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Elias: l’idéologie de l’excuse tue

Le regard libre d'Elisabeth Lévy


Elias: l’idéologie de l’excuse tue
Le maire du 14e arrondissement de Paris Carine Petit est venue s'exprimer à la télévision samedi après le drame. Capture BFMTV.

Elias, un adolescent de 14 ans, a été poignardé à mort à Paris lors d’une tentative de vol de son téléphone portable par deux jeunes de 16 et 17 ans, déjà connus pour des faits de violence et qui devaient comparaître prochainement devant la justice. Ce drame suscite des vives réactions politiques, et relance les débats sur la violence des mineurs et sur l’autorité face à la délinquance.


Cela se passe près de chez vous. Elias a été poignardé vendredi pour un téléphone portable dans le sud du 14e arrondissement parisien. Encore une vie fauchée par la délinquance ordinaire. On pense à ses parents, et on pense aussi à tous les parents qui auront peur demain de laisser leur gosse jouer au foot.
Cette affaire dramatique est un cas chimiquement pur des ravages de l’idéologie de l’excuse. Les deux agresseurs présumés étaient « très défavorablement » connus des services de police, ce qui pour Le Parisien signifie probablement gangs[1]. À leur pedigree : port d’arme prohibée, vols avec violences et / ou en groupe notamment dans deux stades du quartier. Ce que la maire écologiste du XIVème Carine Petit qualifie pudiquement de «signaux d’alerte». Qu’a-t-on fait, face à ces signaux ? L’élue l’expliquait samedi sur BFMTV, toute honte bue : «On a mobilisé tout le monde, on a mis des mots sur ce qui se passait. Et on a apporté des réponses.»
Quelles réponses ! Le Parisien a cruellement exhumé ses déclarations de mars 2024, après l’affaire des stades: «En discutant avec les services sociaux et les associations sportives, on a identifié cinq jeunes. On leur a apporté un soutien éducatif, on a aidé leurs familles et depuis, tout va mieux». Les deux tueurs présumés en faisaient partie.
Sans surprise, la chaîne pénale a été tout aussi inefficace. Placés sous contrôle judiciaire avec interdiction formelle de se côtoyer, les voyous devaient trembler… La vérité cruelle, insupportable et qui nous met aujourd’hui tellement en colère, c’est qu’on savait que des bandes semaient la violence dans le sud du 14e, et qu’on n’a rien fait. Pis. On a apporté à ces barbares un soutien éducatif et aidé leurs familles – on croit rêver.

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Alors, qui est responsable ? Je pourrais vous dire que nous sommes tous responsables, mais non. Politiquement, il y a une responsabilité écrasante de la gauche qui refuse la répression. Mais la droite s’est également souvent couchée. Quant à Emmanuel Macron, il a peur des quartiers. Mais le terreau de cette situation, c’est avant tout un désarmement culturel. Le commentariat convenable, la sociologie d’État, les associatifs subventionnés, la gauche angélique: toutes les voix autorisées du progressisme propagent les mêmes fadaises depuis 40 ans. Tout en niant la surreprésentation des Français issus de l’immigration dans la délinquance, ils expliquent qu’elle est la conséquence du racisme, de la misère et du colonialisme. Allez comprendre la logique… Mais, quoi qu’il arrive, c’est de notre faute. Les racailles sont toujours exonérées de leurs responsabilités et même victimisées. Quand on ne les transforme pas en pauvres petits anges… Après les émeutes, on s’est félicité des peines fermes qui avaient été prononcées par la Justice. Combien ont été réellement exécutées ?
Pourquoi des multi-agresseurs se baladent-ils en liberté? Parce que cette idéologie imprègne les institutions et l’appareil d’État: Éducation nationale, Justice, sans compter ces municipalités écolos-bobos qui luttent contre la violence à coups de subventions, de médiathèques et d’accommodements déraisonnables. Le résultat de cette haine de la répression: non seulement l’État a perdu le monopole de la force, mais il répugne à l’exercer. Et Elias n’est jamais rentré du foot.


Cette chronique a d’abord été diffusée sur Sud Radio

Retrouvez Elisabeth Lévy dans la matinale


[1] https://www.leparisien.fr/faits-divers/elias-14-ans-tue-pour-son-portable-a-paris-les-aveux-partiels-des-deux-suspects-mineurs-bien-connus-de-la-justice-26-01-2025-HQHVE2F6OVA4NHVWD44ONCWQMI.php




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Fondatrice et directrice de la rédaction de Causeur. Journaliste, elle est chroniqueuse sur CNews, Sud Radio... Auparavant, Elisabeth Lévy a notamment collaboré à Marianne, au Figaro Magazine, à France Culture et aux émissions de télévision de Franz-Olivier Giesbert (France 2). Elle est l’auteur de plusieurs essais, dont le dernier "Les rien-pensants" (Cerf), est sorti en 2017.

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