » dans les prisons et des « maisons d’arrêt plus petites » (TF1).
Un travail colossal à accomplir mais qui appellera moins de déclarations partisanes, moins d’éructations anti-RN que de patience, d’obstination, de créativité et de modestie. Ce n’est pas d’une « grande gueule » dont la justice a besoin mais d’un ministre qui démontrera à chaque instant sa capacité de transformer le réel imparfait. Ni impuissance ni fatalité !
Gérald Darmanin s’est rendu dès le 25 décembre au tribunal judiciaire d’Amiens et au centre pénitentiaire de Liancourt. Il a exposé ses objectifs. Il sera plus le ministre des victimes que celui des coupables. Il a donné son numéro personnel aux responsables des syndicats : de grâce, que ces forces de régression et de corporatisme ne l’inondent pas de messages inutiles !
Je ne pèche pas par naïveté. Une chance inouïe est donnée aux forces de l’ordre comme aux magistrats. Deux ministres de qualité et de fermeté, deux personnalités prêtes à entreprendre. Et qui ne seront pas désunies.
Enfin un vrai, un authentique, un miraculeux couple régalien.
Si j’ose, c’est Noël !
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