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En France, les soignants non vaccinés devront être patients

Le regard libre d'Elisabeth Lévy


En France, les soignants non vaccinés devront être patients
Conférence de presse de Jérôme Salomon, directeur général de la Santé, Paris, 17 décembre 2020 © Jacques Witt/SIPA

Les soignants suspendus vont-ils enfin être réintégrés?


Pas si vite ! Le processus administratif qui pourrait aboutir à cette décision vient à peine de commencer.

Le gouvernement pourrait adopter la réforme des retraites par ordonnance, mais il ne peut pas décider de lever l’obligation vaccinale qui a condamné à l’inactivité et parfois à la misère des milliers de personnels hospitaliers, suspendus sans traitement et sans droit au chômage !

Le gouvernement doit consulter, demander aux experts, réfléchir mille fois… Il a saisi la Haute autorité de Santé qui annonce que « l’obligation vaccinale contre la Covid-19 pourrait être levée pour tous les professionnels visés », mais réserve son avis définitif à la fin mars, le temps de mener une consultation publique (où ça, sur Twitter peut-être ?). Et puis, il faudra aussi que le Comité Consultatif National d’Ethique donne son feu vert.  Et seulement au bout de ce long processus, peut-être réintégrera-t-on les personnels suspendus,  mesure prise depuis longtemps dans la plupart des pays qui avaient adopté une obligation similaire… Bizarrement, dans cette affaire, on ne nous sert pas l’argument habituel du « tous les autres le font».

N’est-ce pas légitime que le gouvernement s’en remette aux scientifiques?

Non désolé, il faut le répéter : personne n’a élu les médecins. Par définition, la décision est politique et doit donc être prise par des élus. Et c’est d’ailleurs encore plus vrai sur ce sujet, parce que l’obligation vaccinale n’a en réalité aucune justification scientifique sérieuse depuis qu’on sait que le vaccin n’empêche ni la transmission ni la maladie, mais seulement ses formes graves (ce qui n’est pas rien).

A relire: Soignants suspendus, un scandale d’État?

Les soignants qui ne voulaient pas se faire vacciner proposaient de faire des tests quotidiens. On a fait venir des soignants positifs, malades mais vaccinés. C’était absurde. Aujourd’hui, c’est encore pire : on ne contrôle plus personne et on voit beaucoup de gens sans masque dans nos hôpitaux. La suspension des soignants non vaccinés n’a donc plus qu’une dimension punitive. On leur en veut d’avoir désobéi – ce qui était leur droit d’un point de vue constitutionnel.

Enjeu moral

En réalité, il y a derrière cette polémique un enjeu moral. On ne pourrait pas faire confiance à un soignant qui refuse le vaccin car il ne croirait pas en la science.

D’abord, on se fiche qu’un brancardier ou un agent d’entretien croit ou non en la science. Ensuite, la majorité des soignants non-vaccinés ne sont pas des antivax obscurantistes et superstitieux. Ils font un rapport coût/avantages, qui peut bien sûr se discuter mais qui peut s’entendre.

Mais, justement, ce débat est interdit. Et j’attire l’attention sur un paradoxe : ce sont les partisans de l’obligation vaccinale et de la sanction qui se comportent aujourd’hui en religieux. Ils brandissent le vaccin comme un totem, et quiconque refuse de l’adorer mettrait en péril l’ordre social !

Ce qu’ils reprochent aux réfractaires, ce n’est pas de mettre les autres en danger (en particulier les patients), c’est de ne pas adhérer au dogme.


Cette chronique a d’abord été diffusée sur Sud Radio

Retrouvez la directrice de la rédaction après le journal de 8 h, dans la matinale de Sud Radio, du lundi au jeudi.




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Fondatrice et directrice de la rédaction de Causeur. Journaliste, elle est chroniqueuse sur CNews, Sud Radio... Auparavant, Elisabeth Lévy a notamment collaboré à Marianne, au Figaro Magazine, à France Culture et aux émissions de télévision de Franz-Olivier Giesbert (France 2). Elle est l’auteur de plusieurs essais, dont le dernier "Les rien-pensants" (Cerf), est sorti en 2017.

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