Un second mandat ouvre-t-il grand ses portes devant l’actuel président de la République ?
D’aucuns en sont convaincus, arguant du fait que tous les sondages actuels le donnent favori. On ne saurait toutefois l’affirmer sans réserve – sauf à interroger, comme les haruspices, les entrailles fumantes des victimes sacrifiées. À scruter les conjonctions astrales chères à Nostradamus et à ses épigones. Ou encore, à l’instar de Madame Irma, à lire dans les cartes, la boule de cristal ou le marc de café.
Le Plus Grand Commun Diviseur
Une seule certitude : Emmanuel Macron, grand rhétoricien s’il en est, s’est révélé, au cours de son premier quinquennat, illusionniste virtuose. Champion du grand écart. Spécialiste sans rival du « en même temps ». Habitué à manier tour à tour le chaud et le froid. La carotte et le bâton. Les promesses verbales et l’inaction totale. Le résultat le plus patent, c’est que la société française n’a jamais été aussi divisée. Le « président des riches » a suscité l’ire des Gilets jaunes, celle des soignants, celle des retraités, des enseignants, des camionneurs, des policiers, et la liste n’est pas exhaustive. Pis encore, alors que la pandémie actuelle balayait toutes les certitudes scientifiques et eût dû l’inciter à la réserve, il a tenté de dresser l’une contre l’autre deux parties de notre société, celle des sceptiques et celle des adeptes de la vaccination. Un opprobre prononcé en des termes orduriers, infâmants, qui en disent long sur l’inconscient et la morgue de celui qui pense détenir en tous domaines la Vérité.
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Le Plus Petit Commun Multiple
Cette situation incite à se poser une question : qui donc s’apprête à reconduire l’actuel président ? Une action politique perçue comme néfaste par des catégories sociales aussi différentes ne saurait susciter un enthousiasme tel que celui le voit, à l’heure actuelle, caracoler en tête des sondages. Alors ? La vérité, c’est qu’il apparaît comme le plus petit commun multiple de ses partisans. De ceux qui, par routine, conformisme, résignation, dépit né des faiblesses respectives des oppositions, ou bien encore peur de l’inconnu, voire lassitude , sont prêts à lui apporter leurs suffrages. Parmi eux, ceux que les médias ont réussi à convaincre du caractère diabolique des partis de droite. Lesquels, au demeurant, se révèlent incapables d’une union qui ferait leur force. Ceux qui ne se reconnaissent plus dans une gauche en lambeaux, mais ne sont pas prêts, pour autant, à sauter le pas qui les ferait tomber dans les bras des Insoumis ou des écolos ultragauchistes. Sans compter ceux qui louent une habileté diplomatique que rien, sinon des mots, ne vient concrétiser.
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Autant de raisons qui, fussent-elles contradictoires, s’additionnent et même se multiplient pour maintenir Jupiter sur son trône. Y parviendront-elles ? Si c’est le cas, et quel que soit le score final, cette alliance singulière du PGCD et du PPCM aurait un côté aussi énigmatique que le demeure encore aujourd’hui le théorème de Fermat !
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