Dimanche 7 mai, nous aurons donc le choix entre le mal et l’une de ses causes ou, si l’on veut être optimiste, entre le camp du Bien et… sa pire conséquence.
Le neuf et la poule
Car c’est bien cela le paradoxe de ce second tour. Entre un candidat certes jeune et moderne, mais promettant une politique dont les détracteurs avancent qu’elle sera la prolongation du « laxisme » du quinquennat Hollande, et une candidate qui lui oppose un programme autoritaire et extrémiste, on ne sait pas très bien lequel des deux a provoqué la présence de l’autre en finale : le « neuf » ou la « poule » ?
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Sur ce sujet, les réseaux sociaux et les avis sont partagés. Il y a ceux pour qui la présence du FN au second tour est une réponse populaire d’opposition à cette autre France, plutôt de gauche et aisée, taxée de bien-pensance et d’antiracisme aveuglée. Et les autres qui voient au contraire dans la qualification du candidat d’En Marche le rempart contre une France conservatrice qui se « droitise » et fait le jeu de Marine le Pen.
Mais une chose est malheureusement presque certaine : ces deux France-là seront difficiles à réconcilier, car elles s’attribuent respectivement tous les malheurs qui nous frappent.
Macron, président de tous les Français?
Alors, si selon toute probabilité nous échapperons encore cette fois-ci à l’extrémisme et que le « camp du Bien » l’emportera, le futur président Emmanuel Macron n’aura plus le droit de jouer avec le feu et devra donc, pour réunir les Français et lutter ainsi contre l’arrivée au pouvoir d’un parti extrémiste dans cinq ans, contenter tous ceux qui l’auront élu au second tour, et non pas seulement ceux qui l’y auront qualifié.
Par conséquent, dans notre pays où impossible est devenu français, il aura l’obligation de rendre possible ce « programme commun » de la gauche et de la droite de gouvernement (n’en déplaise à Jean-Luc Mélenchon !), qu’il nous a tant vanté et sans lequel notre pays ira tout droit vers le noir destin qu’on lui prédit pour 2022.
Réformer le marché du travail sans intimidation
Et pour cela, il devra faire ce qu’il a promis à ses électeurs majoritairement de gauche du premier tour mais aussi, c’est l’autre promesse induite par un positionnement au centre, tenir compte des aspirations qui se sont exprimées à travers les 20% d’électeurs de la droite et du centre qui ont voté pour le projet de François Fillon plus que pour l’homme, très affaibli dans cette campagne.
Cela veut dire qu’il devra, comme il l’a dit, réformer et libérer le marché du travail pour vaincre le chômage et atteindre le plein emploi, sans se laisser intimider par quiconque; qu’il devra faire évoluer la société, mais sans brusquer ceux qui sont attachés à une certaine culture française ou même à une conception conservatrice de la famille; enfin, qu’il lui faudra prendre la mesure de la volonté et du besoin profonds de nos concitoyens d’avoir un président qui voudra et saura restaurer l’autorité de l’État et des lois républicaines, et qui comprendra aussi qu’il nous faut aider les Français musulmans à combattre le radicalisme qui ronge leur communauté, la stigmatise aux yeux de beaucoup d’autres de leurs compatriotes, et nourrit le terrorisme que nous combattons.
S’il fait tout cela, vaste programme, il passera l’envie aux « gens » de voter pour les extrêmes, ce qui est beaucoup plus efficace que de constamment les montrer du doigt, les insulter, les exclure !
Mais chaque chose en son temps. Il faut déjà éviter que le pire ne nous arrive dès cette fois-ci. Alors, pour que la poule ne tue pas « dans l’œuf » une sorte de gouvernement d’union nationale qu’on est maintenant bien obligé de désirer, qui nous préservera peut-être encore longtemps (il faut l’espérer) des Le Pen et autre Mélenchon, nous n’avons d’autre choix raisonnable que de voter pour Emmanuel Macron.
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