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École: « dégenrage » à tous les étages

Dans l’école de Jean-Michel Blanquer, les garçons deviennent la cible d’une politique égalitariste folle


La vague de « dégenrage » des cours de récré, un rapport parlementaire sur les stéréotypes de genre et les propos du ministre Jean-Michel Blanquer montrent que l’Éducation nationale pourrait bien être devenue le ministère de la ré-éducation nationale. 


Le mâle blanc âgé de 2 à 18 ans a du souci à se faire ! Au moment où notre pays dégringole dans tous les systèmes de classement internationaux, l’Éducation nationale a déclaré la guerre aux garçons. Ils briment les filles, ils parlent en classe et occupent trop d’espace dans la cour de récréation. En clair : aux yeux des élus (de gauche, généralement) qui gèrent les écoles et aux yeux des responsables pédagogiques du ministère qui fabriquent les programmes, il serait temps que les garçons cessent de discriminer les filles. 

Ainsi, aux Lilas (Seine-Saint-Denis), la municipalité a décidé d’expérimenter une cour de récréation égalitaire. À l’école Paul-Langevin, une « géographe du genre » (c’est ainsi qu’Édith Maruéjouls à qui la municipalité a fait appel pour repenser la cour de récréation, se fait appeler), a entrepris de réduire la place occupée par le foot des garçons pour redonner plus d’espace aux jeux des filles et inciter les garçons à quitter le ballon rond pour des jeux de corde… un peu comme les filles. À Marsas (Gironde), à l’instigation du Conseil Général socialiste, un collège a entrepris de  « dégenrer » l’école communale. Les urinoirs masculins ont été supprimés au profit de toilettes « mixtes » et la cour de récréation perdra son terrain de football. À Bassillac, près de Périgueux (Dordogne), la cour de récréation aussi a été dégenrée. À Redon (Ille-et-Vilaine), le 11 octobre, les élèves de l’école Marie-Curie, ont accueilli Élisabeth Moreno, ministre déléguée à la Diversité et à l’Égalité des chances, et Adrien Taquet, secrétaire d’État chargé de l’enfance et des familles, pour réaffirmer que les filles peuvent « conduire un camion, ou piloter un avion […] y’a pas d’raison. ». Lors d’un échange avec les CM1 et les CM2, les ministres ont réalisé que si tous reconnaissaient aux « filles (le droit de) porter des habits de garçon, le port d’une robe par un garçon en a laissé plus d’un dubitatif ». À l’école de la Sauvagère, dans le 9e arrondissement de Lyon, la cour de l’établissement a également été « dégenrée » pour casser avec le spectacle traditionnel des garçons jouant au foot et les filles à la marelle (notre vidéo ci-dessous).

Chasse aux garçons

Un rapport a récemment apporté une caution parlementaire à cette chasse aux garçons qui ne dit pas son nom. Gaël Le Bohec, député LREM de la 4e circonscription d’Ille-et-Vilaine et Karine Lebon, députée elle-aussi, ont rendu public un rapport sur les stéréotypes de genre à l’école qui se résume à une dénonciation généralisée du masculin. Aucun poncif féministe n’est oublié, depuis la prétendue minoration du rôle des femmes dans les manuels d’histoire jusqu’aux représentations sexuées des manuels de mathématiques en passant par le fait que « dans les classes de primaire (…) la parole serait monopolisée à 70 % par les garçons ». La première recommandation du rapport est significative du projet global : « Mettre en place un accompagnement à la parentalité, pour les mères comme pour les pères » à l’aide de « tutoriels » (égalitaristes et dégenrés) fournis par les caisses d’allocations familiales. La dernière proposition du rapport, la 21e n’est pas moins significative : instaurer l’éducation sexuelle obligatoire et ouvrir les établissements aux mouvements LGBTQ.

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Qu’on se le dise, l’école n’est plus le lieu de l’éducation conçue comme un transfert de connaissances entre un maître et des élèves, mais comme un lieu de rééducation du peuple par l’État. Le « dégenrage » est l’outil même de cette rééducation. Dans le primaire comme dans le secondaire, à ce moment clé où enfants et adolescents, où garçons et filles construisent leur identité sexuelle, le « dégenrage » aboutit à détruire l’identité des garçons hétérosexuels en brimant leur droit « élementaire » (!) de jouer au foot et en les orientant vers des jeux de filles (marelle, saut à la corde…) où ils seraient à parité avec les filles. Le masculin ne sera-t-il bientôt plus toléré qu’à la condition qu’il devienne homosexuel ?

Le projet de réorienter massivement les filles vers les filières scientifiques et techniques – le rapport Le Bohec exige que 40 % des places en classes préparatoires scientifiques et en écoles d’ingénieurs soient réservées aux filles – participe de ce grand remplacement d’un sexe par un autre. Les mathématiques et les métiers de l’ingénierie, trop virils, doivent impérativement se féminiser !

Blanquer disait combattre le wokisme mais…

Nous pensions que l’école souffrait d’un problème de qualité de l’enseignement. Que nenni, c’est au problème d’inégalité entre les sexes que l’on s’attaque. Pour mieux raboter ce trop-plein de testostérone, le rapport Le Bohec propose de former les enseignants de CP, CE1, CE2 pour les aider à « déconstruire les stéréotypes de genre en matière d’aptitudes, de goûts et de rôles » (9e recommandation). 

C’est une chose que des élus de gauche poussent à la déconstruction des genres et à l’intrusion des mouvements LGBT dans l’enceinte scolaire. C’en est une autre que le ministre soutienne ces initiatives. Le rapport Le Bohec a ceci d’utile qu’il inclut une longue interview de Jean-Michel Blanquer. Que dit le ministre ? Jean-Michel Blanquer, l’homme raisonnable du gouvernement, celui qui voulait restaurer l’école comme un lieu de transmission des savoirs (c’est ainsi qu’il s’est donné à voir au début du quinquennat Macron) apparait en réalité comme le pilote de cette révolution rééducative. M Blanquer admet en effet que l’école a une politique de genre qui se donne pour « objectif primordial » l’égalité entre les filles et les garçons, ainsi que « la lutte contre les stéréotypes, la lutte contre les discriminations, celle contre les violences sexistes et sexuelles, le respect du droit du corps, l’égalité professionnelle et salariale, le travail sur la confiance en soi ». Ceux qui pensaient que l’école avait d’abord pour fonction de transmettre des savoirs retardent bien d’une révolution. 

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Cette politique de genre est matérialisée par une délégation ministérielle à l’égalité filles-garçons confiée à Claude Roiron et par la nomination dans chaque établissement d’un « référent à l’égalité homme-femme », tout comme il existe déjà un référent antiraciste auprès de chaque procureur de la République. La révolution du genre va avec la conscientisation écologique. Outre ces commissaires politiques à l’égalité, le ministre prend également en considération la désignation d’un « éco-délégué dans chaque établissement scolaire ». Les collèges et lycées comptent déjà 250 000 éco-délégués (des élèves, que l’on se rassure !) qui ont pour objectif le développement durable, lequel, au-delà des enjeux de biodiversité et de lutte contre le changement climatique, inclura désormais l’égalité entre les femmes et les hommes. Climat, biodiversité, égalité entre les hommes et les femmes… bref, l’intersectionnalité des luttes est au pouvoir à l’Éducation nationale.

Le ministre Jean Michel Blanquer à Montataire dans l’Oise, le 21 août 2020 © NICOLAS MESSYASZ/SIPA Numéro de reportage: 00977474_000004

Blanquer maintient son cap : il affirme dans le rapport qu’ « une véritable armée d’adultes et d’élèves est (…) au service de notre cause dans le territoire. » “Notre cause”… “Armée d’adultes et d’élèves” unis dans la même direction… Tout cela sonne quand même un peu révolution culturelle chinoise à nos oreilles. Monsieur Blanquer le confirme : « nous ne sommes qu’au début de cette révolution. »

Jean-Michel Blanquer semble toutefois conscient du ridicule d’une situation qui postule que les filles souffrent de discriminations généralisées. « Il faut parfois s’inquiéter pour les garçons » concède-t-il. « À l’école, ils obtiennent des résultats inférieurs à ceux des filles », reconnait même le ministre à mots couverts. Mais très vite, le ministre s’inquiète surtout des conséquences que ledit décrochage des garçons pourrait avoir sur les filles. « Des violences peuvent trouver leur origine dans une frustration de la part de ces garçons, qui épousent mal la forme scolaire au quotidien » dit-il. On attend avec impatience le « dégenrage » des cours de récréation des établissements scolaires de Seine Saint Denis. 




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