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Avant le 27 juin, c’était comment ?

C'était mieux avant ?


Avant le 27 juin, c’était comment ?
L'Hôtel de ville de l'Hay les Roses, barricadé de barbelés, le 3 juillet 2023. © ACCORSINI JEANNE/SIPA

Le temps de « paix » d’avant le 27 juin nous manque. Mais existait-il vraiment alors que de nombreux maires faisaient l’objet d’agressions? Les émeutes ne constitueraient-elles pas un effet loupe finalement bienvenu?


L’unique avantage des émeutes – que Jean-Luc Mélenchon s’obstine à qualifier de révolte – est qu’elles grossissent une réalité que, dans sa déplorable quotidienneté, on ne sait plus voir. À laquelle on est tellement habitué qu’on la perçoit comme le rythme de croisière d’une France oscillant entre délits et crimes, entre insécurité et faiblesse judiciaire, entre vœux pieux et coups de menton, entre promesses de ne jamais céder et abandons multiples, entre une démocratie molle et un pouvoir au pire miséricordieux à contre-temps, au meilleur dépassé. 

Agressions et destructions folles

En effet, « le bilan très lourd de cinq jours d’émeutes… déjà très supérieur aux trois semaines d’émeutes de 2005 » (Le Monde) a poussé au paroxysme, avec une intensité violente et folle, des agressions multiples, des destructions, des pillages, des attaques d’élus et une haine antipolicière en bande, commis notamment par des mineurs de plus en plus précoces, délaissés ou stimulés par des familles irresponsables. 

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La frénésie d’après le 27 juin fait apparaître les jours d’avant comme une période relativement calme alors qu’y germaient en réduction tout ce qui va venir, avec le prétexte de la mort de Nahel, frapper notre pays de plein fouet, laissant les Français stupéfiés par des débordements à l’égard desquels les transgressions antérieures semblaient relever d’un mode mineur. Et pourtant !

Ce qu’il faut craindre avec le retour à la normale

Les élus, les maires étaient de plus en plus invectivés, frappés, molestés, parfois gravement, et on se demandait comment freiner cette course vers l’intolérable. Mais rien de commun avec l’émotion quasi unanime, l’indignation solidaire qui ont saisi la communauté nationale face à l’odieuse tentative d’assassinat en pleine nuit de l’épouse et des enfants du maire de L’Haÿ-les-Roses dans leur habitation après une attaque à la voiture-bélier. Comme si avant nous étions lassés de relever la multitude de ces atteintes contre lesquelles nous ne pouvions pas grand-chose, avec une justice trop clémente parfois quand elle était saisie. Elles faisaient partie de notre paysage républicain comme une sorte de repoussoir. Mais le crime contre la famille de l’édile nous a contraints à cibler, à concentrer notre indignation sur cet événement. J’espère que l’émoi d’aujourd’hui ne retombera pas et qu’il ne nous conduira pas à nous satisfaire de cette parenthèse de concorde courroucée. On comprendra pourquoi ces cinq jours d’émeutes qui ont mobilisé des forces de l’ordre comme jamais, des réunions interministérielles à répétition et des moyens sans compter, ne serviront pas d’excuse au pouvoir pour continuer à mal gérer la délinquance au quotidien. Le 27 juin et ses suites ne doivent pas avoir pour vocation de nous illusionner, nous faisant croire qu’avant, c’était bien…

Alors que les émeutes n’ont été que la continuation du pire mais par d’autres moyens, sur un mode plus sauvage, avec un registre plus subversif.




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Magistrat honoraire, président de l'Institut de la parole, chroniqueur à CNews et à Sud Radio.

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