Accueil Édition Abonné Avril 2019 Et si les catholiques ne tendaient plus l’autre joue?

Et si les catholiques ne tendaient plus l’autre joue?

Certains catholiques remettent en doute la ligne officielle qui consiste à jouer l'apaisement


Et si les catholiques ne tendaient plus l’autre joue?
Fidèles de l'Eglise catholique à Lourdes, avril 2014. ©FERNAND FOURCADE/SIPA / 00682360_000009

Alors que le nombre d’atteintes aux lieux de culte chrétiens augmente nettement, certains catholiques remettent en doute le bien-fondé de la ligne officielle, qui consiste à jouer l’apaisement pour éviter la surenchère victimaire. Enquête.


Cent cinquante-trois atteintes aux lieux de culte recensés en France en 2008 par le ministère de l’Intérieur, 1 057 en 2016, soit 690 % de hausse en huit ans. C’est ce qu’on appelle une tendance nette. Elle s’est légèrement infléchie en 2017, avec 978 profanations (– 7,5 %). Les chiffres 2018 ne sont pas encore connus. Églises, cimetières ou sanctuaires, les lieux de culte chrétiens sont les principaux visés, et de très loin. Ils représentent entre 75 % et 90 % du total des profanations, très loin devant les atteintes aux synagogues (entre 30 et 60 chaque année) et les tags ou tentatives d’incendie de mosquée (40 à 80 par an).

Côté catholique, l’année 2019 démarre fort, avec six églises profanées entre le 4 et le 9 février, dans les Yvelines, en Côte-d’Or, dans le Tarn et dans le Gard. Une flambée, précision importante, qui intervient avant le pic de polémiques sur l’homosexualité et les affaires de pédophilie dans l’église. Ces dernières provoqueront-elles un regain d’agressivité envers les églises ? Difficile de le savoir, car, bien souvent, on ignore les motivations des agresseurs. En ont-ils seulement ? À Lavaur (Tarn), deux mineurs ont avoué avoir mis le feu à l’autel d’une chapelle de la cathédrale Saint-Alain, où ils s’étaient réfugiés pour échapper à la pluie, par désœuvrement. Il a fallu deux jours pour nettoyer les suies. Ils ont aussi tordu le bras d’un christ, pour lui faire prendre une pause particulière, popularisée par le footballeur Paul Pogba (un « dab »). À Dijon (Côte-d’Or), le coupable a brisé une statue de la vierge, ouvert le tabernacle et jeté les hosties. Un sacrilège pour les catholiques, car les hosties consacrées représentent le corps du christ. Idem à Nîmes (Gard). Les hosties de l’église Notre-Dame-des-Enfants ont été dispersées, avec en prime une croix d’excrément tracée sur un mur. Panache, classe et intelligence.

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À l’église Saint-Nicolas de Maisons-Laffitte (Yvelines), le tabernacle a été jeté à terre. La sûreté départementale a interpellé un sans domicile fixe de 35 ans. C’était la troisième église du département prise pour cible en quelques jours. L’évêché de Versailles a appelé à « aborder ces événements avec du recul. […] Il s’agit, dans la plupart des cas, d’actes de personnes connues et souvent vivant en marginalité, dit son communiqué. Il ne faut pas y voir systématiquement des attaques contre l’Église. »

Tout est dans le « systématiquement »… « Pour en avoir le cœur net, il faudrait que les responsables soient plus souvent interpellés, pointe Jean-Frédéric Poisson, président du Parti chrétien-démocrate et ancien député-maire de Rambouillet. Le taux d’élucidation très faible de ces affaires ne permet pas de connaître les motivations des coupables. » En 2008, alors qu’il siégeait à l’Assemblée, il a corédigé un rapport sur les profanations de sépultures, avec son collègue André Flajolet. Suivi en 2011 par le rapport d’un groupe d’études de députés sur les atteintes


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Avril 2019 – Causeur #67

Article extrait du Magazine Causeur




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