Accueil Monde Non, cette élection n’est pas un référendum pro ou anti-Trump!

Non, cette élection n’est pas un référendum pro ou anti-Trump!

Une tribune de Guy Millière et Philippe Karsenty


Non, cette élection n’est pas un référendum pro ou anti-Trump!
A Washington pendant les émeutes de Black lives matter, le président Trump se rend à l'église Saint John, bâtiment emblématique proche de la Maison Blanche qui a été dégradé, juin 2020 © Semansky/AP/SIPA Numéro de reportage: AP22460519_000005.

 


Le véritable enjeu des élections américaines: la défense du monde libre


Il est très difficile de trouver un article favorable à Donald Trump dans la presse française. Il est tout aussi difficile d’y trouver un article décrivant la réalité des États-Unis sous la présidence Trump. Il est plus difficile encore d’y trouver un article décrivant de manière pertinente les enjeux de l’élection qui oppose Donald Trump à Joe Biden ce 3 novembre 2020. 

Dès le moment où Donald Trump a déclaré sa candidature en 2015, l’ensemble des médias français a dépeint Donald Trump de manière négative et insultante. Cela n’a pas cessé depuis. Il importe en ce contexte, de rétablir les faits, rien que les faits.  

L’élection n’oppose pas tant Donald Trump à Joe Biden que Donald Trump à la gauche américaine qui entend, cette fois, rendre vraiment irréversible la transformation du pays

Son bilan au bout de quatre ans est très loin d’être aussi négatif que les commentateurs ne le répètent partout. En février 2020, juste avant l’éclosion du Covid-19, les États-Unis étaient dans la meilleure situation économique qu’ils aient connu depuis plus de cinquante ans. L’immigration clandestine était largement jugulée. Les salaires montaient, sans que le pays ne connaisse d’inflation. Les minorités noire et hispanique avaient connu, en trois ans, la plus forte hausse de niveau de vie qu’elles aient connu depuis que ces statistiques existent. Cela explique que la proportion d’Américains qui disent aujourd’hui que leur vie est meilleure qu’il y a quatre ans s’élève à 56%. À la fin de la présidence Obama, en octobre 2012, ce chiffre était bien plus faible, 45 %. Cela explique aussi que Donald Trump va recevoir cette année beaucoup plus de voix de noirs et d’hispaniques qu’en 2016.

En politique étrangère, il a contribué à détruire l’État Islamique en moins d’un an, le terrorisme islamique de masse a quasiment disparu du monde occidental, même si des djihadistes isolés frappent encore comme on a pu le voir encore très récemment en France. Trump a endigué l’Iran des mollahs qui déstabilisait tout le Proche-Orient, il a ouvert les yeux du monde sur la nature hégémonique et oppressive de la Chine, il a enclenché la première avancée fructueuse vers la paix au Proche-Orient depuis bien longtemps : la signature de l’accord entre Israël, le Bahreïn et les Émirats Arabes Unis n’étant qu’une première étape.

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La pandémie a frappé les États-Unis comme elle a frappé l’Europe occidentale, et quand les discours de propagande anti-Trump seront dissipés, on verra qu’il a pleinement et efficacement joué son rôle de président pendant la pandémie : il a, conformément à la Constitution des États-Unis laissé la gestion concrète de la situation aux gouverneurs de chacun des cinquante États. Certains ont bien géré la situation, d’autres pas ; ceux qui l’ont très mal gérée sont majoritairement des gouverneurs démocrates.

Tout ce que Trump a accompli a été effectué malgré les obstacles qui ont été mis, jour après jour, sur son chemin, et aussi malgré ce que la gauche américaine est devenue aujourd’hui. Celle-ci n’a plus rien à voir avec ce qu’elle était au temps de Bill Clinton. C’est une gauche beaucoup plus radicale, qui déteste les États-Unis tels qu’ils sont, et qui entend transformer radicalement le pays. Cette gauche a utilisé une stratégie d’infiltration des institutions et l’a menée depuis la fin des années 1960. Elle a pris le pouvoir dans les universités, dans les lycées, dans les médias, dans le monde de la culture, puis dans le parti démocrate dont elle tient désormais les rennes. L’élection de Barack Obama l’a conduite à penser qu’elle pouvait désormais mener la transformation radicale du pays qui n’avait cessé d’être son but. Hillary Clinton devait parachever ce que Barack Obama avait fait et rendre la transformation irréversible. Donald Trump s’est présenté pour contrer ce mouvement. Dès qu’il est apparu qu’il avait une chance d’être élu président, il est devenu pour la gauche américaine l’homme à abattre. Depuis qu’il est président, il est, pour elle, l’ennemi absolu. Et il a contre lui toutes les forces de la gauche américaine, dans tous les secteurs qu’elle contrôle. Tous les médias américains lui sont hostiles, à l’exception partielle de Fox News. Il en va de même pour l’essentiel des enseignants et des célébrités. Le parti démocrate s’est juré de l’abattre, et il est regrettable qu’aucun média en France n’ait parlé des manœuvres frauduleuses menées par l’administration Obama en 2016 pour tenter de le faire chuter : les dessous de l’inexistante « collusion avec la Russie » ressemblent à un mauvais roman d’espionnage, et il en va de même pour ce qui a été appelé, un temps, l’Ukrainegate. La procédure de destitution contre lui a été menée en violation de toutes les règles de droit, et a même suscité l’indignation d’éminents juristes démocrates (cf. Alan Dershowitz).

La désinformation sur la gestion de la pandémie par Trump a atteint les sommets de l’infamie. La désinformation sur ce qu’ont été les émeutes du mois de juin 2020 a été complète et, à ce jour, le parti démocrate n’a désavoué ni le mouvement Antifa ni Black Lives Matter, qui n’est pas une organisation antiraciste, mais un mouvement qui se donne explicitement pour but la destruction des institutions du pays, que la charte de l’organisation décrit comme « structurellement raciste » et « profondément vicié ».

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L’élection du 3 novembre 2020 n’oppose donc pas tant Donald Trump à Joe Biden que Donald Trump à la gauche américaine qui entend, cette fois, rendre vraiment irréversible la transformation du pays. Joe Biden a été choisi parce qu’il est dans la politique depuis longtemps (47 ans) et peut donner l’impression d’incarner ce qu’était le parti démocrate avant que la gauche américaine n’en prenne les rennes. Ceux qui l’ont choisi savent qu’il est sénile et entendent qu’il soit vite remplacé par Kamala Harris qui est la candidate de leur choix, et qui, par ses votes et ses propositions, est la sénatrice la plus à gauche du Sénat aujourd’hui. Le programme que porte Joe Biden est pour l’essentiel le programme qui était celui de Bernie Sanders pendant les élections primaires : c’est un programme qui prévoit une forte hausse des impôts et une multiplication des réglementations, un arrêt presque total de la production d’énergies fossiles, une régularisation immédiate et l’accès à la nationalité de millions d’immigrants illégaux, une transformation très profonde des institutions américaines, une coupe très nette dans les budgets militaires et, en politique étrangère, l’abolition des sanctions pesant sur l’Iran des mollahs, une politique beaucoup plus conciliante avec la Chine et le retour à des positions résolument très anti-israéliennes.

Le président Donald Trump en campagne pour sa réélection, le 26 octobre 2020 à Martinsburg en Pennsylvanie © SAUL LOEB / AFP
Le président Donald Trump en campagne pour sa réélection, le 26 octobre 2020 à Martinsburg en Pennsylvanie © SAUL LOEB / AFP

Les centaines de milliers d’Américains qui se pressent depuis des mois aux réunions publiques de Donald Trump pensent que le futur de la démocratie et de la prospérité américaines, et sans doute le futur du pays lui-même, sont en jeu. Ils pensent que les mesures économiques proposées par les démocrates provoqueraient une récession durable, que la transformation des institutions prévue par les démocrates briserait celles-ci, et que tout ce qui renforcerait l’Iran et la Chine rendrait le monde moins libre et bien plus dangereux. 

Joe Biden n’attire personne et ses réunions publiques sont quasiment vides. Il en est même réduit depuis deux semaines à sortir Obama du placard pour s’attirer un peu de lumière après avoir mené campagne du fond de sa cave. Ceux qui votent pour Biden votent contre Donald Trump et, pour une large partie d’entre eux, ne connaissent pas le programme démocrate. La plupart d’entre eux sont les idiots utiles de la transformation radicale et gauchiste qui risque de frapper le pays si Trump venait à être battu. En termes français, cela correspondrait à voter Strauss-Kahn et à confier le pouvoir à Jadot et Mélenchon.

Des turbulences sont à craindre au soir du 3 novembre et sans doute dans les jours qui suivront. La gauche américaine veut chasser Donald Trump de la Maison Blanche à n’importe quel prix. S’il est réélu, des émeutes sont probables. S’il est battu, des émeutes sont probables aussi : pour la gauche américaine telle qu’elle est aujourd’hui, l’éviction de Donald Trump n’est qu’une étape. La gauche américaine veut bien davantage. C’est aujourd’hui une gauche révolutionnaire.

Ceux qui en Europe souhaitent la victoire de Joe Biden et de la gauche américaine savent-ils vraiment ce qui les attend en cas de victoire de leur champion ? 

Aujourd’hui, en 2020, il n’y a que deux puissances majeures dans le monde : les États-Unis et la Chine. Un affaiblissement des Etats-Unis, qui serait une certitude avec la victoire de Joe Biden, signifierait un renforcement de la Chine. Aux dernières nouvelles, la Chine n’est pas du tout démocratique et toujours très totalitaire. Mais peut-être est-ce leur objectif final ? N’étant pas parvenu à détruire le monde libre avec le communisme dans la seconde moitié du 20ème siècle, ils ont essayé avec l’islamisme qui semble décliner – le basculement de l’Arabie Saoudite et l’affaiblissement de l’Iran en sont des signes patents – ils semblent donc porter tous leurs espoirs sur la Chine communiste et dictatoriale. Ne les laissons pas faire. Ne les laissons pas gagner.

Guy Millière est écrivain, est l’auteur d’Après Trump ? éditions Balland.
Philippe Karsenty est homme d’affaires et éditeur. Porte-parole du Parti Républicain américain en France.

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