Nouveau Premier ministre écossais et nouveau leader du parti des indépendantistes, Humza Yousaf est non seulement un musulman pratiquant mais aussi un wokiste avéré. Ministre de la Justice en 2021, il avait favorisé le passage d’une loi progressiste limitant la liberté d’expression. Quittant aujourd’hui le ministère de la Santé, il laisse un bilan lamentable ! Plus populaire auprès des militants de son parti qu’auprès de l’électorat, sa désignation comme chef laisse présager des jours difficiles à venir pour les indépendantistes…
Issu de l’immigration pakistanaise, Humza Yousaf, âgé de 37 ans, devient la première personne de couleur à occuper le poste de Premier ministre écossais. Ce progressiste de gauche, pro-LGBTQ+, souhaite mener le pays des chardons vers l’indépendance et abolir la monarchie dans un délai de cinq ans.
Convaincu que l’Écosse doit se séparer du Royaume Uni depuis la guerre en Irak
Le 27 mars 2023, face à deux autres candidats aux profils différents, après plusieurs jours de campagne au sein du Scottish National Party (SNP), c’est finalement lui qui a été choisi par les membres du parti indépendantiste écossais pour succéder à la Première ministre Nicola Sturgeon. En février dernier, elle a surpris toute la classe politique britannique en annonçant sa démission du poste qu’elle occupait depuis 2014. Actuel ministre de la Santé depuis un an et demi (sa gestion du Covid-19 reste aujourd’hui encore très critiquée), après avoir occupé celui de la Justice (2018-2021), un musulman va, pour la première fois, dirigé l’Écosse. Humza Yousaf est le premier enfant d’un couple de Pakistanais qui a immigré au Royaume-Uni dans les années soixante. Auparavant, sa famille résidait au Kenya, ancienne colonie de Sa Gracieuse Majesté.
A lire aussi, Jeremy Stubbs: L’indépendantiste, le violeur et l’avenir du Royaume Uni
Confronté au racisme dans ses jeunes années, il s’est engagé au SNP en 2005 alors qu’il était encore sur les bancs de l’université de Glasgow. Très impressionné par les discours du Premier ministre Alex Salmond (2007-2014) et ceux de l’activiste Rose Gentle lors de l’invasion de l’Irak deux ans auparavant, Humza Yousaf s’est convaincu que la seule option pour que l’Écosse évite de participer à cette guerre, était qu’elle se sépare du reste du Royaume-Uni. En 2007, il est nommé assistant-parlementaire d’un député du SNP tout aussi musulman que lui. Son ascension politique va être fulgurante. Élu à son tour député en 2011, il entre au gouvernement comme ministre des Affaires extérieures et du Développement international. Il milite alors pour une meilleure diversité raciale parmi les hauts postes du gouvernement en Écosse. « Dans 99% des réunions auxquelles je vais, je suis la seule personne non-blanche dans la salle [. . .]. Chaque président de chaque organisme public est blanc. Ce n’est pas suffisant » a d’ailleurs déclaré Humza Yousaf en 2020.
Pourtant, la cause indépendantiste perd du terrain
Lorsque Nicolas Sturgeon accède à la primature, elle décide de le garder à ses côtés. Il devient un des fleurons de la campagne pour l’indépendance. Bien que le référendum de 2014 désavoue les partisans de l’indépendance (55% de non), ce progressiste de gauche milite toujours pour l’organisation d’un second scrutin (que refuse jusqu’à présent le gouvernement anglais). Parmi ses thèmes de prédilection, on trouve la cause LGBT qu’il compte bien remettre sur la table des négociations avec Londres. Un récent sondage You Gov/Skynews montre pourtant que le vote en faveur de l’indépendance s’étiole. Seuls 46% des Écossais souhaitent la séparation contre 51% qui restent favorables à l’unité chèrement défendue tout au long du règne de la reine Elizabeth II.
A lire aussi: Le Royaume Uni enfin sorti du «bourbier» du Brexit ?
« Je pense que nous devons devenir des citoyens à part entière et ne plus être des sujets [du roi-ndlr] » affirme-t-il. Bien que ce ne soit pas la position officielle du SNP, il souhaite se débarrasser de l’institution royale dans un délai de cinq ans, comme il l’a indiqué le 13 mars dans une interview accordée à The National. « Nous devons décider si, au cours des cinq prochaines années, nous nous passerons de la monarchie afin de la remplacer par un chef d’État élu. Je ne sais pas pourquoi nous devrions être timides à ce sujet et je ne pense pas que nous devrions l’être. J’ai été très clair, je suis républicain. Cela n’a jamais été quelque chose que j’ai caché » a déclaré le futur Premier ministre d’Écosse. Signe du changement culturel, Humza Yousaf rejoint un groupe sélect de personnes – comme Sadiq Khan, maire de Londres, et Rishi Sunak, Premier ministre du Royaume-Uni – issues de l’immigration en provenance du Commonwealth qui ont réussi à exercer les plus hautes fonctions politiques outre-Manche.