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En France, la liberté d’expression n’est plus qu’une expression

Le grand mythe de la diversité des points de vue dans les médias


En France, la liberté d’expression n’est plus qu’une expression
Thierry Breton, Commissaire européen au marché intérieur, lors d'une conférence de presse sur le Digital Markets Act, à Bruxelles le 25 mars 2024. Virginia Mayo/AP/SIPA

Comme le montrent les attaques menées par les militants de gauche sur le financement de CNews, Causeur, Valeurs actuelles, Boulevard Voltaire, Fdesouche et, plus récemment L’Incorrect, la notion de pluralisme des médias est une vue de l’esprit. La pensée unique, pensée mondialiste et immigrationniste, est de plus en plus forte. Tribune de Didier Desrimais.


« Vous rendez-vous compte qu’en l’année 2050, au plus tard, il n’y aura pas un seul être humain vivant capable de comprendre une conversation comme celle que nous tenons maintenant ? […] Même les slogans changeront. Comment pourrait-il y avoir une devise comme “La liberté, c’est l’esclavage” alors que le concept même de liberté aura été aboli » George Orwell, 1984.

Malin, le système médiatique dominant est parvenu à faire croire au plus grand nombre qu’il existe des différences essentielles entre, par exemple, l’audiovisuel public et le groupe TF1 (TF1, LCI, TMC), Libération et les titres du groupe Le Monde (Le Monde, Le Nouvel Obs, Télérama), la quasi-majorité de la presse régionale et La Croix ou L’Humanité. Les divergences sont en réalité minimes et largement supplantées par les nouvelles idéologies que la presse subventionnée – 193 millions d’euros distribués en 2023 ! – et l’audiovisuel public et privé (TF1, BFMTV) promeuvent de concert. Ces médias emploient de plus en plus de journalistes sortant des mêmes moules universitaires, tiennent les mêmes discours à la gloire de la diversité, de l’immigration, du « vivre-ensemble », partagent les mêmes opinions lénifiantes sur le genre, le féminisme, l’Europe et l’écologie. Prêts à tout pour consolider leur position hégémonique, ils ne supportent pas de voir émerger des empêcheurs de penser en rond. 

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Sur les réseaux sociaux, il y a le pire et le meilleur. Le pire, Régis Debray l’a excellemment décrit en qualifiant ces réseaux de « tout-à-l’égo ». Le meilleur est apparu lorsque des individus se sont permis d’utiliser la puissance de propagation desdits réseaux pour faire connaître des informations et des opinions que les médias officiels minimisaient ou ignoraient par pure idéologie. Mais le système médiatique a de puissants alliés. Jack Dorsey, ex-propriétaire de Twitter, progressiste américain adepte de toutes les formes de méditation mais aussi de toutes les formes de censure, fut l’un d’eux. Le rachat de Twitter, devenu X, par Elon Musk, adepte d’une liberté d’expression totale, n’a pas ravi le camp démocrate américain ou la nomenklatura européenne – c’est le moins qu’on puisse dire. Thierry Breton et la Commission européenne enquêtent d’ailleurs régulièrement sur la plateforme depuis qu’Elon Musk la dirige et ont créé à cette occasion, en 2022, le Digital Services Act, un règlement européen « encadrant » les pratiques des services numériques. Ce n’est qu’un début : la Commission européenne prépare de prochaines réglementations qui permettront de mieux contrôler les plateformes numériques et les médias dissidents afin de les mettre au pas.

Car, parallèlement aux réseaux sociaux, sont apparus sur Internet des sites d’information et d’expression politique affichant des lignes éditoriales allant à l’encontre des projets de l’UE et des médias mainstream. Il y a, là encore, du bon et du moins bon, mais, pour défendre son pré carré, le système médiatique ne fait pas dans la demi-mesure : pour lui, tous ces sites sont, au choix, complotistes, réactionnaires ou d’extrême-droite. Les opinions remettant en cause les projets mondialistes, progressistes ou écologistes des élites occidentales – élites dont se targuent de faire partie la plupart des médias aux ordres du pouvoir – n’émaneraient que de fascistes ou de nostalgiques du IIIReich.

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Il n’empêche, de nouveaux médias ont vu le jour. Les citoyens désireux de ne pas s’en laisser conter peuvent découvrir ainsi des points de vue différents, sur des sujets peu abordés ou présentés de manière univoque dans les médias dominants. Des chaînes comme CNews, des magazines comme Causeur, des sites comme Boulevard Voltaire ou Fdesouche (revue de presse qui met en exergue des informations sur l’insécurité, l’immigration, le wokisme, etc., souvent reléguées à la rubrique des faits divers dans les médias), des médias comme Frontières (ex-Livre noir), TVL ou Omerta, pour n’en citer que quelques-uns, sont parvenus à attirer un public curieux d’entendre un autre son de cloche. La plupart de ces magazines, sites ou plateformes numériques ne survivent que grâce aux abonnements, aux dons des particuliers ou à de rares actionnaires mettant la main au portefeuille. L’ensemble de ces médias hors du système officiel ne représente pas le vingtième de l’offre médiatique…

…Mais, pour le système médiatique au pouvoir, c’est encore trop. Malgré ses beaux discours sur la liberté d’expression, le débat et la pluralité des opinions ne sont pas sa tasse de thé. Les premiers alliés de ce système bien établi sont des organisations qui se targuent de lutter contre le… Système. En plus des mouvements d’extrême-gauche réclamant des contrôles incessants pouvant aboutir à la censure, des ONG et des collectifs politisés n’hésitent pas à user de tous les moyens, même illégaux, pour nuire aux médias qui ne leur conviennent pas – et qui sont souvent les mêmes que ceux qui irritent le système médiatique en place. Les Sleeping Giants, par exemple, sont une organisation composée d’activistes anonymes supposés s’opposer aux « discours de haine » sur Internet et dans les médias. Cette organisation est en réalité un organisme de censure totalitaire ne visant que les opposants aux idéologies gauchistes, wokistes ou immigrationnistes. En France, Valeurs actuelles, Causeur et Boulevard Voltaire ont été les cibles de ces fascistes de gauche (dixit Yves Michaud) : sous la pression menaçante de ces derniers, des entreprises ont soudain cessé d’acheter des espaces publicitaires dans ces magazines et sur ces sites. Les journalistes du système en place ont-ils dénoncé ces manœuvres relevant de régimes totalitaires ? Non. Trop lâches ou trop heureux de voir des médias récalcitrants risquer de boire le bouillon, ils sont restés muets.

Comme ils sont restés muets lorsque, dernièrement, le magazine L’Incorrect a subi une attaque de grande envergure, visiblement coordonnée et destinée à le plonger dans la plus grande difficulté, voire à l’éradiquer. Le 7 juin, la revue mensuelle a d’abord été exclue de deux plates-formes de financement participatif (Ulule et Kiss Kiss Bank Bank), ce qui a empêché le lancement d’un numéro hors-série sur le génie français. Une cyber-attaque s’est abattue sur le magazine le 10 juin. Puis le groupe Meta (Facebook, Instagram, etc.) lui a refusé des publications promotionnelles payantes. Enfin, la banque en ligne pour les entreprises et les indépendants, QONTO, a annoncé au magazine, le 25 juillet, qu’il avait un mois pour vider ses comptes et trouver une autre banque – QONTO avait déjà fait le coup à l’association féministe Némésis, réputée pour ne pas partager les « valeurs » du néo-féminisme woke.

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Dans tous les cas, aucun motif n’a été donné à L’Incorrect, magazine qui semble avoir pour seul défaut sa ligne éditoriale penchant plutôt vers la droite conservatrice et eurosceptique. Non seulement les médias mainstream sont, une fois de plus, restés silencieux, mais, parmi eux, Télérama – 5,5 millions d’euros de subventions publiques en 2023 ! – s’est distingué le 29 juillet par l’intermédiaire de son délateur attitré, Samuel Gontier. Ce dernier a en effet laissé entendre que le directeur de la rédaction de L’Incorrect, Arthur de Watrigant, avait appelé, lors d’une émission de télé, à « éliminer les musulmans de France ». Ce mensonge n’est pas anodin ; il met en danger la vie d’un homme. Pourtant, aucun journaliste des médias officiels n’a cru bon de dénoncer les dangereuses insinuations du sycophante téléramesque.

Le système médiatique, s’il est conscient du fait qu’il lui est de plus en plus difficile de masquer la réalité, sait aussi qu’il peut encore compter sur une efficace force de frappe, un « discours intimidant fonctionnant comme disqualification de tout point de vue qui n’entre pas dans le cadre prédéfini par l’idéologie dominante » (1). La couverture médiatique des dernières élections législatives a montré toute la véracité de cette assertion. Les résultats des élections sont allés au-delà des espoirs des médias officiels qui ont ainsi pu mesurer leur pouvoir sur l’opinion publique. L’avenir du système médiatique semble assuré – il repose notamment sur une nouvelle caste journalistique bornée, inculte, paresseuse et militante – bref, idéale pour être manipulée et participer à la rééducation de la société. La majorité des journalistes issus des écoles de journalisme ou de Sciences Po ont en effet remplacé le travail et la culture par l’idéologie et l’engagement dans des causes politiquement correctes, de l’écologisme au transgenrisme.

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En plus d’être politiquement endogame, la presse bien-pensante reçoit par ailleurs trop d’argent public pour pouvoir travailler, en toute indépendance, sur certains dossiers qui méritent mieux que les quatre lignes inconsistantes ou orientées écrites par l’AFP, un des piliers du système, et reprises invariablement, telles quelles, dans tous les journaux. Quant aux médias audiovisuels officiels, les récentes décisions de l’Arcom ne peuvent que les réjouir – C8 va disparaître de la TNT, CNews continue de bénéficier d’une fréquence mais est sous très haute surveillance, l’agence dite de régulation rappelle à l’ordre Sud Radio qui a osé inviter un physicien critiquant les conclusions du GIEC tandis que Radio France peut continuer de s’enorgueillir d’interdire d’antenne toute personne osant critiquer les conclusions du GIEC. Par ailleurs, si les médias français sont invités à parler de plus en plus de l’Europe, ils sont également fortement incités à ne le faire que du point de vue des élites bruxelloises – par conséquent, rares sont ceux qui ont osé aborder sérieusement certains sujets comme, par exemple, les échanges secrets entre Mme Von der Leyen et Pfizer, le Qatargate et, plus généralement, la corruption au sein du Parlement européen, le démantèlement d’EDF sous la férule des Allemands, l’entrisme des Frères musulmans dans différentes instances européennes ou le Pacte de Marrakech et les propos hallucinants de la commissaire européenne Ylva Johansson sur l’inévitable et « nécessaire » repeuplement de l’Europe par une immigration quasi-illimitée.

En France, la liberté d’expression n’est plus qu’une expression. Comme il arrive souvent lorsque telle ou telle chose qui importait aux yeux des hommes finit par mourir sous les coups, le mot qui la désigne se gonfle d’importance en se voyant rempli d’une nouvelle mission : faire croire qu’elle est toujours de ce monde, et en excellente santé encore. Ainsi en est-il de la liberté d’expression que le système médiatique officiel, les institutions publiques françaises et la Commission européenne chantent sur tous les toits – tandis qu’ils œuvrent, jour après jour, sans relâche, assidûment, à sa disparition définitive.

(1) Laurent Fidès, Face au discours intimidant, essai sur le formatage des esprits à l’ère du mondialisme (L’Artilleur, 2014).

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Amateur de livres et de musique. Dernier ouvrage paru : Les Gobeurs ne se reposent jamais (éditions Ovadia, avril 2022).

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