Dans l’interminable partie d’échecs engagée par l’Iran, la diplomatie européenne doit relever un nouveau défi : comment réagir face à la cérémonie d’intronisation de l’ancien/nouveau président de la république islamique ? L’une des démarches envisagées par les ministres des affaires étrangères de l’Union Européenne était une décision collective des 27 d’envoyer à la cérémonie de lundi prochain un diplomate subalterne. Sauf que les Iraniens ne sont pas nés d’hier. Ces fins joueurs ont sans doute anticipé la manœuvre européenne et, pour la contrer, ont envoyé des invitations nominatives à tous les ambassadeurs. Dans ces circonstances, déléguer un troisième secrétaire constituerait une protestation nettement plus forte que celle que l’UE souhaite manifester en ce moment. La solution européenne – typique – a donc été de laisser chaque Etat choisir sa réaction, ce qui est déjà une petite victoire pour Téhéran dont la stratégie est de diviser ses adversaires. Face à ce dilemme la France pourrait faire preuve de créativité diplomatique et envoyer son ambassadeur à la cérémonie, mais arborant sa plus belle cravate verte (et non, il n’est pas trop tard pour en acheter une car en Iran, grâce à Allah et son prophète, les magasins sont ouverts le dimanche). Et si ses collègues européens agissaient de même, alors on peut être certain que les visages de l’heureux élu et de ses soutiens pourraient prendre aussi cette couleur.
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