Depuis quarante ans, l’Enseignement des langues et cultures d’origine (ELCO) assigne les enfants d’immigrés à l’identité de leurs ancêtres. Ultra majoritairement choisi par des familles turques ou maghrébines, ce dispositif sous-traite à des enseignants étrangers l’instruction des enfants. Enquête.
Apprendre aux enfants la langue de leurs grands-parents : a priori, l’idée semble généreuse. La réalité, bien sûr, est plus problématique, et les Enseignements des langues et cultures d’origine (ELCO) ne cessent de faire polémique. « À l’école élémentaire, votre enfant peut recevoir un enseignement optionnel de langue vivante étrangère encadré et contrôlé par le ministère de l’éducation nationale » : ainsi commence le document distribué, ce printemps, aux parents d’élèves des écoles de France. Il s’agit d’un reliquat de l’ère Vallaud-Belkacem, l’une de ces demi-vérités qui furent sa marque de fabrique et dont hérite Jean-Michel Blanquer : la métamorphose inachevée des controversés ELCO, à mi-chemin entre Capharnaüm et Babel.
« Afin de faciliter leur réintégration éventuelle dans l’État membre d’origine »
Initialement, neuf pays, partie prenante du dispositif ELCO, recrutaient les professeurs à cette fin : le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Turquie, le Portugal, l’Italie, l’Espagne, la Serbie et la Croatie. L’objectif, défini par une directive européenne du 25 juillet 1977, était alors de « faciliter la libre circulation des travailleurs » et de promouvoir « l’enseignement de la langue maternelle et de la culture du pays d’origine de leurs enfants afin de faciliter leur réintégration éventuelle dans l’État membre d’origine ».
En pratique, selon les chiffres officiels, en 2016, on ne dénombrait que 22 élèves apprenant le croate, 184 le serbe, 190 l’espagnol, 5 513 l’italien, 10 468 le portugais, mais surtout… 19 216 le turc et 48 129 l’arabe ! L’enseignement de ces deux dernières langues a défrayé la chronique sous le quinquennat Hollande lorsque les dérives du dispositif sont arrivées
