Le 16 avril 2024, il est tombé à Dubaï en une seule journée autant de pluie qu’en deux ans (254 mm – soit 254 litres au m²- contre 7 mm en moyenne en avril en temps normal[1]).
La catastrophe aurait fait une vingtaine de morts et causé des millions de dollars de pertes pour l’économie. Les médias ont immédiatement invoqué le dérèglement climatique dû aux émissions de CO2. Mais un scénario plus plausible et précis s’est fait jour malgré les dénégations médiatiques : le déluge aurait été causé par l’ensemencement des nuages, technique utilisée 300 jours sur 365 dans cette région désertique, pour provoquer une chute des températures souvent suffocantes et stimuler la pluie…
Un déluge biblique
Venu en vacances à Dubaï, notre confrère journaliste Alexander Seale est resté coincé dans sa chambre d’hôtel en haut d’un gratte-ciel. Il n’est pas près d’oublier sa mésaventure « climatique ».
« Je suis arrivé à Dubaï le lundi 15 avril au matin. La pluie est tombée dès le lendemain mardi 16 avril. C’était impressionnant d’assister à ce déchaînement des éléments de ma fenêtre. J’ai vu les avenues transformées soudainement en rivières. Les voitures flottaient à la surface. Puis, j’ai découvert que le hall de mon hôtel était complètement inondé et qu’on avait de l’eau jusqu’à la taille. L’ascenseur était hors service, car l’électricité avait été coupée.
Ma chambre étant située au 22e étage, j’ai réalisé que je devrais utiliser l’escalier pour accéder au restaurant de l’établissement, soit 880 marches à descendre et à remonter ! C’est exactement ce que j’ai fait tous les jours, deux fois par jour, pendant trois jours, pour aller prendre mes repas ! Le jeudi, j’ai heureusement été transféré dans une chambre au 5ème étage. J’avais prévu de visiter la ville, mais cela a été impossible. J’étais à Charjah, la capitale de l’émirat du même nom qui fait partie de la conurbation de Dubaï. À Dubaï, les rues étaient inondées, mais le lendemain ça allait mieux, alors qu’à Charjah, cela a pris beaucoup plus de temps. On m’a dit que les centres commerciaux avaient été transformés en piscines et que des milliers de tonnes de marchandises avaient été détruites. Dans le désert autour de la ville, des chameaux plongés dans l’eau jusqu’au cou, luttaient pour éviter de se noyer. Après plusieurs jours de confinement, je suis finalement parti de l’hôtel en kayak avec mes bagages pour aller prendre un taxi vers Dubaï. Il ne fallait en aucun cas que je rate mon vol vers Londres ! Apparemment, ces pluies torrentielles sont en partie causées par l’ensemencement des nuages, qui vise à lutter contre la sécheresse. Mais quand cela tourne mal, dans un pays avec des gratte-ciel et peu d’égouts, les résultats sont vraiment catastrophiques ».
L’ensemencement des nuages, kézako ?
Les nuages, qui sont le résultat du refroidissement dans l’atmosphère de la vapeur d’eau, sont composés de gouttelettes d’eau ou de cristaux de glace. En se condensant ou en se combinant avec des particules, ces derniers se transforment en précipitations (pluie ou neige). Afin d’accélérer ce processus, de nombreux pays utilisent des techniques d’ensemencement des nuages[2], qui consistent, après avoir observé les nuages les plus propices, à répandre dans l’atmosphère souvent par avion, des molécules telles que l’iodure de sodium ou des cristaux de sel, ce qui provoque une réaction chimique. Les Emirats arabes unis y ont recours depuis les années 1990. Ils utilisent également des drones provoquant des décharges électriques dans les nuages pour stimuler les précipitations. De nouvelles techniques de manipulation artificielle du climat (géo-ingénierie) permettent de capturer le CO2 dans l’atmosphère mais aussi de modifier le rayonnement du Soleil. Les Emirats arabes unis ne sont pas seuls à utiliser de telles techniques. De nombreux autres Etats les utilisent aussi pour lutter contre la pollution de l’air (la Chine) ou au profit de l’agriculture (la France)[3].
En 2021, lors de précédentes inondations à Dubaï, France Info, avait indiqué, dans un article consacré aux techniques de stimulation des précipitations utilisées dans l’émirat : « Il faut faire attention. Aux Émirats arabes unis, il ne pleut qu’environ 100 mm d’eau par an en temps normal. Donc les infrastructures ne sont pas prévues pour assimiler autant de pluie. Et puis les habitants non plus ne sont pas habitués. La technologie provoque la pluie, mais ne contrôle pas sa quantité et son intensité »[4].
Que s’est-il passé ?
Face à l’ampleur de la catastrophe qui a sidéré le monde, les spéculations sur les causes se sont multipliées. Les données de suivi des vols analysées par l’agence de presse Associated Press ont montré qu’un avion préposé à l’ensemencement des nuages avait survolé les Emirats arabes unis dimanche 14 avril. Ahmed Habib, météorologue au Centre national de météorologie (NCM) des Emirats, a déclaré à Bloomberg, que plusieurs sorties d’ensemencement de nuages avaient été effectuées dans les jours précédant le déluge. Au niveau mondial, ces déclarations ont immédiatement provoqué un vent de panique dans la sphère médiatique, qui privilégie systématiquement la thèse du réchauffement climatique comme cause principale des événements climatiques tels que les ouragans, les feux de forêts, les pluies diluviennes, etc. Le NCM a alors précisé, auprès de la chaîne américaines CNBC, qu’il n’y avait pas eu d’ensemencement des nuages le jour du déluge (mardi)[5] – mais il a bien confirmé qu’une telle opération avait en effet été effectuée les dimanche 14 avril et lundi 15 avril, soit la veille du désastre[6].
[1] https://www.climatsetvoyages.com/climat/emirats-arabes-unis/dubai
[2] https://www.lefigaro.fr/sciences/dubai-stimule-les-nuages-pour-faire-tomber-la-pluie-20210723
[3] https://www.dailymail.co.uk/sciencetech/article-13323453/Cloud-seeding-weather-modification-technique.html
[4] https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-monde-est-a-nous/face-aux-fortes-chaleurs-dubai-fait-tomber-de-la-fausse-pluie_4695459.html
[5] https://www.thenationalnews.com/news/uae/2024/04/17/cloud-seeding-uae-rain-weather/
[6] https://www.dailymail.co.uk/galleries/article-13319175/Was-Dubais-apocalyptic-rain-storm-self-inflicted.html