Le Canada a voté, mais pour quoi au juste ? En s’invitant bruyamment dans la campagne, Donald Trump a offert aux Libéraux une victoire inattendue, fondée non sur leur bilan, mais sur un vieux réflexe de survie nationale. Une élection gagnée par défaut, un pouvoir sans cap clair: la vague conservatrice est reportée, pas annulée
L’élection fédérale anticipée de 2025 n’a pas couronné un projet, la peur. La campagne fut marquée par un vote utile contre Donald Trump, à l’image de la présidentielle française de 2022 où Emmanuel Macron a en quelque sorte capitalisé sur un vote rejet de Vladimir Poutine. Seulement, une telle élection ne tranche pas les réponses à apporter aux préoccupations populaires. À terme, cette incapacité à répondre aux grandes attentes populaires pourrait même ouvrir un espace béant pour une future vague conservatrice, peut-être plus sérieuse et plus structurée.
Les Libéraux en tête
Le 28 avril 2025 devait marquer la fin d’une ère, après le raz-de-bol de la gouvernance Trudeau. Pouvoir d’achat en berne, croissance anémique, crise du logement, immigration massive, montée de l’insécurité : tout concourait à une alternance historique. En 2024, le PIB du Canada a péniblement progressé de 1.5%, bien en dessous de la moyenne des pays développés. Pendant ce temps, l’inflation se maintenait à 3%, grignotant le pouvoir d’achat des ménages. Le prix moyen d’une maison atteignait 746 000 dollars canadiens (environ 475 000 €), condamnant des générations entières à renoncer à la propriété
