Le premier tour de l’élection présidentielle ressemble fort à un tour de passe-passe. Pour ne pas dire à un hold-up. À en croire les réactions des mandarins de la politique et des maîtres censeurs télévisuels, les élections présidentielles françaises se joueraient en un seul tour. Et ce tour unique répondrait obligatoirement à un scénario écrit par avance : la mise en scène d’un duel entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen conduisant forcément à la victoire du premier contre la seconde. Du camp du Bien contre le camp du Mal. L’élection du 23 avril 2017 n’a pas été une élection démocratique mais une élection construite. Son résultat est un résultat voulu. Macron est l’outil libéral-libertaire pour maintenir la situation politique actuelle et développer un programme économique de sueur et de sang pour nous, les sans-dents. Nous, le peuple. Et si ce scénario était erroné ?
La démocratie confisquée
L’homme politique Emmanuel Macron existe-t-il ? À l’évidence, non. Macron sort tout juste de la musette de Garcimore. Macron ? L’homme des mots creux. La star des cabinets de communicants. Que la classe politique, économique et médiatique se rallie à cette figure creuse ne surprend pas. Macron est l’homme de la synthèse des « élites mondialisées », expression forgée autrefois et à juste titre par Zygmunt Bauman.
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Il ne fait plus aucun doute qu’une oligarchie de privilégiés occupe le pouvoir. Et qu’elle n’a pas l’intention de jouer le jeu de la démocratie. Pas au point de perdre ses privilèges. Ce n’est pas une révélation. Plutôt une confirmation : le référendum de 2005 avait déjà montré combien la démocratie est confisquée en France. Faire le total des voix de tous les candidats opposés au libéral-libertarisme suffit à s’en apercevoir. Pourtant, maîtres censeurs, mandarins et prophètes des sondages l’annoncent : leur candidat sera président de la République le 7 mai. Qui représentera-t-il ? Vendu aux électeurs comme l’homme d’un renouveau de la politique, Macron n’est que la continuation de la même politique politicienne par d’autres moyens. Tout l’ancien monde est « macroniste ». Sa majorité législative, si majorité il y a, sera composée de députés issus de la même classe politique. Avec le soutien des maîtres censeurs du journalisme officiel.
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— Libération (@libe) 23 avril 2017
Macron élu le 7 mai, la France sera dans la même situation que depuis quarante ans. Le pari Macron repose sur une « certitude » : tout candidat non populiste présent au second tour contre Marine Le Pen gagnerait les élections. Les apparences sont en faveur de ce pari. Mais nombre d’électeurs se réveillent avec la gueule de bois. L’amer sentiment que l’élection présidentielle est confisquée par une minorité. On parle d’un big bang électoral ? Le résultat est précisément celui qui était attendu. On explique que les vieux partis politiques sont morts ? Ils sont provisoirement regroupés derrière Macron. Macron, la synthèse ou le chaos ?
Souverainistes des deux rives, unissez-vous
La situation rappelle la défaite d’Hillary Clinton aux États-Unis. Semblant valider la stratégie électorale des élites mondialisées, il est possible que le premier tour de la présidentielle valide plutôt celle de Marine Le Pen et de Florian Philippot. Les tenants d’un Macron président parient depuis le début sur l’automaticité d’un front républicain anti-FN. Il est possible que ce pari soit erroné. Qui pense sérieusement que tous les électeurs de Fillon, à qui l’élection a été volée par une manipulation médiatique sans précédent, ou que tous les électeurs de Mélenchon, qui n’en peuvent plus de l’oligarchie au pouvoir et qui souffrent au quotidien de la politique que les amis de Macron promeuvent, vont aller voter pour Macron comme un seul homme ? Dans le pays réel, les choses vont autrement. Une grande partie des 54 % de votants qui n’ont soutenu ni Marine Le Pen ni Macron s’abstiendra le 7 mai. Ou bien se rendra aux urnes et votera pour Marine Le Pen. C’est le pari fait par Marine Le Pen et Philippot, la raison d’être de la stratégie d’ouverture du FN vers la gauche.
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Le pari de Marine Le Pen ? Que les sans-dents en aient vraiment assez de l’horreur économique et de l’insécurité culturelle. Et que ce ras-le-bol s’exprime dans les urnes le 7 mai. Par l’abstention. Mais aussi par un vote en faveur de Marine Le Pen. Florian Philippot et Marine Le Pen sont peut-être en passe de réussir là où Jean-Pierre Chevènement a échoué : réunir les deux rives du souverainisme. Si cela se produit, le pari de l’ouverture du FN sur sa gauche, pari fait par Marine Le Pen et Florian Philippot provoquera le seul véritable big bang de la vie politique française. Si cela ne se produit pas, la présidence Macron ne sera que la continuation de la même politique par d’autres moyens. À Machiavel, Machiavel et demi ? Réponse dans quinze jours.
Macron: Au secours, Hollande revient! https://t.co/HYImClFw1T
— Causeur (@Causeur) 11 mars 2017
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