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École: éducation à la sexualité ou au genre?

Une "panique puritaine" à l'école est dénoncée, alors que les conservateurs sont inquiets à l'idée que la théorie du genre y devienne officielle


École: éducation à la sexualité ou au genre?
Douai, septembre 2021 © FRANCOIS GREUEZ/SIPA

Le ministère de l’Éducation nationale a annoncé une grande réforme de l’éducation à la sexualité pour l’année 2023-2024. S’agira-t-il de généraliser un programme axé sur le bon sens et la prévention des dangers pour les jeunes (grossesse non désirée, maladies, agressions…) ou d’imposer les folies de la théorie du genre?


Fin juin, avant son départ en tant que ministre de l’Éducation, Pap Ndiaye a annoncé « un plan national ambitieux » de formation d’intervenants préposés à l’enseignement de l’éducation à la sexualité. En mars, trois associations, SOS Homophobie, Sidaction et le Planning familial, ont porté plainte contre l’État, car ce dernier ne respecte que de manière très inégale l’obligation d’assurer un minimum de trois séances annuelles, au premier et au second degrés, consacrées à l’éducation à la sexualité.

Certes, jusqu’ici, il y avait un manque de clarté : qui est-ce qui précisément devait assurer ces séances ? Quel devait en être le contenu ?

Anguille sous roche ?

Le nouveau « plan ambitieux », qui doit être finalisé en novembre, est censé donc dissiper cette incertitude et établira un programme précis. Parmi les objectifs fixés : encourager l’égalité filles-garçons et sensibiliser les enfants à la notion de consentement dans les relations sexuelles. Tant mieux ! Mais un autre objectif vise « la lutte contre toutes les formes de discrimination liées à l’identité de genre ou l’orientation sexuelle réelle ou supposée ».

C’est ici qu’il pourrait y avoir anguille sous roche, et il faudra que les parents et les citoyens en général soient vigilants. Car, pour lutter contre les discriminations concernant l’identité de genre, il faut familiariser les enfants avec cette notion qui, sous la forme promue par les idéologues, n’est jamais simple. Selon la doxa en cours, il y a quatre éléments à prendre en compte pour définir chaque individu :

  • Le sexe biologique (qui représente peu de chose aux yeux des idéologues) ;
  • L’orientation sexuelle (l’attraction et les pratiques sexuelles) ;
  • L’identité de genre (comment on se sent dans son for intérieur) ;
  • L’expression de genre (comment on se comporte et se présente : vêtements, maquillage, gestuelle…). Elle peut être différente de l’identité.

En particulier, cette distinction entre identité et expression de genre peut laisser perplexe un adulte ; imaginons la confusion dans la tête d’un préadolescent ou d’un jeune ado.

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Les documents et les ressources pédagogiques du ministère de l’Éducation sont déjà infectés par ce vocabulaire et ces concepts. On peut craindre que le nouveau programme officialise et impose une fois pour toutes ces notions déroutantes.

D’autant que les lobbyistes, militants et associations qui promeuvent l’idéologie du genre exercent une pression constante sur les autorités publiques dans tous les pays occidentaux, pression visant trois buts : mettre la notion de genre au centre de l’éducation sexuelle, sexualiser les enfants en parlant du sexe, imposer l’éducation sexuelle le plus tôt dans la vie. Nous savons que les effets de cette pression se font déjà ressentir. En septembre 2021, le Bulletin officiel a publié des lignes directrices enjoignant aux enseignants de respecter le questionnement des enfants concernant leur genre et même, à l’occasion, de respecter leur transidentité.

Franc Tireur surveille les parents vigilants

En mars, Causeur a publié un dossier rassemblant des témoignages sur ce qui se passait dans certaines écoles, témoignages recueillis par « Parents Vigilants », une initiative lancée par le parti d’Éric Zemmour, « Reconquête ! ». Prenons deux exemples. Un garçon de cinq ans a dit à sa mère : « Tu sais maman, un garçon peut devenir une fille, et une fille un garçon ». Une infirmière a annoncé à une classe de CM1 que les garçons pouvaient porter des robes s’ils voulaient. Ce sont peut-être des anomalies, mais le nouveau programme que prépare le ministère va-t-il les supprimer une fois pour toutes ou les transformer en la norme universelle ? La semaine dernière, l’hebdomadaire centriste, Franc-Tireur, a proclamé sur sa une, à côté d’un portrait d’Éric Zemmour, « École : panique puritaine ». La double page consacrée à cette affaire accuse « Parents vigilants » de s’immiscer « dans la vie scolaire partout en France » afin de faire « régner intimidations et menaces ». À l’appui de cette charge, le journal macroniste cite des exemples concernant, non pas « Parents vigilants », mais Civitas, une organisation que tout le monde peut d’emblée condamner.


Tout l’argumentaire de l’article est fondé ainsi sur la mauvaise foi. Selon la feuille centriste, qui bien sûr n’a pas daigné faire référence au dossier de Causeur, Zemmour et « Reconquête ! » agiraient « sous prétexte de lutter contre une fantasmagorique propagande LGBT ». Pourtant, il existe une différence évidente entre l’acceptation sociale de l’homosexualité, qui fait partie intégrante des valeurs démocratiques modernes, et l’initiation à l’idéologie du genre qui inquiète beaucoup de parents – et pour cause, puisqu’elle encourage un certain nombre d’enfants à se mettre sur la voie de la transition de genre !

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Don’t say « gay »

Le refus de cette distinction transparait dans quelques paragraphes accordés par Franc-Tireur à la Loi sur les droits parentaux en matière d’éducation promulguée l’année dernière par le gouverneur de l’Etat de Floride, Ron DeSantis. Réduisant la loi au surnom qui lui a été collé par les idéologues du genre, « Don’t say « gay » » (ne prononcez pas le mot « gay »), l’auteur (Paloma Clément-Picos) essaie de lancer son propre mouvement de panique à propos d’une prétendue menace d’extrême droite qui sévirait simultanément des deux côtés de l’Atlantique. Pourtant, la loi de DeSantis ne vise pas spécifiquement l’homosexualité mais interdit toute discussion en classe de l’identité de genre et de l’orientation sexuelle (même hétéro), depuis la maternelle jusqu’à l’âge de huit ans.

On pourrait choisir d’ignorer cette diatribe, mais Franc-Tireur est un baromètre assez fidèle de l’esprit « en même temps ». L’indulgence qu’on y trouve envers les extrémistes du genre est assez caractéristique de l’attitude générale des pouvoirs en place, qui semblent ignorer les leçons à tirer de l’expérience américaine et britannique. D’ici novembre, il faudra rester tous très vigilants quant à ce que le ministère va produire !

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est directeur adjoint de la rédaction de Causeur.

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