Dans le cadre du plan national pour l’Égalité des droits, contre la haine et les discriminations anti-LGBT+, un site internet consacré aux « LGBTphobies » sera destiné aux professeurs. Ce n’est pas tout: la ministre Elisabeth Moreno souhaite carrément la création d’un guide d’accueil des « élèves trans ». Si elle s’en défend, l’école devient un lieu de propagande de la théorie du genre…
Elisabeth Moreno occupe le poste à l’intitulé orwellien de Ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances. Elle a présenté dernièrement son plan national d’actions pour l’égalité des droits, contre la haine et les discriminations anti-LGBT+.
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À la lecture de ce plan, constatons d’abord que la novlangue des combats progressistes à la sauce butlérienne est aujourd’hui largement utilisée par nos élites. Il y est question de « société nouvelle, plus humaine et plus inclusive », de « rendre visibles les personnes LGBT+ », de ne plus « discriminer en fonction de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre », de lutter contre les « stéréotypes de genre » et les LGBTphobies « ancrées dans notre pays » (sic), ou encore de « personnes intersexes », etc.
Gageons qu’à la lecture du plan national de Mme Moreno, M. Blanquer demandera prochainement que chaque classe désigne au moins un « représentant anti-haine LGBT »
Scoop : les médecins et gynécologues français seraient réputés pour leur irrespect vis-à-vis des lesbiennes et des femmes bisexuelles. Il est donc préconisé « d’offrir une prise en charge médicale – et notamment gynécologique – adaptée et respectueuse des lesbiennes et des femmes bisexuelles. » Nous attendons avec impatience la plaquette pédagogique qui explicitera les différences gynécologiques fondamentales de prise en charge entre les femmes hétéro, bi, lesbiennes ou non-binaires.
La grande entreprise de rééducation nationale
Parmi les quatre axes comptant « 42 actions et plus de 150 mesures concrètes » du plan, il convient de s’attarder sur l’axe Éducation nationale.
Apprendre à nos enfants à lire, écrire et compter n’est plus à l’ordre du jour de la rue de Grenelle depuis longtemps. Les « apprenants » doivent devenir des citoyens modèles dressés à saluer les dernières « avancées » genrées, écologistes ou antiracistes déclinées par des ministres vertueux et des professeurs de « sciences de l’éducation » certains d’indiquer le seul « sens de l’histoire » qui vaille, le leur. Après s’être ému du discours de Greta Thunberg, M. Blanquer décida que chaque classe devait compter au moins un « éco-délégué ». Gageons qu’à la lecture du plan national de Mme Moreno, il demandera prochainement que chaque classe désigne au moins un « représentant anti-haine LGBT ».
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Avant cela, les professeurs vont avoir à leur disposition un site internet « pour lutter contre l’homophobie et la transphobie », les documentalistes des livres jeunesse montrant « la diversité des orientations sexuelles, des identités de genre et des familles » (sic), et chaque académie un observatoire de la haine LGBT+. De plus, « un guide d’accueil des élèves et des étudiants trans par l’ensemble du personnel va être élaboré. » La totale !
La fin des “documents administratifs genrés”
En 2013, lors du débat à l’Assemblée nationale sur le mariage pour tous, Mme Taubira s’était moqué des députés qui pensaient que les documents administratifs verraient un jour disparaître les mentions de « père » et de « mère ». « Je vous laisse à vos fantasmes », avait-elle déclaré en riant et en dénonçant « une campagne de panique des pseudo-suppressions des mots de père et de mère dans le code civil ou le livret de famille. » Le fantasme est pourtant devenu réalité dans certaines mairies. A son tour, Mme Moreno ne tient pas à ce que perdurent dans les établissements scolaires des « documents administratifs genrés » qui sont « une blessure pour les parents et pour l’enfant qui voit l’identité de sa famille niée. » (sic)
Qu’il faille lutter contre les discriminations, qui en douterait ? Mais des élèves ayant une connaissance de l’Histoire de France ou travaillant sérieusement les grands textes littéraires, politiques ou philosophiques seraient les plus à même de contrecarrer la bêtise homophobe ou raciste qui, dans ce pays, n’a quand même pas l’ampleur dramatique que lui prêtent tous les redresseurs de torts institutionnalisés.
L’école, qui devrait donner à chaque futur citoyen la possibilité de développer, chacun à sa hauteur et selon ses capacités, une nécessaire réflexion sur ces sujets d’importance réclamant lectures, analyses et subtilités intellectuelles, est devenue le fourre-tout des injonctions pseudo-humanistes ; elle dit aujourd’hui ce qu’il faut penser ; elle fait gober à nos enfants les thèses pré-mâchées des progressismes à la mode sociétale sans jamais les discuter.
L’école se fourvoie
Les slogans lénifiants ont remplacé le travail et l’étude. L’école est devenue le lieu de la propagande progressiste.
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Pour qui douterait du fourvoiement idéologique de l’Éducation nationale, je renvoie à l’excellent article de Corinne Berger dans le dernier numéro de Causeur (Fabrique du crétin, Mode d’emploi, page 38). Elle y montre, avec moult exemples, les choix idéologiques qui président à l’élaboration des manuels scolaires. Concernant le sujet qui nous concerne, le dernier manuel HLP de 1ère année (Histoire Littérature Philosophie) des éditions Hachette, dans un chapitre intitulé La hiérarchie des sexes en questions, cite un texte de 1963 de l’anthropologue américaine Margaret Mead (voir notre reproduction plus bas). Ce texte décrit trois tribus de Nouvelle-Guinée qui vivent différemment les relations hommes-femmes. C’est un texte descriptif, assez neutre, qui se conclut mollement sur la nécessité de ne pas voir appliquer systématiquement telle ou telle attitude à tel ou tel sexe. Bon. Là où cela devient intéressant, c’est lorsqu’on lit ce que les concepteurs de ce manuel appellent une « Question d’interprétation » : « Expliquez en quoi l’étude menée par Mead peut fonder la distinction contemporaine entre le sexe et le genre, en montrant comment cette étude pourrait être opposée à ceux qui la contestent. » Ceci n’est ni une question d’interprétation, ni une question tout court. Ceci est un tract politique qui dit ce qui est bien, et qui fournit des arguments pour une thèse prédéfinie. Ceci est de la propagande !
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