Du socialisme vénézuélien à la démocratie russe


Du socialisme vénézuélien à la démocratie russe

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De la démocratie en Russie

Un député de Saint-Pétersbourg, Maxime Reznik, du parti libéral Iabloko, lassé par les propositions « idiotes » émises par ses collègues de la douma, a suggéré qu’un test psychologique soit instauré pour les prochaines candidatures au parlement régional. L’heure est grave, s’alarme-t-il : « Nous croulons sous les propositions de loi complètement folles. » Il est vrai que certains de ses collègues ne semblent pas avoir la lumière à tous les étages. Pour appuyer ses propos, Reznik cite régulièrement un projet de loi « qui relève du cas clinique ». Déposé par son collègue communiste Vadim Soloviev, ce texte suggère de rétablir les cours d’« information politique » dans les écoles.[access capability= »lire_inedits »]

Une idée aussi stupide que dangereuse, sans aucun doute, mais qui comme mille autres âneries parlementaires a été retoquée illico par une copieuse majorité de députés. Le représentant de Iabloko, aveuglé par son indignation, semble avoir oublié une étape décisive du processus législatif : le vote en Assemblée. Et, surtout, il a oublié que les propositions de loi sont déposées par un élu.

Aussi abruti que celui-ci s’avère, il demeure le représentant légal d’une fraction de l’électorat. Et même si on présume que ces électeurs-là ne sont guère plus sensés que leurs élus, peut-on priver des « idiots » de leurs représentants ? Pour moi, c’est niet.

Il est tout de même piquant que ce soit un authentique anticommuniste qui ressuscite les vieux réflexes soviétiques des années 1960-1970, quand le pouvoir décrétait que ses opposants étaient tous bons pour l’asile.

Heureusement, cette lubie stalino-libérale ne verra jamais le jour : les députés ne sont pas assez cinglés pour voter cette proposition.

Par Nastia Houdiakova

 

Venezuela : socialisme et biométrie

Alors que la France rame pour essayer d’arracher un malheureux point d’inflation, le Venezuela bolivarien, modèle de « l’autre gauche » mélenchoniste, ne sait plus comment juguler la hausse des prix, qui a atteint 60 %. Les emmerdes, comme le dit Chirac, volant en escadrille, les Vénézuéliens ont concomitamment découvert les joies de la pénurie. Ce n’est bien sûr pas la faute du successeur de Chavez, le président Maduro. Non, si on ne trouve plus de quoi faire bouillir la marmite, c’est à cause de la contrebande.

Dans le paradis bolivarien, l’État subventionne une flopée de produits de première nécessité (sucre, lait, beurre, oeufs, farine, papier toilette, etc.). Des produits que de mauvais citoyens achètent en quantité déraisonnable, non pour mettre 12 sucres dans leur café ou confectionner des guirlandes de papier hygiénique, mais pour aller, honte sur eux, les revendre clandestinement sur les mercados de la Colombie voisine à des prix défiant toute concurrence.

Résultat, à Caracas, le lait est bon marché, sauf qu’on n’en trouve pas ! À l’instar de son ancêtre bolchevique, le Venezuela révolutionnaire se mobilise donc contre la pénurie généralisée. En clair, il organise le rationnement. Mais attention, le citoyen bolivarien n’est pas l’Homo sovieticus. D’après le quotidien britannique The Guardian, le président Maduro envisagerait d’instaurer un système de rationnement ultra high-tech : un dispositif de reconnaissance biométrique des empreintes digitales qui empêchera les contrebandiers contre-révolutionnaires d’acheter quotidiennement 100 litres d’huile de palme pour les brader à Bogota. On ignore comment feront les manchots, mais en revanche, on fait confiance aux trafiquants pour trouver la parade. On fait confiance aussi aux thuriféraires du régime pour dégager un bilan positif de cette expérimentation. S’ils sont en panne d’idées, j’ai des éléments de langage imparables à leur suggérer.

Moi, si j’étais bolivariste, je dirais ça : le président Chavez s’était fixé pour objectif de créer au Venezuela le « socialisme du XXIe siècle ». En inventant le rationnement du 3e millénaire, ses successeurs ont déjà rempli une bonne partie du contrat.[/access]

Par Daoud Boughezala

*Photo:  John Minchillo/AP/SIPA.AP21627803_000001

Octobre 2014 #17

Article extrait du Magazine Causeur



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