Alors que les prochaines élections présidentielles américaines auront lieu dans moins d’un an, le parti démocrate est incapable de trouver un candidat à la hauteur. Faute de qualité, privilégiez la quantité !
Le parti démocrate à un problème, ou plutôt dix-sept problèmes. Aucun de ses 17 candidats ne semble en mesure, pour l’instant, de battre Donald Trump, l’homme à abattre, le seul sujet qui parvient à rassembler le camp démocrate.
Aucun n’a une vision pour l’Amérique. Aucun n’a le charisme des deux derniers présidents démocrates, Bill Clinton et Barack Obama, qui, dès avant les primaires, avaient soulevé l’enthousiasme bien au delà de leur camp politique.
Le parti des minorités
Le favori n’est plus vraiment le favori à tel point que le milliardaire Michael Bloomberg, aux idées assez proches de celles de Joe Biden, s’est lancé dans la course en s’achetant pour 30 millions de dollars de publicités télévisées, alors que plusieurs autres candidats dénoncent le rôle de l’argent dans la politique. A quelques exceptions près, la presse continue à outrageusement épargner Joe Biden. Pas de questions sur le rôle de son fils en Ukraine ou en Chine lors du cinquième débat (qui fut un flop en termes d’audience). Lors du quatrième, un des présentateurs vedettes de CNN, Anderson Cooper, avait posé une timide question avec cette introduction :« Le président Trump a faussement accusé votre fils d’avoir fait quelque chose de mal pendant qu’il siégeait au conseil d’administration d’une société en Ukraine. Je veux souligner qu’il n’y a aucune preuve d’irrégularités de la part de votre fils ou de vous-mêmes ». Du journalisme incisif, assurément ! L’ex vice-président répète inlassablement qu’il est le mieux placé pour battre Trump, mais c’est à peu près son seul message audible jusqu’à présent.
Quand à la faveur des déboires de Biden, Pete Buttigieg, le « blanc modéré et homosexuel » pour parler comme la presse américaine, maire d’une petite ville, a vu sa côte monter en flèche, il a été violemment attaqué sur sa supposée incapacité à toucher les minorités noires. Il s’est défendu, sans convaincre, en affirmant que son expérience de « minoritaire » gay pouvait servir vis-à-vis de la communauté afro-américaine. Jusque-là dominé par des enjeux nationaux comme les soins de santé, l’impôt sur la fortune ou les armes à feu, le débat démocrate s’est déplacé sur le terrain racial et sur celui des minorités. Il n’est pas certain que cette stratégie fasse émerger un candidat à l’envergure nationale.
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Autrefois parti des cols bleus, des ouvriers américains, le parti démocrate est devenu celui de minorités: noires, hispaniques, LGBT ainsi que celui des intellectuels blancs. Quel qu’il soit, le candidat démocrate ne peut pas gagner sans un forte mobilisation de ces groupes en sa faveur, mais il ne peut pas s’imposer non plus sans s’adresser à une partie des électeurs blancs dont certains ont tendance à trouver que les démocrates ne s’intéressent plus à leurs problèmes de pouvoir d’achat, d’emploi ou à leurs perceptions culturelles.
Elizabeth Warren, qui fait tout pour masquer son « privilège blanc » (white privilege) et que Trump appelle Pocahontas, depuis qu’elle s’est dénichée des origines indiennes, illustre ce point jusqu’à la caricature. Recevant le soutien d’un petit groupe de « femmes noires trans et cis qui ne prétendent pas à une identité masculine » (sic) elle a twetté : « Merci @BlackwomxnFor ! Les femmes noires trans et cis, les personnes non binaires et non conformes sont le socle de notre démocratie ». Pas sûr que cette « révélation » constitue une stratégie gagnante vis-à-vis des blancs qui sont encore – pour l’instant – majoritaires. On pourra s’étonner en France de cette façon d’aborder les problèmes et de l’utilisation des termes « blanc », « noir » « latino ». Pourtant ces termes sont sans cesse employés dans le débat public américain.
Vous avez dit communautarisme ?
Preuve de la dérive communautariste est vers la gauche du parti démocrate, les candidats s’excusent pour leur comportement passé. Kamala Harris, qui vient de jeter l’éponge, d’avoir été une procureure souvent sévère en Californie. Michael Bloomberg pour sa politique de « stop and frisk » (arrêtez et fouillez) qui avait fait baisser de façon spectaculaire la criminalité lorsqu’il était maire de New York, mais touchait davantage les populations noires. Joe Biden pour son soutien à l’amendement Hyde qui interdisait l’utilisation de fonds publics fédéraux dans certains cas d’avortement et pour son soutien actif à la politique d’incarcération de masse au début des années 1990, qui aurait envoyé un nombre disproportionné de jeunes noirs en prison.
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Quant à la procédure d’impeachment, elle ne se déroule pas comme prévu par les Démocrates. Non seulement, elle n’entraîne pas l’adhésion d’une majorité de l’opinion, mais elle n’a pas apporté de preuve directe d’un lien entre le délai de l’aide militaire à l’Ukraine et l’ouverture d’une enquête judiciaire sur Burisma, la société qui aurait octroyé un emploi fictif au fils Biden. Quand bien même la preuve en serait établie, elle n’en constituerait pas un délit. Comme le fait remarquer le professeur de droit à Harvard, Alan Dershowitz sur le site de l’Institut Gatestone, pour caractériser un délit, il faut que celui-ci soit explicitement prévu par la loi. Or aucune loi n’interdit à un président ou à un élu quelconque de retirer un bénéfice politique de son action politique. Une telle loi serait tout simplement impossible à formuler: le fait de bénéficier politiquement de son action est, en effet, consubstantiel à l’exercice de la politique. Lorsqu’un président américain décrète un embargo contre Cuba, il le fait aussi pour s’attirer les sympathies des Cubains de Miami.
Des actes de politique extérieure sont posés pour gagner le soutien aux Etats-Unis de communautés d’origine étrangère. S’il n’y avait pas d’Arméniens aux Etats-Unis, il n’est pas certain que le Congrès aurait voté une – par ailleurs excellente – résolution reconnaissant le génocide de Arméniens. Face à cette impasse juridique, les Démocrates avancent désormais l’improbable délit de corruption de leur président.
A moins d’un an de l’élection présidentielle, ces derniers ont du souci à se faire. Ils pourraient lancer un appel urgent : « Cherche désespérément un Obama ! »
Les présidents américains de George Washington à Donald Trump
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