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Emmanuel Macron, le roi de la frime…

La frime, ou apparence trompeuse


Emmanuel Macron, le roi de la frime…
Emmanuel Macron était à Mulhouse le 12 avril pour visiter le centre Alister (association pour l’information scientifique et technique de rééducation) et rencontrer des professionnels de santé © Jean-Francois Badias/AP/SIPA

Emmanuel Macron n’est pas un homme d’état doté d’une solide colonne vertébrale idéologique, mais c’est un comédien hors pair qui sait toujours nous surprendre par ses volte-face. Une stratégie qui s’avère payante puisqu’il s’apprête à être réélu. C’est la conclusion que tire Philippe Bilger après avoir passé au crible le comportement du candidat Macron ces dernières semaines.


Plusieurs exemples, depuis ces deux dernières semaines, illustrant le grand art de comédien d’Emmanuel Macron. Une insincérité totale, une démagogie royale. Le principal, à peine le résultat du premier tour acquis, est l’immédiat changement de pied et d’esprit sur la retraite. Non plus 65 ans mais 64 et l’évocation, pour faire bonne mesure, d’un possible référendum… Il se dit « prêt à bouger » quand il sent le vent tourner ! Jusqu’au 20 avril, je parie que Macron nous offrira d’autres évolutions, infléchissements et modifications seulement destinés à amoindrir la portée de l’argumentation adverse. Il a commencé avec le septennat, la proportionnelle intégrale… Pas besoin d’avoir ses idées: il prend celles des autres. Il est d’autres signaux plus légers mais cependant très révélateurs d’un tempérament qui, ne cherchant qu’à séduire, se moque comme d’une guigne de la plausibilité et de la cohérence de ses propos et de ses actes.

Qui aime bien, châtie bien

Il ose tout et, contredisant Michel Audiard, il est d’autant plus redoutable que ses facultés intellectuelles sont indéniables. Mais, quand il affirme que sa volonté « d’emmerder les non vaccinés », dans le Parisien, avait une tonalité seulement « affectueuse », il se moque du monde. Je serais presque admiratif face à cette assomption ostentatoire d’une argumentation inconcevable. Quel culot il faut avoir !

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Après que Marine Le Pen a été rudoyée en Guadeloupe par des militants d’extrême gauche, le président se fend d’une déclaration où il exprime son « respect » pour cette dernière tout en exprimant son opposition à ses idées. Il renouvelle le 11 avril l’affirmation de son respect pour elle mais entre ces deux caresses polies et démocratiques, il donne un entretien au Parisien où il la traite de « raciste » et de « menteuse ». Une contradiction nette entre une urbanité républicaine et une réalité médiatique qui la dément.

Démagogie

J’avais trouvé son intervention au soir du premier tour techniquement réussie, avec un ton tribunitien qui en général ne lui convient pas. En revanche, le début était d’une complaisance et d’une démagogie éclatantes avec son hommage à tous les candidats ; des piécettes de condescendance de la part du qualifié, à l’attention des autres éliminés. Séquence d’autant plus surprenante qu’il se donnait le beau rôle en surplomb du président alors qu’il avait été sur le tard pleinement candidat. Le pire est que ce n’était pas un feu de paille puisqu’il a continué dans ce registre hypocrite en soulignant qu’il allait téléphoner à tous les candidats éliminés parce que, selon lui, il était normal d’échanger avec eux.

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D’abord, est-il bien sûr que de Nathalie Arthaud à Jean-Luc Mélenchon en passant notamment par Jean Lassalle, ils soient tous enthousiastes à l’idée de cet appel ? Ensuite c’est là à nouveau la preuve d’une comédie lui permettant encore de se poser en président avant le 20 avril où il sera entièrement candidat, seulement désireux de défendre son bilan et de nous annoncer ses promesses pour les cinq ans à venir.

Le plus important c’est de participer

Cette attitude d’apparente bienveillance républicaine est d’autant plus incongrue et décalée qu’avant le premier tour, il avait refusé obstinément tout échange, toute confrontation avec les autres candidats, réduisant ainsi sa campagne à un monologue auto satisfait et à des réponses à des questions préparées et orientées favorablement. Tous les candidats auraient évidemment préféré, à un appel après le premier tour, de vrais débats avant celui-ci.

Tant que je gagne je joue

Il y a quelque chose dans la personnalité de Macron qui n’est pas authentique à hauteur sans doute de son aptitude à plaire, de son obsession de circonvenir pour mieux embrasser. Comme s’il lui était impossible, dans une joute où il va tout faire pour l’emporter, de ne pas « en même temps » feindre de respecter ceux qu’il a battus et celle qu’il s’apprête, croit-il, à dominer.

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Macron est le roi, en effet, de la frime. Un crack de l’apparence trompeuse. Pourquoi s’en priver puisque cela a marché ! Je ressens, au regard de ces éléments qui renvoient aussi bien à un caractère qu’aux fluctuations d’un projet politique, une frustration, une amertume quand je songe au désastre d’une Valérie Pécresse dont le programme était le meilleur mais qui ne disposait pas de cette arme fatale propre au président-sortant : savoir briller sans s’embarrasser de la vérité.

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Magistrat honoraire, président de l'Institut de la parole, chroniqueur à CNews et à Sud Radio.

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