Accueil Politique Emmanuel Macron et le passe sanitaire, l’autoritarisme au lieu de l’autorité

Emmanuel Macron et le passe sanitaire, l’autoritarisme au lieu de l’autorité

Les policiers curieusement exemptés de vaccination obligatoire


Emmanuel Macron et le passe sanitaire, l’autoritarisme au lieu de l’autorité
Emmanuel Macron sur le tour de France, Luz Ardiden, 15 juillet 2021 © jeep.vidon/SIPA Numéro de reportage : 01028166_000001

Macron n’assume pas la vaccination obligatoire et s’emploie à détruire tout ce qui devrait relier l’État à la Nation.


Difficile de croire qu’Emmanuel Macron serait un imbécile, quels que puissent être ses défauts par ailleurs. Difficile aussi de croire qu’il ignorerait les bases les plus élémentaires de la gestion de crise, et de la communication en temps de crise. Il a à sa disposition les ressources de plusieurs centres de formation de très haut niveau, de l’école des officiers de sapeurs-pompiers à Aix-en-Provence jusqu’à l’École de Guerre à Paris. Force est donc de conclure que ce qu’il fait est volontaire, et profondément pervers.

Je ne me prononcerai pas sur l’efficacité ni la nécessité du vaccin : je ne suis ni épidémiologiste, ni immunologiste, ni généticien. Je rappelle simplement que la gestion de crise suppose par définition de choisir entre plusieurs prises de risque, sans bénéficier du recul normalement nécessaire, et que les critères de choix du temps « normal » ne s’y appliquent pas à l’identique. Je relève que la vaccination est une avancée scientifique majeure, qui a permis de surmonter des épidémies et des maladies jadis terrifiantes, et qu’il existe déjà des vaccins obligatoires qui ne posent rigoureusement aucun problème. Mais je relève aussi que beaucoup de gens qui exigeaient hier que l’on applique à un médicament connu depuis des décennies les critères de pharmacovigilance les plus élevés – au mépris des nécessités de la gestion de crise – oublient fort opportunément aujourd’hui d’avoir le même niveau d’exigence envers les vaccins. Et vice-versa.

Un débat devenu hystérique

Mais ce n’est pas le sujet. Plus, même : nous devons tous refuser que ce soit le sujet, nous devons refuser de nous laisser enfermer dans un débat devenu hystérique, alors qu’il devrait s’agir d’une discussion rigoureuse, confrontant les faits, les observations, les analyses, et comparant aussi froidement que possible les avantages, les inconvénients et les risques de plusieurs hypothèses d’action.

Car pour nous tous, citoyens, l’essentiel est que même en faisant l’hypothèse que les vaccins contre le Covid-19 soient sûrs et nécessaires, l’attitude du gouvernement est non seulement catastrophique, mais malsaine.

Qu’est-ce donc que ce président qui n’a pas l’honnêteté de dire qu’il rend la vaccination obligatoire, mais qui dans les faits y contraint tout le monde à grands renforts de mesures vexatoires et de sanctions délirantes tant elles sont démesurées ? Car enfin ! On parle par exemple de 45 000€ d’amendes et d’un an d’emprisonnement, ou de licenciements. Soit il n’est pas nécessaire de rendre la vaccination obligatoire, et les sanctions prévues sont inacceptables, soit de telles sanctions sont justifiées, et c’est que la crise est telle que la vaccination doit être rendue obligatoire, le gouvernement se montrant alors d’une négligence criminelle en ne l’imposant pas, ce qui aurait au moins le mérite de la franchise.

A lire aussi, Jean-Paul Brighelli: Un vaccin? Quel vaccin?

Car Macron n’oblige pas, ou plutôt il oblige sans dire qu’il oblige mais en obligeant tout de même. Préférant l’autoritarisme à l’autorité, il nous dit : « vous avez le choix, mais si vous ne choisissez pas ce que je veux que vous choisissiez, je vais vous pourrir la vie jusque dans les moindres détails de votre quotidien. » Autrement dit : « vous êtes libres, mais si vous ne faites pas de votre liberté ce que je veux que vous en fassiez, gare à vous ! » Attitude perverse, qui jouit d’emprisonner ses victimes dans une sinistre parodie de liberté mais ne leur laisse aucune marge de manœuvre réelle.

Emmanuel Macron n’assume rien. Plutôt qu’une vaccination systématique une bonne fois pour toutes, il veut mettre en place une société ubuesque où chacun d’entre nous est sommé de se transformer en instance de contrôle pour vérifier vingt fois par jour l’état du passe sanitaire d’un invité ou d’un client.

L’illusion du choix

Comment ne pas souligner le mépris évident de la macronie envers les Français ? Combien de fois le président avait-il assuré que la vaccination ne serait jamais obligatoire, et que l’usage du passe sanitaire resterait raisonnable ? « Ah, mais je ne vous oblige pas, je vous laisse l’illusion du choix. » Eh bien justement : cette illusion qui ne se donne même plus la peine de dissimuler qu’elle n’est qu’une illusion, est infiniment plus méprisante qu’une franche obligation. Dans de telles conditions, que peut encore valoir la parole donnée ?

Comment ne pas rappeler aussi les propos d’Eric Dupond-Moretti, qui s’opposait à toute vaccination obligatoire des détenus puisque « ce ne sont pas des cobayes. C’est une question de dignité. » Les soignants, restaurateurs, etc, apprécieront de savoir que pour la macronie leur « dignité » vaut moins que celle d’un violeur multi-récidiviste ! D’ailleurs, certains médias en arrivent à se demander si les non-vaccinés pourront encore être pris en charge aux urgences, alors qu’on y accueille à grands frais et en mobilisant des moyens conséquents des détenus porteurs de maladies contagieuses bien plus graves, de l’hépatite au Sida en passant par la gale. Se rend-on bien compte que le gouvernement et les médias qui l’encensent veulent traiter les gens non-vaccinés d’une manière dont jamais ils n’envisageraient de traiter les pires criminels, les bandes les plus brutales, ou les hordes de barbares fanatiques qui affichent ouvertement leur haine de notre pays et de notre civilisation ?

Comment ne pas constater l’agressivité et le dédain absurdes envers quiconque doute du bienfondé des mesures prises ? Comme si le moindre questionnement, la moindre objection étaient devenus monstrueux, comme si toute interrogation était une trahison. Très rares sont ceux qui parviennent encore, comme François-Xavier Bellamy et Loïc Hervé, à penser véritablement le sujet. Hystérisation qui empêche le débat et la réflexion au lieu de les encourager, comme devrait le faire tout responsable politique digne de ce nom dans une démocratie. On songe aux caricatures évoquant « L’affaire Dreyfus, ils en ont parlé », à la fracturation des groupes d’amis, des familles, de tous ces liens précieux et nécessaires – mais qui s’opposent à la « société fluide » dont rêvent les « progressistes »… et les économistes, comme le fermier général qui nous gouverne. N’est-ce qu’un hasard ?

Les policiers curieusement exemptés

La gestion de crise est par définition un choix entre plusieurs risques, chacun peut le comprendre : que le chef entende tous les arguments, qu’il montre qu’il les a écoutés, et qu’ensuite il décide et assume, mais sans nier les incertitudes, sans se réfugier derrière des affirmations péremptoires, démenties les unes après les autres (le cirque autour des masques l’illustre parfaitement, tout comme l’incohérence de bien des mesures et les revirements systématiques), qui jettent à tort le discrédit sur la méthode scientifique elle-même, alors que le seul fautif est ce gouvernement qui tremble à l’idée d’assumer ses responsabilités.

Peur d’une mise en cause pénale, dira-t-on. Sans doute. Mais alors pourquoi ne rien faire contre la paralysie qu’entraîne le gouvernement des juges, qui vous diront toujours après coup que vous n’avez pas fait ce qu’il fallait, mais ne se hasarderont jamais à dire en pleine crise ce qu’il faudrait faire ? Pourquoi ne pas profiter de cette prise de conscience pour prendre à bras le corps le problème de ces inspecteurs des travaux finis qui demandent des comptes à tout le monde, mais n’en rendent jamais à personne ?

A lire aussi, Martin Pimentel: Macron: retour à l’anormal

Et comment, enfin, ne pas s’inquiéter des manœuvres du gouvernement vis-à-vis des forces de l’ordre ? Pourquoi cette absurde exemption devant l’obligation vaccinale, alors qu’elles sont au contact du public – y compris des plus fragiles – autant que les pompiers et bien plus que le secteur du tourisme, si ce n’est pour attirer sur la police et la gendarmerie l’hostilité de la population ?

La peur du retour des gilets jaunes ?

On repense aux gilets jaunes, qui lors des premières semaines, au temps des ronds-points et avant que le mouvement soit dévoyé par l’extrême-gauche, n’étaient pas hostiles aux forces de l’ordre, bien au contraire. Mais l’Intérieur avait alors décidé d’une prime spéciale, et aussitôt les gilets jaunes ont perçu policiers et gendarmes comme de vulgaires mercenaires et non des défenseurs du peuple et du bien commun. Objectif atteint pour un gouvernement qui craignait par-dessus tout que les forces de l’ordre se joignent aux manifestants. On retrouve aujourd’hui un scénario similaire, et sans doute pour les mêmes raisons.

Par égoïsme, par lâcheté, par perversité, la macronie ne cesse d’abîmer l’État. Elle ment, si pleine de mépris pour les Français qu’elle ne cherche même pas à dissimuler qu’elle ment, et décrédibilise durablement la parole publique – comment s’étonner alors de crise de la citoyenneté que révèlent des taux d’abstention records ? Elle cherche à fracturer le peuple et à le monter contre les forces de l’ordre, voulant acculer celles-ci à devenir le bras armé de son autoritarisme, plutôt que les représentants de l’autorité au service de tous. Elle pousse à la délation pour des vétilles et « en même temps » promeut un laxisme systématique envers tout ce qui menace réellement la France – on n’oubliera pas ce ministre de l’Intérieur qui voulait s’agenouiller devant les Traoré, ni cette Garde des Sceaux dont le premier réflexe, le cri du cœur, fut de condamner Mila pour plaire aux islamo-gauchistes. Elle jette comme un malpropre un chef d’état-major des Armées dont le seul tort fut de dire la vérité à la représentation nationale, mais installe des clowns à des places d’honneur pour le défilé du 14 juillet, comme si la Patrouille de France était le jouet personnel d’un roitelet potache.

Voilà la faute d’Emmanuel Macron : non sa gestion de la crise sanitaire en tant que telle, mais la destruction systématique de tout ce qui devrait relier l’État à la Nation. C’est très difficilement pardonnable.



Vous venez de lire un article en accès libre.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !

Article précédent Théo le Noir, Théo le Blanc
Article suivant Balzac frénétique
Haut fonctionnaire, polytechnicien. Sécurité, anti-terrorisme, sciences des religions. Dernière publicatrion : "Refuser l'arbitraire: Qu'avons-nous encore à défendre ? Et sommes-nous prêts à ce que nos enfants livrent bataille pour le défendre ?" (FYP éditions, 2023)

RÉAGISSEZ À CET ARTICLE

Pour laisser un commentaire sur un article, nous vous invitons à créer un compte Disqus ci-dessous (bouton S'identifier) ou à vous connecter avec votre compte existant.
Une tenue correcte est exigée. Soyez courtois et évitez le hors sujet.
Notre charte de modération