Grâce au film Le discours d’un roi, nous connaissons les efforts héroïques et émouvants du roi d’Angleterre Georges VI pour surmonter son handicap oratoire et réussir à prononcer le discours que son peuple et l’Histoire attendaient de lui.
Le titre original du film est The King’s Speech, mais sa traduction en français Le discours d’un Roi en dit plus. Ce fut en effet un discours de Roi, un discours à la hauteur de la fonction symbolique occupée par son émetteur. Nous venons d’assister chez nous à une performance du même genre.
Nous savions que le président de la France, en dépit des cours de théâtre dans lesquels il a été magistralement formé, était affecté d’un handicap de profération. Il ne parvenait pas à articuler les quelques syllabes du mot « i-sla-misme ». Il contournait cette difficulté en parlant de terrorisme. Il faut préciser que son prédécesseur à la présidence de la République ne s’était pas risqué lui non plus à prononcer ce mot tabou. Et que ça n’avait pas trop réussi à ceux qui avaient eu cette audace, Manuel Valls et François Fillon.
Reconnaissons au passage que Marine le Pen, qui n’a pas sa langue dans sa poche revolver, n’éprouve pas du tout cette gêne, et qu’elle en a bien profité pendant l’unique séquence qui lui a donné l’avantage dans son débat avec Macron.
Reconnaissons aussi que Theresa May, qui n’est pas Reine, mais un peu présidente, a réussi à articuler la séquence suivante : « l’idéologie malfaisante de l’extrémisme islamiste », et à promettre qu’elle combattra cet extrémisme islamiste en tant qu’idéologie.
Une maladie très curable
Eh bien, dans son tout récent discours d’un président, prononcé à l’oreille tendue par plusieurs journaux européens, Emmanuel Macron vient de prouver qu’il avait surmonté son handicap. Par quatre fois, et sans effort apparent, il a prononcé le mot qui ne passait pas, le mot « islamiste ». Certes en tant qu’adjectif et associé seulement à sa forme terroriste. Mais ne soyons pas mauvais public, et applaudissons de bon cœur.
Applaudissons d’autant plus qu’on pouvait deviner une certaine jubilation intérieure à répéter l’adjectif redouté à trois reprises dans un même passage.
« C’est dans cette région qu’ont été fomentés des attentats terroristes et que se nourrit l’un des foyers du terrorisme islamiste. (…) Nous prévoyons des procédures spécifiques pour lutter contre ce terrorisme islamiste. (…) Il faut des réponses inédites et propres à la lutte contre ce terrorisme islamiste. »
Sa langue n’a pas fourché. Le mot « islamisme » a acquis droit de cité. Qu’attendre de mieux du discours d’un président ?
PS: tous nos lecteurs auront compris pourquoi le terrorisme islamiste était jusqu’à présent un terrorisme non identifié. Ce n’est pas à cause de sa radicalité: c’est à cause de son radical islam. Qu’il faut toujours faire rimer avec « padamalgam ».
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