Le Macron-bashing est tendance. Comme si le fondateur d’En Marche! devait se faire pardonner d’être arrivé en tête du premier tour de l’élection présidentielle et d’apparaître comme le favori du second. Il ne peut plus faire un pas, ni ouvrir la bouche, sans déchaîner une avalanche de critiques. Haro sur Macron ! C’est à qui dénoncera le plus fort son narcissisme, son immaturité, son côté furieusement France d’en haut, sa soumission à l’Allemagne, son libéralisme compulsif, son vide sidéral, etc.
On a évité le pire
Et pourtant, heureusement, il y a Macron ! Imaginons un instant qu’il n’ait pas été candidat à la présidentielle. Le second tour opposerait aujourd’hui Marine Le Pen à François Fillon ou, beaucoup plus certainement, à Jean-Luc Mélenchon. Super ! Les partisans du candidat des Républicains diront que dans l’hypothèse de sa qualification au second tour, au moins la Vème République aurait été sauvée : sa probable élection aurait été suivie d’un succès de la droite aux élections législatives. Ainsi aurait-il été en situation de gouverner. Comme Nicolas Sarkozy en 2007 qui a vite remisé la « rupture » aux oubliettes ! Fillon aurait été d’autant plus vite paralysé par la rue que son autorité morale était entamée.
Alors, oui, heureusement, il y a Macron ! Il ne s’agit pas de dire qu’il va faire des miracles. Mais comment ne pas remarquer qu’un peu partout en Europe, pas seulement en Allemagne, ce sont des sociaux-libéraux comme lui qui ont désenglué leur pays, en faisant notamment considérablement reculer le chômage. On dira qu’il s’agit là d’une vue économiste : l’hexagone est aussi en proie à une guerre civile larvée. Mais Macron s’est fixé pour tâche au début de sa campagne de « réconcilier les France ».
Une grande coalition, vite!
Et s’il a peu développé ce thème par la suite, il a le bon logiciel pour y parvenir : ce ne peut être l’œuvre d’un seul camp, cela ne peut passer que par un consensus plus large. A Macron s’il est élu de faire un gouvernement de grande coalition.
Ses contempteurs ont raison : il est jeune et content de lui, c’est un bobo pro-business, et certains de ses propos sonnent creux : comme ses variations sur l’absence de culture française, à peine dignes d’une copie de culture générale niveau Sciences Po. Mais tel qu’il est, les Français l’ont distingué. Que cela plaise ou non, ils le voient comme un espoir pour le pays. Dans ces conditions, avant de faire sa nécro, attendons de le voir à l’œuvre.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !