Dans El Reino, le cinéaste espagnol Rodrigo Sorogoyen s’inspire librement de l’affaire Gürtel et livre un troublant film politique.
Sans jamais la citer, ce film espagnol au vitriol s’inspire de l’affaire Gürtel, vaste scandale de détournement de fonds publics et de pots-de-vin qui a éclaté en 2009. L’enquête avait révélé l’implication du Parti populaire et de la droite espagnole dans ce système de corruption à grande échelle. Mais ce ne sont pas les mécanismes politiques connus qui font le sel de cette œuvre au noir.
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Le cinéaste Rodrigo Sorogoyen s’applique à décrire des protagonistes corrompus qui se refusent à voir leur monde vaciller sous leurs yeux dès lors que le scandale éclate. Comme savaient si bien le faire jadis l’Italien Rosi ou le Français Boisset, le cinéaste espagnol stigmatise des comportements illégaux et mafieux, dans la pure tradition d’un cinéma du « rentre-dedans ».
Tenant à la fois du requiem et de l’opéra morbide, le film est porté par un acteur de génie, Antonio de la Torre, déjà vu et admiré dans le très glauque et très espagnol polar intitulé La isla minima. Il incarne ici un homme politique local progressivement impliqué dans le scandale en cours et confère au film son pesant de vraisemblance, de charme trouble et d’efficacité.
El Reino, de Rodrigo Sorogoyen. Sortie en salles le 17 avril.