Il manquait une rubrique scientifique à Causeur. Peggy Sastre comble enfin cette lacune. A vous les labos !
Mesdames et messieurs les chimpanzé.e.s
Dans le langage, comme partout, il existe des lois universelles. Parmi celles-ci, la loi de Zipf et la loi de Menzerath. La première, dite aussi principe d’abréviation ou d’efficience, établit que l’amplitude d’un signal est inversement proportionnelle à sa fréquence – voilà pourquoi les mots les plus usités sont en général les plus courts. Selon la seconde, la taille d’une structure linguistique est inversement proportionnelle à celle des éléments qui la constituent. Exemple : plus un mot est long, plus ses syllabes sont brèves. Ce qu’il y a de cocasse avec ces formules, c’est qu’elles sont loin de se limiter au langage articulé. La loi de Zipf se retrouve ainsi chez les cris de macaques, de ouistitis, de chauves-souris ou encore dans les mouvements des dauphins lorsqu’ils remontent à la surface pour faire le plein d’oxygène. Plus fort encore, la loi de Menzerath a été dénichée en biologie moléculaire. Exemples : plus une espèce compte de chromosomes dans son caryotype, plus ils sont petits ; dans le génome humain, le nombre d’exons (des « briques » d’ADN codant) est inversement proportionnel à la taille des gènes qui les composent. Autant dire que
