« Bonnes fêtes » ou « Joyeux Noël » ? « Omicron » ou « omicrone » ? Brèves remarques sur la plus belle histoire du monde.
Aurélien Marq semble vouloir nous imposer le choix entre dire « Bonnes fêtes » et « Joyeux Noël » sous peine de sombrer dans la collaboration islamogauchiste. Le problème, c’est que même en polarisant à l’extrême la situation dans une guerre civile larvée, souhaitée ou fantasmée, l’immense majorité se souhaitent les deux, sans trop se préoccuper de savoir si par hasard ils ne seraient pas les soldats manipulés d’une guerre de religions entre wokes écologauchistes et wokes ethnonationalistes. Mon épicier arabe m’a souhaité « Joyeux Noël « (la Taqqyia, vraiment ?), et j’ai dû dire « Bonnes fêtes » à ma marchande de tabac visiblement zemmourienne alors que je vais assister à la messe de minuit contrairement à elle, à 22 heures au Couvent des Dominicains de Lille. En fait, il faudrait un test PCR pour déterminer ceux qui sont cathos pour des raisons d’affirmation identitaire et ceux qui sont cathos parce qu’ils ont toujours le cœur battant devant la plus belle histoire du monde, celle d’un enfant qui accouche dans une étable avant de fuir la police vers une autre contrée, une histoire de migrant ou de réfugié, en fait, qui est venu pour nous sauver.
Puisqu’on parle de test, quitte à être contaminé un de ces jours par le variant omicron, j’aimerais au moins qu’on le prononce correctement. J’ai entendu, sur je ne sais quel plateau, un médecin le dire comme il convenait, avant de se reprendre pour faire la faute: « omicrone. » Histoire de rester dans le ton. C’est un mécanisme d’une tristesse infinie qui signe ici, mais aussi dans d’autres domaines, l’irrésistible victoire de la connerie moutonnière et le renoncement désespéré de ceux qui pourraient s’y opposer en constatant que ça ne sert plus à rien, qu’il est trop tard, qu’ils sont trop peu. Comme ces élèves de ZEP que j’ai connus qui faisaient semblant de faire des fautes pour ne pas se faire traiter d’« intellos. » « On a va être très impacté par la problématique de l’omicrone » : sincèrement, une civilisation où on cause comme ça dans le poste mérite-t-elle de survivre? Heureusement que le Divin Enfant arrive ce soir parce que sinon, j’irais m’enterrer à Vierzonne, à Toulonne ou bien à Besançonne. J’aime bien Besançonne.
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Dire « Joyeux Noël » plutôt que « Bonnes fêtes » est infiniment plus révolutionnaire. Le « Bonnes fêtes » n’est pas un refus de Noël ou je ne sais quelle allégeance par anticipation à je ne sais qui. C’est pire, c’est l’ignorance consumériste du message révolutionnaire de l’Evangile. Reprenons le Sermon de Noël du très bolchévique (tendance Roi Soleil) Bossuet. Il est assez claire, je crois : « Il me faut un sauveur qui fasse honte aux superbes, qui fasse peur aux délicats de la terre, que le monde ne puisse goûter, que la sagesse humaine ne puisse comprendre, qui ne puisse être connu que des humbles de cœur. Il me faut un sauveur qui brave, pour ainsi dire, par sa généreuse pauvreté nos vanités ridicules, extravagantes. Le voilà, je l’ai rencontré, je le reconnais à ces signes. »
Joyeux Noël à tous.
Et Bonnes fêtes. Aussi.
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