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Écriture inclusive: cette algue verte intrusive

Les envahisseur.euse.s sont là!


Écriture inclusive: cette algue verte intrusive

Mairie écolo à Lyon: les envahisseur.euse.s sont là! 


Ainsi donc, le conseil municipal « vert » de Lyon a opté pour une communication officielle rédigée en écriture inclusive. Pour fêter cette mesure, le centre-ville et la banlieue de la troisième commune de France se sont enflammés la nuit du 13 au 14 juillet. 

Le parodique est devenu l’éthique, le paranormal est devenu le normal. Et c’est au tour de l’écriture inclusive de nous plonger dans la quatrième dimension pour de vrai !

Cette « avancée » lyonnaise ne doit pas cacher le fait que de nombreuses autres villes ont adopté discrètement mais sûrement ce procédé relevant de la terreur idéologique, se nichant jusque dans les colonnes d’une certaine presse forcément subventionnée. D’aucuns prétendent que les Verts utilisent ce galimatias nommé « écriture inclusive » depuis les années 90, comme pour mieux le banaliser auprès des jeunes générations. Seulement, au vu de ses unes, seul l’hebdomadaire parodique Infos du monde, paru entre 1994 et 1998, aurait pu anticiper l’écriture inclusive et autres phénomènes occupant la scène sociétale actuelle : « Il se marie… avec lui-même », « Une nouvelle école : apprenez à être méchant », « Mon fils s’appelle Castorama », « Il est amoureux ! L’enfant chauve-souris heureux ! », etc. Finalement, ce prétendu torchon a devancé son époque avec quinze longueurs d’avance sur la presse dite sérieuse. 

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Aujourd’hui, nous y sommes arrivés : le parodique est devenu l’éthique, le paranormal est devenu le normal. Et c’est au tour de l’écriture inclusive de nous plonger dans la quatrième dimension pour de vrai.

Le charme discret mais vénéneux de la bourgeoisie progressiste

Les envahisseur.euse.s sont là ! David Vincent et tant d’autres les ont vus. Pourtant, beaucoup font semblant de ne pas les voir, s’en accommodant sans moufter, comme envoûtés par l’expression de ce charme certes discret mais vénéneux de la bourgeoisie progressiste. Les algues vertes de l’écriture inclusive, si belles en leurs miroirs des âmes, se répandent sur les réseaux sociaux, dans les articles de la presse quotidienne régionale, les hebdomadaires « culturels », les amphithéâtres, les revendications syndicales, et autres mouroirs de la pensée fulgurante (l’opposé de la pensée unique). Le mimétisme moutonnier n’a d’autre ressort que la peur d’être sanctionné pour insoumission à suivre le mouvement. Ceux qui s’y refusent sont montrés du doigt, ou pire, rayés de l’avenir du pays. Il y a dix ans, dans sa chanson « Faire com », ChalElie Couture démontait parfaitement ce mécanisme en œuvre dans le processus d’aliénation collective : 

Faire comme
Comme la com
Comme tout le monde
Qui fait comme tout le monde
[…]
Comme ceux qui le font
Et qui touchent le fond
À force de faire comme
Comme la com  

Qui a lu Balzac, Proust, Chateaubriand, Hugo, Giono ou Simenon en français dans le texte, voire Tintin, et sans parler de nos auteurs contemporains brillants (Houellebecq, Patrick Besson, etc.), ne peut décemment accepter de se soumettre à cette nouvelle lubie progressiste intrusive. Personne ne peut rêver devant un texte où la forme administrative prend le dessus sur le style. Les tracts inclusifs sont les nouvelles sécrétions administratives des Assis dénoncés par Rimbaud.

Le complexe d’égalité

Il est de notoriété publique que les Français ne lisent pas beaucoup, mais les tenants de l’écriture inclusive n’ont sans doute jamais lu un seul livre de leur vie, à part peut-être le Manuel de grammaire non sexiste et inclusive : Le masculin ne l’emporte plus ! Ils pensent sûrement que l’amour de la langue est une coquetterie moyenâgeuse. Le complexe de supériorité des castes bien-pensantes s’est mué en complexe d’égalité mais il est l’expression de la même arrogance décérébrée et manichéenne. 

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Quand la loi Jospin de 1989 affichait son objectif de conduire 80% d’une classe d’âge au baccalauréat, la mesure faisait jaser dans les chaumières. Trente ans plus tard, le taux de réussite au bac est de 96%, sans que cela n’émeuve personne. Gageons que dans dix ans le taux d’admis passera à 120%. Cette politique inflationniste conduit à la situation actuelle d’une génération spontanée sans maîtres, sans mémoire, sans culture autre que cultureuse, et pour qui le passé est forcément rétrograde. Comment s’étonner alors de l’existence de ces factions d’activistes qui imposent leur vision du monde en faisant table rase du passé dans tous les domaines – le jugeant à l’aune de leur regard immaculé « moderne » – au nom du bien et de leurs idéaux prétendument égalitaires, progressistes, etc ? 

Militants féministes radicaux, le 10 juillet 2020 à Paris © Gabrielle CEZARD / BRST / SIPA Numéro de reportage: 00972106_000003
Militants féministes radicaux, le 10 juillet 2020 à Paris © Gabrielle CEZARD / BRST / SIPA Numéro de reportage: 00972106_000003

Ironie de l’histoire, la pollution des esprits se répand désormais derrière le masque de l’écologie. Cela nous rappelle la citation de Churchill selon laquelle les fascistes de demain s’appelleront eux-mêmes antifascistes. Tout le monde avance masqué, quoi de plus naturel en ces temps de masques obligatoires ? 

Espérons seulement que nous ne nous acheminons pas vers un scénario à la Soleil vert, même si les algues vertes de l’écriture inclusive – générées par la « vague verte » sortie des urnes aux trois quarts vides – sont déjà là. Elles piquent les yeux et donnent mal à la tête aux citoyens normalement constitués. Espérons surtout que la nouvelle ministre de la Culture commandera assez de vaccins pour lutter contre ce virus extrêmement virulent. Elle peut le faire.

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Bronzer vert

Il semblerait que dans sa chanson « Bronzer vert », Michel Polnareff ait annoncé dès 1985 ce qui est en train de nous arriver. Le premier couplet ressemble à s’y méprendre à ce programme pour lequel ont voté une majorité d’électeurs français soucieux d’obtenir un bronzage vert : « Quand la planète n’est pas nette et que je veux faire place nette, je change de disque sur la platine je craque une allumette. Je veux bronzer vert, changer d’atmosphère. Bronzer à l’envers. »

Alors cet été, bronzez idiot : bronzez vert ! Et n’oubliez pas, surtout : buvez la tasse ! Ne changez rien, pour une fois ! Vous êtes juste parfait·e·s. Et dire que pendant des siècles on a pu croire que la perfection n’était pas de ce monde. Vive la génération spontanée !

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(L’illustration de cet article est issue de ce blog)



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est l'auteur de nombreux ouvrages biographiques, dont Jean-Louis Murat : Coups de tête (Ed. Carpentier, 2015). Ancien collaborateur de Rolling Stone, il a contribué à la rédaction du Nouveau Dictionnaire du Rock (Robert Laffont, 2014) et vient de publier Jean-Louis Murat : coups de tête (Carpentier, 2015).

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