Hier, Dominique Strauss-Kahn était l’invité de France 2 pour une interview de près d’une heure où il était difficile de ne pas déceler le candidat à l’élection présidentielle de 2012. Et si sa candidature était ce dont la France a besoin pour déclencher une révolution politique ?
Le candidat idéal ?
Aujourd’hui, trois candidats à la candidature socialiste font la course en tête : DSK, Martine Aubry et Ségolène Royal. La candidate de 2007 semble assez mal partie, même s’il ne faut pas la sous-estimer. Portée par les sondages et une ferveur populaire en 2006, cela semble beaucoup moins le cas aujourd’hui. Martine Aubry semble ne pas le vouloir autant que le président du FMI, qui dispose d’une avance indestructible dans les sondages.
L’immense force de Dominique Strauss-Kahn est clairement son potentiel électoral. Il est sans doute celui qui a le plus de chances de gagner puisqu’il plaît fortement à un électorat de droite et du centre guère convaincu par Nicolas Sarkozy. Et vu la détestation que la gauche porte au président sortant, ses électeurs ne renâcleront pas trop à voter pour lui. En outre DSK est sans doute le meilleur candidat pour éviter que François Bayrou ou Dominique de Villepin ne puisse émerger.
En effet, quel espace politique pourrait-il rester à un candidat du centre ou du centre-droit qui défendrait la globalisation, la rigueur, une réforme a minima du système économique, le tout avec une petite touche sociale, si le président du FMI se présente ? Cela serait bonnet blanc et blanc bonnet. En outre, nul doute que tous les « raisonnables » l’accueilleront comme le fils prodigue revenu de Washington. Il n’y a guère de souci à se faire pour son plan média…
Ce qu’apporte DSK
Alors qu’il est sans doute la meilleure incarnation du système économique qui nous a menés dans le mur, il est peut-être celui qui arrivera à le faire remettre en question, indirectement. En effet, si Martine Aubry représente le Parti Socialiste, alors certains pourront se laisser tenter par sa rhétorique plus gauchiste que l’actuel président du FMI, en oubliant ses incohérences (vouloir augmenter les impôts sur le capital sans remettre en cause leur libre circulation, par exemple).
Avec DSK, pas de risque. Son discours sera le même que celui du centre ou du centre-droit, même s’il essaie d’expliquer qu’il a donné une touche plus sociale au plan de rigueur en Grèce. De manière amusante, il pousse le mimétisme jusqu’à adopter la posture d’Edouard Balladur en 1994 en évoquant son travail pour ne pas répondre aux questions sur sa candidature. Mais si le PS maximise ses chances de gagner en le choisissant, il pourrait bien provoquer une révolution politique en France.
En effet, ce choix provoquerait un appel d’air considérable pour Jean-Luc Mélenchon et Nicolas Dupont-Aignan. Il leur serait beaucoup plus facile de dénoncer l’UMPS et la pensée unique avec un tel candidat. DSK pourrait être bien involontairement la clé de la recomposition de la vie politique Française en favorisant l’émergence de vrais mouvements alternatifs, en faisant ouvrir les yeux aux Français de manière définitive sur la proximité entre le PS et un UMP alors débarrassé de Sarkozy.
Pour toutes ses raisons, j’espère bien que Dominique Strauss-Kahn sera le candidat du PS en 2012. Après tout, cela clarifierait les choses et montrerait bien aux Français que le PS et l’UMP ne sont que les deux faces d’une même mondialisation néolibérale…
Texte publié initialement sur le blog de Laurent Pinsolle.
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