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Du bon usage du Rubicon

Le billet de Dominique Labarrière


Du bon usage du Rubicon
Rentrée politique d'Éric Ciotti (président des Republicains et député des Alpes-Maritimes), au cours de laquelle il annonce créer son propre mouvement, l'Union des Droites pour la République (UDR), Grand Pre, Levens (06), 31 août 2024 © SYSPEO/SIPA

Ce bon vieux Jules César, de glorieuse mémoire, avait indiqué la voie à suivre. Depuis, grâce à lui, on aura compris que quiconque nourrit l’ambition de marcher un jour sur Rome doit, à un moment ou à un autre, s’imposer le pas décisif, dépasser le point de non-retour, brûler ses vaisseaux et donc franchir le Rubicon.

Il y a ceux qui, petits bras et petites âmes, ne sauront jamais faire autre chose qu’y barboter. Ils passeraient bien sur l’autre rive, mais  ne parviennent pas à s’y résoudre. Toutes les excuses sont bonnes, à commencer par celle, facile, éculée, mais toujours d’actualité, selon quoi il s’agirait de s’embarquer avec des péquins peu fréquentables, qui ne sentiraient pas très bon et, surtout, mal vus des bons milieux et des officines autorisées. On connaît la chanson. On a vu de telles préventions, de telles coquetteries à l’œuvre voilà peu encore.

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Franchir le Rubicon, cela s’effectue à différents niveaux. Le plus élevé avec De Gaulle qui, en juin 1940, claque la porte du gouvernement de la défaite et s’embarque pour Londres. À un niveau un tantinet moins noble, Mitterrand lui aussi se paie son Rubicon en s’alliant avec les communistes pour le programme dit commun, les communistes pourtant toujours quelque peu empuantis des miasmes d’un stalinisme aboli certes en surface, mais encore rampant au sein d’une vieille garde rouge à la nostalgie tenace.

Le Rubicon, il y a celui que vient de franchir Éric Ciotti, avec son UDR à réminiscence gaullienne sinon gaulliste. L’Union des Droites. Comme il y eut, donc, en son temps, l’Union de la Gauche, autobus à ramassage large avec, pour Mitterrand, terminus à l’Élysée. Bien joué, jadis. Bien joué, aujourd’hui ? L’avenir nous le dira.

D’ores et déjà, on peut supposer que, dans le sillage que le toujours président LR aura laissé derrière lui en se jetant à l’eau, ceux que rebutaient encore, indisposaient, effarouchaient, tout à la fois l’historique et la référence Le Pen du RN, pourraient bien lâcher prise et rejoindre le mouvement. Si tel est le cas, il risque d’y avoir avant peu une notable affluence sur l’autre rive et on pourrait bien voir se former dans la foulée un cortège non négligeable pour la marche sur Rome qui nous attend à l’horizon 2027.

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Ex-prof de philo, auteur, conférencier, chroniqueur. Dernières parutions : "Marie Stuart: Reine tragique" coll. Poche Histoire, éditions Lanore. "Le Prince Assassiné – le duc d’Enghien", coll. Poche Histoire, éditions Lanore.

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