La situation financière très dégradée d’EDF nécessite une aide rapide et massive de l’État au groupe public. Compte tenu de son endettement, il est virtuellement en faillite. Mais en contrepartie de ce soutien indispensable, la Direction générale de la concurrence de la Commission européenne exige qu’EDF soit transformé en une holding sans rôle opérationnel ni contrôle sur ses filiales. Une difficile négociation a commencé entre Paris et Bruxelles. Le destin d’EDF sera scellé avant la fin de l’année.
Il s’agit d’une bombe dans le monde de l’énergie en France. Le site Reporterre a révélé l’existence d’un document émanant de l’Agence des participations de l’Etat qui détaille les demandes de la Direction générale de la concurrence de la Commission européenne en contrepartie du soutien indispensable de l’Etat à EDF. La Commission exige ni plus ni moins qu’un démantèlement de l’électricien français aujourd’hui virtuellement en faillite. Ce dernier doit supporter une dette financière brute qui se montait à 61 milliards d’euros à la fin de l’année 2019 et trouver également dans les prochaines années les moyens de financer des dizaines de milliards d’investissements, notamment dans le nucléaire.
Une recapitalisation urgente
Il faut y ajouter la baisse brutale cette année de la demande et des prix de l’électricité, du fait des conséquences économiques de la pandémie, qui coïncide avec des opérations de maintenance importantes des centrales nucléaires, perturbées elles aussi par la crise sanitaire. Il y a également les retards, surcoûts et difficultés récurrentes du chantier de l’EPR de Flamanville, le retard du chantier de la centrale nucléaire d’Hinkley Point au Royaume Uni et le conflit avec les distributeurs indépendants d’électricité. Tout cela a contribué à dégrader encore plus vite la situation financière d’EDF.
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Le temps presse maintenant pour recapitaliser la société. A la fin de l’année, elle dépassera très certainement le ratio dette sur Ebitda [bénéfice brut] de 2,7 fois. Une fois ce seuil franchi, EDF sera dégradé par les agences de notation ce qui augmentera le coût de ces emprunts.
Transformé en une holding sans rôle opérationnel ni contrôle sur ses filiales
Mais la Commission n’a pas vraiment les mêmes objectifs que l’Etat français. Elle veut avant tout s’assurer que le groupe public ne bénéficie par d’avantages trop importants face à ses concurrents européens. L’Agence des participations de l’État, qui porte la participation publique de 83,6 % au capital d’EDF, résumait ainsi le 6 mai dernier les exigences de Bruxelles: «la position de la Commission européenne consiste à privilégier une holding sans rôle opérationnel ni contrôle sur ses filiales et une indépendance entre celles-ci… Cette position entraînerait l’impossibilité de maintenir un groupe intégré...»
La Direction générale de la concurrence justifie le démantèlement par «l’ampleur de l’aide qui serait octroyée à EDF… afin d’éviter que le soutien au nucléaire régulé ne profite d’une quelconque manière aux autres entités du groupe». Tout cela se traduirait par un changement radical de nature du plan de sauvetage d’EDF, baptisé Hercule, dont les grandes lignes ont été définies l’an dernier.
Le plan Hercule
L’idée directrice d’Hercule est d’isoler la production nucléaire et ses risques financiers du reste du groupe. Cette entité nucléaire baptisée société Bleue devrait aussi comprendre les…
>>> Lire la fin de l’article sur le site de la revue Transitions & Energies <<<
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