Notre chroniqueur sort fin août un ultime essai sur l’Éducation intitulé L’Ecole à deux vitesses, et sous-titré «Ecole des riches, école des pauvres». Ciel! Brighelli serait-il devenu islamo-gauchiste ? Déjà que la dernière chronique qu’il nous a envoyée nous inquiète, le livre risque de nous consterner…
Il n’est pas inutile, parfois, d’interroger l’inconscient et le non-dit des maîtres. Ceux qui sont aujourd’hui les plus hostiles à toute mixité scolaire dans les établissements les plus huppés — et particulièrement dans le privé — ne sont-ils pas, plus ou moins consciemment, hostiles à la mixité sociale ? « Comment ? Des enfants de prolos chez nous ? C’est tout à fait impossible… » Ou pire, à la mixité ethnique ? « Accueillir des « peaux plus bronzées que nos p’tits poulbots », comme chantait Souchon en 1977, vous n’y pensez pas… » Sans doute pensent-ils que le noir déteint…
Autant être clair. L’École est le premier vecteur d’intégration. Elle est le fer de lance de l’assimilation. Ses dysfonctionnements, depuis trois décennies, ont justement gêné cette fonction.
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Encore faut-il savoir sur ce qu’il convient de faire face à des enfants ou de jeunes adultes qui arrivent de par-delà les mers, avec des vêtements, des langages, des religions distinctes et peu susceptibles de cohabitation. De la même manière qu’elle doit enseigner la langue française dans ce qu’elle a de plus beau et de plus difficile, l’Ecole doit combattre les habitudes, les tics de pensée, les fanatismes et les superstitions. Elle doit apporter la lumière.
Ni droite, ni gauche…
Il y a deux écueils, l’un à droite, l’autre à gauche — mais droite et gauche, on l’a vu, sont radicalement incompétentes en matière d’éducation, parce qu’elles mélangent l’idéologie dans la gestion de la pédagogie. Dire que l’immigré, par définition, ne s’intègrera pas, c’est du racisme. Dire qu’il faut respecter la différence et la personnalité de l’étranger assis face à nous, c’est aussi du racisme.
L’École n’existe pas si elle n’est pas un creuset où les différences sont fondues ensemble et amalgamées avec les spécificités françaises. L’École est là pour enseigner une langue, c’est-à-dire une culture. Le respect dû à l’élève ne concerne que son travail : je te respecte pour ce que tu fais, pas pour ce que tu es. Nous ne sommes, les uns et les autres, que la somme de nos actes. Aucun respect n’est dû à des pratiques ou des affirmations qui sont étrangères à la culture française que doit enseigner le professeur. Aucun respect n’est dû à des superstitions venues de civilisations archaïques : non, la Terre n’est pas plate, et la femme est l’égale de l’homme ; elle n’a pas à être voilée, excisée, minorée. La loi Jospin, en 1989, a ouvert la boîte de Pandore en affirmant que l’élève a le droit d’exprimer son opinion : l’élève n’a pas à avoir d’opinion autre que celle du maître, qui lui-même n’a d’autre opinion que celle de la civilisation qu’il transmet.
…Education nationale !
L’interjection si fréquente, « c’est votre avis, c’est pas le mien », n’a pas à être prise au sérieux : ton avis ne vaut rien face au mien. La justification systématique « c’est la religion qui le veut » n’a pas à être entendue dans l’école française laïque : nous offrons une nouvelle patrie, nous devons enseigner rigoureusement les règles et l’amour de cette patrie. Le fait religieux s’enseigne, il ne se vénère pas. Une Ecole bien comprise est, pour l’ignorant, le lieu d’un blasphème sans fin. À nous d’expliquer que le blasphème est de l’autre côté — du côté de ceux qui offensent les Lumières.
Les effets de meute, qui gênent parfois le bon fonctionnement d’une classe, ne doivent pas être tolérés. Toute affirmation contraire au droit doit être rigoureusement sanctionnée : les filles ne sont pas « impures » et n’ont pas à porter de vêtements spécifiques destinées à cacher leurs formes — alors que les garçons pourraient librement s’épanouir avec des jeans serrés mettant en avant leurs petites caractéristiques de mâles arrogants. Il n’y a pas de « pudeur musulmane », et certainement pas dans une civilisation qui a enfanté Shéhérazade, et quelques autres gourgandines de premier plan. Un établissement scolaire est en droit d’exiger une tenue correcte — et le recours à un uniforme est encore le meilleur moyen de l’imposer. Il n’a pas à accepter des tenues « ethniques » qui ne sont en fait que des avancées religieuses, un grignotage de l’espace laïque au profit de religions qui mêlent allègrement le culturel et le cultuel. Si la France accepte toutes les croyances, elle n’a pas à tolérer leurs manifestations dans l’espace public, ou dans cette forge de l’identité française qu’est l’Ecole.
Du passé et de la servitude volontaire, faisons table rase
Le vrai respect, celui que l’on doit aux élèves, quelles que soient leurs origines et leurs convictions erronées, consiste à les dépayser complètement. À les détacher de cultures exogènes pour les initier à l’identité française. À leur interdire toute expression de la superstition, tout comme on doit leur faire comprendre que l’essentiel de leur discours est composé de stéréotypes hérités de leur famille, de leur « communauté », de leur quartier. La construction d’établissements scolaires au sein des ghettos institués dès les années 1960 pour accueillir les immigrés fut une faute majeure, et plutôt que de les réhabiliter, autant les détruire et les reconstruire ailleurs : ça ne coûte pas plus cher, en fait. Aux villes, aux régions d’inventer un mode de transport diversifié ou des internats isolés pour éclater en différents sites d’enseignement des nouveaux venus qui par réflexe cherchent d’abord à rester engoncés dans leurs certitudes aberrantes. Un professeur doit leur permettre de faire table rase de leur passé. Il faut décontextualiser les élèves — et c’est ce à quoi une mixité bien comprise et bien aménagée doit conduire.
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Tolérer les voiles, les abayas, et toutes les inventions par lesquelles une religion des sables a systématiquement infériorisé les femmes, c’est se rendre complice de l’aliénation par laquelle un fanatisme venu d’ailleurs tente de s’infiltrer dans notre pays. L’affirmation de gamines manipulées, prétendant que « c’est leur choix », est la preuve même de leur aliénation — relisez Marx et Engels. Ou La Boétie, si vous préférez des références françaises : la servitude volontaire, explique l’ami de Montaigne, se révèle dans le fait qu’elle est défendue a priori par ceux et celles qui en sont les premières victimes, pendant que ceux qui les exploitent ricanent de leur naïveté — et de la nôtre. Ceux-là, croyez-moi, ne veulent surtout pas de mixité, parce qu’ils la craignent, dès lors qu’ils ne se sentent plus en position de force.
Quant à ceux qui préconisent de rejeter les immigrés à la mer, ce sont des demi-habiles, ou des trois-quarts-crétins. Ils ignorent le droit (et l’utilisation de ce droit par des organismes aux ressources considérables), et surtout les ressources infinies d’une instruction publique bien comprise.
Le respect que nous devons aux élèves d’origine étrangère, mais aussi bien à certains de nos compatriotes engoncés dans d’étranges certitudes, consiste avant tout à les arracher à leur destin, afin de les naturaliser Français. En leur apprenant le bon français, la vraie culture, la pensée complexe, et non le gloubi-boulga dans lequel ils s’expriment le plus souvent, la culture inculte qui est la leur, la pensée archaïque, tissée de poncifs et d’idées reçues, qui est l’héritage de leurs parents, de leur milieu social, de leurs superstitions. C’est cela, la laïcité — et ceux qui penchent pour une laïcité « ouverte » sont les fourriers de l’armée des ténèbres qui cherche à s’imposer dans l’Ecole des Lumières.
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