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Maires EELV, les compagnons de l’aberration

Depuis leurs métropoles bobos, les maires écolos ont longtemps cautionné la «désobéissance civile». Ils n’avaient pas prévu celle des voyous !


Maires EELV, les compagnons de l’aberration
La maire de Bordeaux Pierre Hurmic (EELV), 3 juillet 2023 © UGO AMEZ/SIPA

Les maires EELV de Lyon, Bordeaux ou Grenoble ont été soumis à l’épreuve du réel et de la violence ces dernières nuits, jusque dans leurs centres-villes. Nos petits hommes verts espéraient un «soulèvement de la terre»; ils observent un soulèvement ethnique des banlieues ensauvagées. Et voilà maintenant qu’ils appellent au secours la police nationale, qu’ils ont longtemps fustigée. Récit.


L’heure est au bilan après ces six jours d’émeutes urbaines, de razzias et de chaos insurrectionnel. Et il est lourd ! Notamment pour les villes tenues par les écologistes ; Bordeaux, Grenoble, Strasbourg ou Lyon. Dans la nuit de vendredi à samedi dernier, dans le centre-ville de Lyon, au moins 30 magasins ont été pillés (magasins alimentaires, marques de vêtements, concessionnaires auto et moto…), un bureau de Poste a été entièrement détruit,  20 véhicules ont été incendiés, une école primaire a été saccagée, du mobilier urbain détruit, sans parler des affrontements hyper-violents à coup de tirs de kalachnikov à la Duchère, ou de jets de cocktails Molotov contre les forces de l’ordre dans le quartier de la Guillotière, déjà tristement connu pour être une zone de non-droit. En cette seule nuit de violences urbaines, 58 personnes ont été interpellées, d’après les chiffres de la préfecture du Rhône. A Bordeaux, chez Pierre Hurmic, ce fut la nuit de jeudi à vendredi dernier qui fut très difficile, avec des dégradations importantes commises dans plusieurs communes de l’agglomération et même en zone plus rurale. Bilan : 11 policiers blessés, 10 interpellations, cinq bâtiments publics incendiés, 56 voitures brûlées et presque autant de feu de poubelles… À Strasbourg, chez Jeanne Barseghian, c’est lors de cette même nuit de jeudi à vendredi dernier que la violence s’est déchainée. Bilan : 76 véhicules brûlés, une quarantaine de poubelles brûlées, une régie de quartier du bailleur social Ophéa, un centre culturel, une mairie de quartier également incendiés. A Grenoble, chez l’impayable Eric Piolle, même scénario cauchemardesque avec des violences urbaines d’une rare intensité, avec notamment une voiture bélier qui a été projetée contre le bureau de Poste, des commerces du centre-ville pillés ; une trentaine de prévenus étaient jugés le dimanche 2 juillet en comparution immédiate au tribunal correctionnel de la capitale des Alpes.

La police nationale, ça a du bon finalement

Le réel est donc entré brutalement par effraction avec son lot de peurs et de pleurs dans les métropoles bobos… Un sacré coup de massue pour des maires EELV qui ont été élus sur un programme très léger en matière de sécurité, un programme visant plutôt à désarmer la police plutôt qu’à l’armer, à dialoguer avec les délinquants et les criminels plutôt qu’à les réprimer. Confrontés à la violence gratuite et radicale des émeutiers qui ont saccagé et détruit tout ce qui était sur leur passage dans une jubilation morbide et nihiliste, les maires écolo apparaissent complètement sonnés. « J’ai un sentiment de sidération et de colère » reconnaissait Eric Piolle, maire EELV de Grenoble, samedi, devant l’ampleur des dégâts. « On n’a jamais vu ça à Grenoble ». Il semble loin, le temps où l’édile vantait une « métropole apaisée » dans ses affichages municipaux. Quant au maire EELV de Lyon, Grégory Doucet, lui, il en vient à demander finalement plus « de renfort de police ». Pourtant, c’est bien le même Grégory Doucet qui, en mars 2021 lors la journée de la femme, défilait devant un panneau sur lequel était inscrit police nationale = scandale aux côtés d’une élue EELV qui scandait « la culture du viol est présente chez les forces de police ». C’est le même Grégory Doucet qui avait proposé des cours de théâtre et de méditation pour enrayer l’insécurité… Dimanche soir, pour la sixième nuit consécutive d’émeutes, la tension était à son comble dans la capitale des Gaules. Des véhicules blindés du RAID et de la BRI stationnaient place Bellecour… Au moins, cela changeait du ballet infernal des rodéos urbains et de tous ces délinquants qui ont défié à plusieurs reprises l’autorité en levant leurs bécanes jusque sous les fenêtres de la mairie.

Les convictions anarco-libertaires, ça va bien deux minutes…

Face à l’embrasement de la violence constaté ces derniers jours, les maires écologistes mettent donc au placard leurs convictions anarco-libertaires parfois teintées d’idéologie anti-police ; ils réclament le retour de l’ordre républicain, pour en finir avec la guérilla urbaine. Sacré revirement quand on y pense, car il n’y a pas si longtemps, à l’instar du mouvement de la France Chaotique – dont le gourou pyromane, Jean-Luc Mélenchon, a perdu tout sens commun lors de cette crise des banlieues -, les élus écologistes dénonçaient volontiers une violence qui serait structurelle à la police, remettaient en question le dispositif des forces de l’ordre déployée à Sainte-Soline contre les anti-bassines et considéraient comme légitimes les opérations de désobéissance civile des militants écologistes de Dernière Rénovation qui bloquaient la circulation en se collant les mains au goudron ou qui jetaient des pots de peinture sur des toiles de Van Gogh ou d’autres œuvres d’art… Oubliant leur écharpe tricolore, des élus écologistes ont cautionné l’écologisme radical selon lequel sauver la planète justifie tous les moyens y compris les plus violents contre l’Etat de droit. Pour Gaïa, tout était permis !

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Aujourd’hui, devant la flambée de violence gratuite de la racaille de cité, les élus écologistes réclament donc le retour de l’Etat de droit avec une présence renforcée des forces de l’ordre – ce qui les sépare de facto des prises de positions anti républicaines des lieutenants de la France insoumise qui ont, eux, refusé d’appeler au calme. Depuis leur élection en 2020, les maires EELV ont érigé en priorité tout ce qui pouvait flatter l’électorat progressiste… En plus de manger du tofu, tout était bon à prendre pour s’acheter une bonne conscience écolo. À Lyon, la priorité était ainsi de construire des pistes cyclables inclusives et non genrées (pour éviter des agressions par des cyclistes mâles pas encore déconstruits, qui sait ?), d’instaurer des cours de récréation où le foot trop machiste serait remplacé par des ateliers de jardinage, ou encore de subventionner des mouvements écoféministes ou « écosex » dont la principale activité est de danser nu et de faire l’amour aux plantes pas loin des enfants. Pour cet agenda progressiste déconnecté des préoccupations sociales et sécuritaires de nombre de leurs administrés, les maires EELV ont trouvé du budget ! En revanche, équiper les villes avec plus de caméras de vidéosurveillance pouvait évidemment attendre. Peu importe si les rodéos urbains pourrissaient la vie des Lyonnais, ou si le trafic de drogue et le marché noir s’amplifiaient à Lyon, Grenoble ou Bordeaux, générant son cortège de vols, d’agressions, d’affrontements entre bandes rivales, peu importe si derrière la végétalisation de l’espace public se préparait la guerre de tous contre tous.

Qui sème le vent récole la tempête ! 

À force de sacraliser la nature (perçue comme moralement bonne et bienfaisante) et de diaboliser la société (jugée comme structurellement mauvaise), ces élus n’ont fait que préparer un terrain fertile pour le déchainement de cette violence qui n’est autre que le revers de la médaille d’un état de nature qu’ils appellent de leurs vœux ou oubliant que dans la nature, c’est la loi du plus fort qui règne.

Par ailleurs, déconstruire les fondations de la civilisation française (par exemple en s’attaquant à la langue avec l’écriture inclusive), cela revient aussi à ouvrir la porte à l’ensauvagement des mœurs. Après les violences de l’extrême gauche lors des manifestations contre la réforme des retraites – violences que les maires bobos n’ont pas assez condamnées –  l’ultra violence de ces délinquants en grande majorité mineurs et radicalement décivilisés, capables de prendre du plaisir à semer la terreur, marque un tournant. Pourrait-elle également marquer un tournant politique et sécuritaire dans l’agenda politique de ces municipalités écologistes ? Au point de se fâcher avec les cheffes de file nationales, écoféministes et anti flics ? Au point de se fâcher immanquablement avec l’incontournable binôme Sandrine Rousseau / Marine Tondelier ? Confrontés aux réalités du terrain, les maires écolos deviendront-ils, eux aussi, des « chiens de gardes qui ordonnent à appeler au calme », que fustige Jean-Luc Mélenchon ? Seront-ils prêts à faire leur chemin de Damas, et à troquer leur foi passée pour celle du régalien ? C’est peu probable… mais enfin l’avenir le dira.




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