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Écrans de fumée

Les jeunes lisent moins, certes, mais ils « écrivent intensément ». Quelle bonne nouvelle !


Écrans de fumée
D.R

Nos jeunes ne lisent plus, mais il y aurait motif à se réjouir du temps qu’ils passent devant leur écran


Une étude IFOP menée pour le compte d’un marchand de godemichés a révélé, le 6 février 2024, l’apathie sexuelle d’une jeunesse qui préfère les écrans à la gaudriole. Le 9 avril 2024, c’est un autre sondage pour le Centre national du livre (CNL) qui nous apprenait une baisse drastique de la lecture chez les jeunes en raison, toujours, de leur addiction à l’écran. Il y a de quoi s’alarmer ! Les 16-18 ans lisent 1 h 25 par semaine, mais consacrent 5 h 10 par jour à des activités numériques.

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Si la situation est grave, pour Nicolas Demorand elle n’est pas désespérée. Sur France Inter, dans « Les 80” » du 17 avril 2024, il a tenu à opposer à ce rapport sur la lecture une autre étude, de novembre 2023, qui porte sur l’écriture et incite davantage à l’optimisme : les jeunes lisent moins, certes, mais ils « écrivent intensément ». Quelle bonne nouvelle ! Cette enquête a été réalisée pour l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire, qui dépend du ministère de l’Éducation nationale. Les auteurs, Christine Mongenot et Anne Cordier, l’affirment : les 14/18 ans passent beaucoup de temps sur écran, mais n’en écrivent pas moins par le truchement dudit écran. La prescription de Pline l’Ancien : « Nulla dies sine linea. » (« Pas de jour sans une ligne ») reste donc d’actualité. On s’en réjouit. Quant au dispositif numérique, il est pour nos femmes savantes « une véritable prothèse cognitive qui vient soutenir l’activité scripturale » d’une jeunesse mal à l’aise avec l’orthographe et la syntaxe, parfois même dysgraphique. Nos scientifiques déplorent que la norme scolaire invisibilise voire illégitime ces nouvelles modalités d’une écriture spontanée et foisonnante (mails, SMS, mémos, messages privés en lignes…). Quant à l’écriture manuscrite, qu’on se rassure, elle se pratique encore, d’après nos scientifiques, dans « les grandes occasions ». Cet encouragement à l’écriture numérique tombe comme un cheveu sur la soupe alors qu’on se propose de revaloriser l’écriture manuscrite à l’école et d’en bannir les écrans. Elle seule fixe l’orthographe dans la mémoire et c’est avec la plume qu’on affine pensée et expression. C’est Gabriel Attal lui-même qui a déclaré : « Je crois aux forces de l’écrit. »

Mai2024 – Causeur #123

Article extrait du Magazine Causeur




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est professeur de Lettres modernes

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