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Eden et Greta

Elles ne partiront pas en vacances ensemble...


Eden et Greta
À gauche : la militante islamo-gauchiste suédoise Greta Thunberg à Milan, 11 octobre 2024. À droite : la chanteuse israélienne Eden Golan à New York, 7 octobre 2024. © Claudio Furlan/AP/SIPA Ron Adar/Shutterstock/SIPA

Greta Thunberg et Eden Golan sont deux jeunes femmes qui ont attiré l’attention de l’opinion mondiale ces derniers mois, notamment lors du concours de l’Eurovision. Depuis, elles continuent à faire parler d’elles, chacune de leur côté. Derrière les visages de ces « héroïnes » des temps modernes, deux mondes irréconciliables.


On avait laissé la militante écologiste la plus célèbre de la planète, un keffieh noir et blanc autour du cou, défiler dans les rues de Malmö, dans son pays, où se tenait au mois de mai le concours de l’Eurovision 2024. Alors que l’armée israélienne menait une offensive terrestre à Gaza, après les massacres commis par le Hamas le 7 octobre 2023, Melle Thunberg avait rejoint le cortège de manifestants protestant contre la participation de la représentante d’Israël, Eden Golan, à la plus célèbre compétition de la chanson.

On ignore si la chanteuse israélienne a pu croiser l’activiste suédoise aux abords de la Malmö Arena. La plupart de temps, Melle Golan est restée confinée dans son hôtel, et ses rares sorties pour les répétitions au concours ont été accompagnées par des manifestations d’hostilité de la part de certains concurrents ou encore par les sifflets d’une partie des spectateurs. On retient surtout que la prestation de la jeune Israélienne avec la chanson « Hurricane » a véritablement ému le public européen. Les habitants de 15 pays sur 25 l’ont même placée en première position, y compris… la Suède, pays dont le gouvernement est traditionnellement très critique à l’égard de la politique de l’État hébreu. Il faut croire que la voix protestataire de Greta n’a pas eu le même effet sur ses compatriotes que la voix du cœur d’Eden, finalement.

Le choix des armes

On a retrouvé l’égérie de la lutte pour le climat, au début du mois de septembre, à Copenhague, lorsque la presse a relayé les photos d’elle escortée par la police à la sortie de l’université de la capitale danoise. Avec un groupe de militants, Melle Thunberg avait occupé un bâtiment de cet établissement pour dénoncer le partenariat de celui-ci avec les institutions académiques en Israël. La posture anti-israélienne de l’activiste suédoise ne faisait alors plus de doute ; elle s’est inscrite dans la durée, en prolongement de la lutte contre les pollueurs et les climato-sceptiques. Greta associe Israël et son gouvernement aux forces qui nuisent à la planète et à la paix dans le monde. Et elle est loin d’être la seule…

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Presque au même moment, Eden Golan a donné de ses nouvelles dans les médias israéliens. La chanteuse a annoncé qu’elle allait commencer cet automne son service dans l’armée de Tsahal. Auréolée de son succès à l’Eurovision, Melle Golan n’a pas cherché à échapper à son devoir civique, surtout en cette période si éprouvante pour sa patrie. « J’espère pouvoir chanter pour les soldats, leur apporter de la joie… J’ai des frissons en pensant à ça », a-t-elle déclaré au site d’information Ynet.

Détracteurs contre créateurs

Greta et Eden, nées la même année, en 2003, sont deux jeunes héroïnes du nouveau siècle, que le destin a voulu réunir cette année à Malmö pour mieux les opposer, pour faire d’elles les symboles de deux camps irréconciliables qui s’affrontent aujourd’hui partout dans le monde : le camp de ceux qui crient et le camp de ceux qui créent. Les premiers cherchent à déconstruire le patrimoine civilisationnel au nom d’une idéologie, les seconds essaient de l’enrichir et de le rendre meilleur, en écoutant leur cœur.

La passion pour l’écologie d’une adolescente mal dans sa peau, en difficulté à l’école, et atteinte d’autisme – tout ce que nous savons de l’histoire de Greta – avait de bonnes raisons d’émouvoir l’opinion publique. Après tout, les révolutions ont souvent été faites par les jeunes gens en quête de sens. Mais, son attitude accusatrice envers Israël, dans un conflit dont elle ne maitrise sans doute pas tous les tenants et aboutissants, trahit au mieux la récupération dont la jeune femme a été victime. Parmi les signataires de la toute première pétition contre la participation d’Israël à l’Eurovision publiée au mois de janvier 2024 dans le quotidien suédois Aftonbladet figurait Malena Ernmann, une chanteuse d’opéra bien connue en Suède, et qui n’est personne d’autre que la mère de Greta. C’était déjà Madame Ernmann qui avait lancé sa fille sur l’orbite du combat contre le réchauffement climatique en publiant, en 2018, un livre co-écrit par toute la famille et intitulé « Scènes du cœur ».

Derrière chaque enfant, il y a un parent

Le mouvement de libération de la parole des femmes nous révèle chaque année les cas d’abus sexuels de jeunes femmes par des hommes plus âgés, à travers, notamment, des exemples de personnalités célèbres, comme Brooke Shields ou Judith Godrèche en passant par Flavie Flamant. L’approbation, même tacite, de leurs mères, fut le facteur déterminant dans la mise en relation des adolescentes avec les pygmalions au comportement abusif. La mère Thunberg a fabriqué une « serial » militante, sans doute avec les meilleures intentions, mais en privant sa fille de la possibilité de former sa propre vision du monde. L’emprise sur un enfant n’a pas toujours une dimension uniquement sexuelle, assurément.

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Tout en contraste, la jeune Eden a trouvé sa vocation à l’âge de 9 ans. Pour elle, ce serait la musique et rien d’autre. Elle compose, écrit les paroles de ses chansons, participe à des concours. Ses parents ne sont pas musiciens, mais ils font confiance à leur fille. Ils lui trouvent un professeur vocal et l’encouragent dans cette voie. À 12 ans, Eden participe à « The Voice » en Russie, où son père a été expatrié quelques années. Elle termine cinquième et subit déjà les attaques antisémites. La chanteuse de 20 ans arrive à l’Eurovision avec un solide bagage professionnel et la force du caractère forgé par son parcours. Le 11 mai 2024, Melle Golan bouleverse les téléspectateurs du monde entier par son talent et par sa remarquable résilience. À tel point que le maire de New-York, Eric Adams, proclame le 6 juin 2024 « Eden Golan Day » dans sa ville, à l’occasion d’une journée de levée de fonds pour une association de secours médical en Israël.

Début octobre, Greta s’est encore fait arrêter par la police, cette fois à Bruxelles, lors d’une manifestation contre les subventions aux énergies fossiles. Melle Golan, elle, a chanté le 7 octobre au siège des Nations-Unis, à New-York, en présence de l’ambassadeur d’Israël à l’ONU, Danny Danon. Elle a pu enfin interpréter la version originale de sa chanson écrite pour l’Eurovision, « October Rain », refusée par les organisateurs du concours.

Eden et Greta, deux mondes que tout oppose, sont bien parties pour continuer de faire des apparitions, alors que l’histoire de notre siècle se déroule. Une Histoire, qui sera ensuite écrite, comme à son habitude, par le camp des vainqueurs…




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Travaille dans l’industrie des hautes technologies. Il est l'auteur du livre « L'Homo Globalis Numericus » paru aux Editions du Panthéon.

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